es vignerons nantais, comme leurs voisins de l’ensemble du Val de Loire ont poussé un ouf de soulagement après les épisodes de froid autour du 20 avril: “ça a frisoté par endroits, mais on n’a pas eu de dégâts”, indique Florent Banctel, conseiller viticole à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
Pour autant, la météo capricieuse de ce printemps qui ne parvient à se réchauffer, a perturbé la croissance normale des vignes. “On est confronté à une présence importante de filage, en particulier sur le melon de Bourgogne, le cépage du Muscadet qu’on observe depuis la mi-avril”. Explications du technicien : “Avec ces températures basses, la vigne a végété pendant un mois. Pour continuer à pousser, elle a fait des choix et a sacrifié des grappes”. Et, malgré un week-end de l’Ascension plutôt ensoleillé, les températures ont rechuté derrière. “Aujourd’hui, j’ai du mal à quantifier le phénomène, mais je n’ai jamais vu ça de ma vie. C’est assez inquiétant sur le potentiel de production final”, estime Florent Banctel.
Entre deux traitements, Eric Vincent du Domaine de la Foliette (La Haye Fouassière) nous confirme le phénomène. “J’en ai vu sur melon, mais aussi sur chardonnay”. Il se souvient d’un épisode identique il y a une dizaine d’années. “On aura des pertes importantes, mais je ne sais pas les évaluer actuellement. Il faudrait faire des comptages, mais je suis surtout occupé à mes traitements”, indique le producteur qui gère 40 ha, avec une partie en bio, et l’autre, en Terra Vitis.
Au 21 mai, Éric Vincent ne constatait pas de soucis avec le mildiou, mais avec une vigilance de tous les instants. “J’en suis à trois passages en Terra Vitis et quatre en bio”. Sur les vignes en AB, il est parti de 70 grammes de cuivre sur les deux premiers passages, pour parvenir à 300 sur les troisième et quatrième passages. A chaque fois, il ajoute aussi du soufre en prévention contre l’oïdium. “Pour l’instant, ça tient, mais il ne faut pas lâcher, et jongler aussi avec l’herbe. On a réussi à conserver la portance pour le tracteur. On a tondu l’herbe dans l’interrang et décavaillonné. On espère pourvoir attaquer avec les disques prochainement”.
Sur l’ensemble du vignoble nantais, le conseiller de la chambre d’agriculture estime lui aussi que “les choses sont aujourd’hui contenues en termes de pression maladies. On a vu quelques tâches de mildiou et de black rot, à la fois sur des témoins et sur des parcelles traitées”. Jusqu’à présent, il a préconisé “des traitements réguliers, bien positionnés, mais avec une modulation de dose”.
Enfin, sur la gestion de l’herbe, Florent Banctel invite les vignerons à tondre pour que la repousse absorbe les excès d’eau, avant de pouvoir travailler les sols.