Innovations RH dans le service public : et si on s'inspirait d'autres pays ?

Comment le service public peut-il se démarquer pour attirer et fidéliser des candidats ? Cette question est à l'origine de la création de la plate-forme d'emploi Profil Public à l'automne 2018.

Pour la présidente et fondatrice, Sigrid Berger, "développer sa marque employeur va bien au-delà d’un simple enjeu d’image. C’est également une question de transformation de l’organisation interne, d'évolution des pratiques RH et du quotidien des collaborateurs". Afin de donner des idées aux organisations du secteur public français, Profil Public voit loin. L'équipe a ainsi réalisé un "Tour du monde des innovations RH". L’objectif ? Faire découvrir des projets RH ambitieux dans les domaines de la formation et des concours, du recrutement, de la mobilité et des méthodes de travail afin d'améliorer l'expérience candidat et collaborateur.

Dévoilée en avant-première le 10 mai dernier lors d'une conférence web, cette étude sera publiée sur leur site ce vendredi 20 mai. En quelque 70 pages, elle regroupe dix grands projets internationaux, tous présentés sous la forme d'une longue interview du porteur de projet qui en détaille les points essentiels : le défi RH à relever, la conviction de départ, les étapes clés, la plus grande difficulté à surmonter, les enseignements retenus, etc. Les acteurs du changement y trouveront autant d'idées, d'informations et de conseils pour mettre en place de nouvelles pratiques ou dépoussiérer certains processus.

Recruter des talents externes

Parmi ces chantiers figure, par exemple, celui de l’école de formation de la fonction publique espagnole. Dans le cadre du plan de relance suite à la pandémie, celle-ci a mis en œuvre un vaste programme de formations numériques pour les agents, afin d'améliorer l’efficacité de l’administration publique et contribuer à sa transformation. Autre projet intéressant : au Canada, un programme est spécifiquement dédié au recrutement de talents externes à la fonction publique pour perfectionner certaines expertises du gouvernement. Mais avec des méthodes beaucoup moins bureaucratiques et, de fait, plus attractives que les procédures habituelles.

Les agents publics belges disposent quant à eux d'un réseau de mobilité temporaire. Lequel leur permet, via une plate-forme numérique, d'effectuer un détachement pouvant aller jusqu'à douze mois pour aider une autre organisation publique à lancer un projet spécifique ou impulser une dynamique de changement, dans une logique proche de celle du mécénat de compétences. Au Brésil, en Corée, en Grèce, en Estonie, en Finlande aussi, le secteur public innove.

Les concours en question

L'étude reprend par ailleurs le point de vue de la Cour des comptes européenne sur les limites des concours d'accès aux institutions européennes. Un rapport invite en effet à repenser le contenu et la place des concours dans le processus de recrutement qui, bien qu'utiles pour embaucher en masse des administrateurs généralistes, gagneraient à être complétés par des procédures plus rapides et plus flexibles pour les profils spécialisés.

Le document intègre enfin une tribune axée sur la nécessité de reconsidérer dans leur ensemble les concours de la fonction publique afin de renforcer l’attractivité des institutions et de diversifier leurs talents. Elle est signée par Sigrid Berger, Stéphanie Goujon, directrice générale du French Impact (qui fédère les acteurs de l’innovation sociale - pouvoirs publics et secteur privé - pour accélérer les initiatives sociales et environnementales sur le territoire français), Lucila Modebelu, présidente de l’association Fonction publique du 21^e siècle (association des jeunes agents publics), Camille Morvan, docteure en neuroscience et cofondatrice de Goshaba (technologie de préqualification des candidats) et Damien Zaversnik, coprésident de l’association La Cordée (diversité sociale dans les secteurs public et parapublic).

Hélène Truffaut