[go: up one dir, main page]

menu burger
Vitisphere site d'information
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / "10 jours pour 65 ha", la fertirrigation des vignes n'est pas une sinécure
"10 jours pour 65 ha", la fertirrigation des vignes n'est pas une sinécure
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Témoignages
"10 jours pour 65 ha", la fertirrigation des vignes n'est pas une sinécure

Alors qu’elle donne d’excellents résultats, la fertirrigation reste compliquée à mettre en œuvre car il faut préparer la solution fertilisante à chaque tour d’arrosage comme en témoignent ceux qui la pratiquent.
Par Chantal Sarrazin Le 14 mai 2024
article payant Article réservé aux abonnés
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
L'installation de Michel Vigroux avec le silo de stockage de l'engrais. - crédit photo : Gaec Jolimont
L

e Gaec Jolimont, à Villeveyrac (34), fait partie des pionniers de la fertirrigation. Michel Vigroux, co-exploitant aujourd’hui à la retraite, l’a mise en place il y a 20 ans. Tout le vignoble est conduit de cette manière, soit 65 ha en IGP pays d’Oc et en AOC Languedoc. « Nous nous sommes équipés du goutte-à-goutte dans les années 2000 et dans la foulée nous sommes passés à la fertirrigation », explique-t-il. Résultat, le vignoble produit 85 à 90 hl/ha en moyenne chaque année, un niveau qu’il juge satisfaisant vu la nature du sol.

« Nous apportons l’azote uniquement par fertirrigation, enchaîne Michel Vigroux. C’est plus efficient que les apports au sol. Quand il pleut, l’azote apporté au sol est lessivé. Quand il fait sec, il n’est pas bien absorbé par les plantes. Et avec la fertirrigation, nous le localisons au pied des souches. »

Après avoir testé les apports fractionnés, Michel Vigroux a tranché : il n’en fait plus qu’un après la floraison. « Du débourrement à la floraison, la vigne subvient à ses besoins en puisant dans ses réserves. A la nouaison et véraison, c’est là que le besoin se fait plus sentir », justifie-t-il. Côté quantité, il apporte 100 kg/ha d’urée, soit 46 unités d’azote.

"Pas une mince affaire"

Au début, Michel Vigroux apportait aussi de la potasse par fertirrigation. Aujourd’hui, il l’épand au sol en mars, avant le premier labour, à raison de 90 U. « C’est beaucoup plus rapide », explique-t-il. Car la fertirrigation n’est pas une mince affaire. Le Gaec Jolimont bénéficie de deux bornes d’irrigation, chacune équipée d’un tank 220 litres pour la solution fertilisante que l’exploitation fabrique elle-même en déversant l’urée dans les tanks où elle se dissous. Un cycle de fertirrigation dure 24 heures et permet de fertirriguer 3 ha au maximum. Il faut donc une vingtaine de cycles, soit au moins dix jours pour fertirriguer toute l’exploitation sachant qu'il a deux bornes d'irrigation.

Jordan Calmet, vigneron coopérateur à Fanjeaux (11) a lui aussi recours à la fertirrigation, mais en complément de la fertilisation au sol et sur près de la moitié de ses 55 hectares de vigne. Les apports au sol ont lieu avant la floraison : 5 U de phosphore , 30 U de potasse et 18 à 20 U d’azote. La fertirrigation démarre en fin de floraison où la nouaison. Jordan Calmet apporte 25 à 30 U de potasse, 20 U d’azote en même temps et 10 U de phosphore séparément car il se dissout difficilement dans l’eau.

Des sorties de grappes plus régulières

« Suivant les années, je réalise 1 à 3 apports par fertirrigation, précise Jordan Calmet. Le premier en fin de floraison, les suivants la nouaison et après les vendanges si les analyses foliaires montrent des déficits. Par ailleurs, s’il pleut, je me limite à un apport avec une plus forte dose d’engrais. »

D’après ses observations, ses parcelles fertirriguées présentent des sorties de grappes plus régulières d’une année sur l’autre que celles fertilisées au sol. « Nos terrains argilo-calcaires sont carencés en potasse que les plantes assimilent mieux par fertirrigation que par irrigation », expose-t-il. Sur ses 55 ha, Jordan Calmet cultive 20 ha de vignes mères de greffons. Sur ces parcelles, il constate que le calibre des bois est plus régulier avec la fertirrigation.

Une technique chronophage

Seul bémol, la technique est chronophage. « Un cycle dure de 2 à 5 heures, sans compter le temps de rinçage à l’eau de tout le réseau, et me permet d’irriguer 2 à 3 ha, détaille-t-il. A chaque fois, il faut préparer un tank de solution fertilisante. Et comme mon parcellaire est très morcelé, j’ai plusieurs bornes où je dois amener ce tank. »

Malgré cela, il a décidé de basculer cette année 10 ha en fertirrigation uniquement. « Ces parcelles sont riches en matière organique. Je pense que la fertirrigation y donnera ses meilleurs résultats », indique Jordan Calmet.

A Canet-d’Aude (11), Cyril Garcia cultive 45 ha de vigne en IGP Pays d’Oc mais n’en irrigue que 8 qu’il fertilise uniquement par fertirrigation car « on réalise deux opérations en une et on cible les apports aux pieds des vignes. » Il apporte de l’azote, du phosphore et du potassium à quatre reprises : avant la fleur, à la nouaison, à la fermeture de la grappe et après la véraison. Aux deux premiers stades, il amène 25 U d’azote, 10 de phosphore et 10 de potasse. Aux stades suivants, il passe à 10 U d’azote, 5 de phosphore et 30 de potasse. « Avec la fertirrigation, on sécurise le rendement d’une année sur l’autre », assure Cyril Garcia qui se réjouit de pouvoir traiter ainsi 16 ha de vignes supplémentaires dès l’an prochain grâce à l’extension de son réseau d’irrigation.

 

Des résultats dépendants de la pluviométrie

Dans le cadre du projet Ofivo coordonné par l’IFV, des vignerons d’Occitanie et du Gers ont testé la fertirrigation, entre 2020 et 2022. « Nous avons comparé deux modalités : fertirrigation seule et des apports mixtes au sol et par fertirrigation, explique Thierry Dufourq, ingénieur de recherche à l’IFV. Dans la première modalité, nous avons réalisé trois apports d’azote, de phosphate et de potasse entre la nouaison et la véraison. Dans le seconde, nous avons fait des apports au sol au printemps et fertirrigué à la véraison. En 2020, année de faible précipitation, nous avons obtenu le même rendement avec la fertirrigation qu’avec la modalité mixte mais avec 30 % d’azote et de potasse en moins. En 2021, année pluvieuse, la modalité mixte a mieux fonctionné. » Comme quoi, il n’y a pas de solution miracle !

Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (0)
* champs obligatoires

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - Alternance/Apprentissage Château La Tour de By
Maine-et-Loire - CDI Charles Sydney Wines Ltd
Yvelines - CDI barraud
Var - CDD SARL CABINET D AGRONOMIE PROVENCALE
La lettre Viticulture
Chaque lundi, recevez gratuitement les dernières actualités viticoles.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail abos@gfa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2024 -- Tout droit réservé