irectrice du Centre de Sélection de l'Institut français de la vigne et du vin (IFV), Anastasia Rocque a rédigé une fiche de conseils à destination des viticulteurs touchés par le gel. Voici les principaux.
« Jusqu'à 40% de dégâts, la vigne va compenser la perte de récolte par les autres rameaux indemnes. Si les conditions climatiques à la floraison sont optimales, la vendange sera normale » rassure d'abord Anastasia Rocque. Entre 40 et 60%, La vendange sera partielle et il faudra veiller à assurer le bois de taille pour l'hiver. Au-delà de 60%, il n'y aura pas ou très peu de récolte. L'objectif principal est de faire du bois de taille pour l'hiver suivant et préserver l'architecture du cep.
Anastasia Rocque explique qu'il est inutile d'enlever les rameaux gelés qui se dessècheront naturellement. Selon elle, l'apport de fertilisants ou de biostimulants pour favoriser la reprise de la pousse n'a pas d'efficacité après un épisode gélif. La vigne va enclencher seule des processus de cicatrisation et la reprise de végétation.
La réalisation d'un ébourgeonnage est essentielle après des dégâts de gel importants pour éviter des chantiers de taille longs et fastidieux l'hiver suivant. « La taille de vignes gelées et non ébourgeonnées nécessite 30 à 40 % de temps supplémentaire ». L'ébourgeonnage favorise également l'aération du feuillage et améliore l'induction florale pour l'année suivante. Il permet enfin de choisir les bois pour reconstruire le cep et ainsi préserver son architecture.
L'opération doit être réfléchie en fonction des dégâts. Jusqu'à 40%, l'ébourgeonnage doit être réalisé de manière classique. Au-delà, Il doit être raisonné selon trois critères : éliminer les pampres pour privilégier les repousses de bourgeons sur la tête, conserver un rameau dans le flux de sève sur la tête de la souche pour former un courson, et conserver au moins un rameau sur du bois d'un an pour avoir une branche qui porte des fruits.
« Pour les parcelles gelées jusqu'à 60 %, la protection phytosanitaire doit s'envisager normalement en fonction des stades phénologiques du feuillage restant » indique Anastasia Rocque. Sur les parcelles les plus touchées, il est nécessaire d'attendre que la végétation redémarre. La protection devra débuter au stade 7-8 feuilles étalées, afin de préserver les bois.
Lorsqu’une plantation a subi des dégâts de gel, l’ébourgeonnage doit être minutieux afin de conserver le rameau le plus bas et ainsi préserver l’établissement du tronc lors la taille suivante. Repousser d’un an la mise à fruit est également recommandé et envisageable pour limiter l’impact d’un second débourrement sur des jeunes plants ayant peu de réserves. Un apport d’engrais en foliaire durant la saison est possible pour aider au développement optimal des plants.