Présentant les chiffres de performances record en 2021, les représentants de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS) ne boudent pas leur plaisir ce 15 février lors d’une conférence de presse sur le salon Wine Paris & Vinexpo Paris. Exportant 144,9 millions hectolitres de vin pour 10,5 milliards d’euros en 2021, les opérateurs font plus que rattraper les pertes de marché de la crise covid, ils dépassent les niveaux d’avant pandémie (respectivement +10 % en volume et +28 % en valeur par rapport à 2020, ainsi que +4 et +13 % par rapport à 2019). Soulignant le dynamisme de la filière des vins, et sa « création de valeur ajoutée », César Giron, le président de la FEVS, note que si le monde apprend à vivre avec la pandémie après une année 2020 grandement confinée, ces excellentes performances s’expliquent aussi par l’apaisement des relations transatlantiques concernant les aides à l’aéronautique, avec la levée des taxes dites Trump sur les vins et spiritueux français en mars 2021 (pour cinq ans à la suite d’un accord en juin 2021).
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« Nous avons récupéré nos parts de marché [aux États-Unis]. Les exportateurs ont fait des efforts remarquables [alors que] nous étions victimes règlement de compte où n’avons rien à faire » souligne Philippe Castéja, le PDG de Borie Manoux. Si les performances sont imposantes (+34 % de valeur vers les USA en un an), les exportateurs ont un souvenir cuisant de ce blocage diplomatique : « aucune aide gouvernementale n’a été apportée aux entreprises françaises, alors qu’elles étaient victimes collatérales d’un conflit où elles n’ont rien à voir. Alors que l’aéronautique a été très fortement soutenu pendant cette période » indique César Giron, ajoutant que « si j’avais un souhait à émettre, c’est de profiter de la présidence française de l’Union Européenne pour solutionner une fois pour toute ce conflit vieux de 17 ans dans lesquelles les victimes n’ont rien à voir ».
Soulignant que la filière des vins et spiritueux est le deuxième contributeur négatif à la balance commerciale française avec une balance positive record de 14,2 milliards € (derrière l’aéronautique et devant les parfums/cosmétiques), la FEVS passe d’autres messages au personnel politique en cette année d’élections présidentielles et législatives. Avis aux candidats : « si on veut progresser, il va falloir changer notre état d’esprit et faire confiance aux entreprises françaises qui exportent » indique César Giron, qui s’oppose à toutes mesures protectionnistes sur le marché français, afin d’éviter des mesures de rétorsion sur les marchés export.
Alors que les tensions géopolitiques sont actuellement croissantes (entre les USA et la Russie, entre la Chine et Taïwan…), la FEVS souligne le cas des désaccords entre l’Australie et la Chine, débouchant sur des taxes punitives pour les vins australiens sur le marché chinois. Pour « sortir de l’angle mort » de la politique française, les vins doivent être tenus à l’écart des tensions internationales plaide César Giron : « en ce moment où il y a beaucoup de tensions internationales, presque militaires, je pense qu’il faut rester sagement à équidistance et prôner la réindustrialisation de la France ».
Au-delà des soutiens diplomatiques contre les barrières tarifaires, la FEVS vote pour un cadre réglementaire et fiscal propice au développement de ses entreprise. « Toutes les réductions de coûts dans l’industrie nous permettent d’investir dans l’innovation, dans le marketing à l’export. Si j’avais un souhait à faire, ce serait celui-là » déclare César Giron. La FEVS souhaite également que « sur l’amont, que la transition écologique soit plus douce, moins violente. Puisqu’elle est aujourd’hui prônée, je prends l’exemple du glyphosate. On voit les surfaces de bio monter en France, il faut nous laisser un peu plus de temps pour convertir notre viticulture traditionnelle en une viticulture plus respectueuse de l’environnement » ajoute Antoine Leccia, président du directoire d’Advini.
Si 2022 est une année d’élections, elle sera aussi une année de gestion de la petite production 2021 (sous l’effet d’un gel historique), des tensions sur les matières premières (pénurie et hausses de prix sur le carton, les bouteilles, les caisses bois…) et de difficultés logistiques (augmentation des coûts et délais pour les containeurs). « L’année 2022 va être difficile, mais j’ai confiance dans la résilience de nos entreprises » conclut Antoine Leccia.