nviron 80% de la superficie viticole de l’Union Européenne est consacrée à la production de vins de qualité. C’est dire l’importance des AOP et IGP à la vitiviniculture européenne. Et pourtant, ces dernières années, les tentatives visant à effacer les spécificités de ce secteur non-délocalisable se sont multipliées. C’est la raison pour laquelle, à deux mois des élections européennes, l’EFOW a souhaité rappeler aux différents candidats quelles doivent être les priorités pour la législature 2024-2029.
Parmi les six priorités, le maintien de la spécificité vitivinicole, pour éviter que « le vin ne devienne pas un simple produit agroalimentaire », implique une enveloppe budgétaire viticole dédiée et un programme d’aides spécifiques au secteur, estiment les membres d’EFOW. La Fédération affirme par ailleurs que les outils de régulation viticoles, instruments de crise et systèmes assurantiels doivent être renforcés et améliorés, que l’application des règles doit se faire avec de la flexibilité, et que la simplification administrative – à travers un système unique d’information harmonisé – doit être de mise. Pour tenir compte des défis auxquels doit faire face la filière, l’EFOW réclame la mise en place par la Commission d’un Groupe de Haut Niveau, « pour définir les orientations à privilégier pour garantir un avenir positif à la viticulture européenne dans le cadre de la future PAC ».
Garante de produits « authentiques et durables », la politique de qualité européenne implique la transition durable, dans laquelle les « appellations viticoles sont pleinement engagées ». A ce titre, la fédération évoque sa participation à une étude sur la contribution des IG au développement durable dans le cadre du projet de recherche du programme européen HORIZON EUROPE. Et de rappeler que le nouveau règlement sur les IG est le premier texte européen qui intègre une définition de la durabilité. Outre des mesures adaptées à la plante pérenne qu’est la vigne, l’EFOW demande « une désescalade et une dépolarisation des débats sur la santé », ainsi que le soutien des instances européennes dans sa lutte contre la consommation excessive d’alcool, notamment à travers des programmes pédagogiques et non par des messages sanitaires, dont elle estime l’efficacité en termes de prévention « sujette à caution ».
Le développement des marchés extérieurs étant indispensable dans un contexte de baisse de la consommation européenne de vin (-11 Mhl entre 2013/14 et 2023/24), les vins d’origine rappellent leur contribution de 11 milliards € en 2023 à la balance commerciale de l’UE, et demandent à ce que les négociations commerciales avec des partenaires clés comme l’Inde soient poursuivies, tout en finalisant les procédures de ratification d’accords négociés avec le Mercosur et le Mexique. Sollicitant une approche proactive avec les partenaires commerciaux pour prévenir les conflits, ils insistent sur la nécessité d’éviter que le vin soit pris en otage dans des différends qui ne le concernent pas. Enfin, appelant de ses vœux la présence d’alliés institutionnels forts à ses côtés, l’EFOW propose de renforcer le rôle du Commissaire à l’Agriculture en lui donnant un poste de vice-président dans la future Commission, et de reconduire l’Intergroupe Vin, « un forum d’échanges essentiel pour notre secteur ». Pour Maxime Toubart, vice-président et trésorier de la Fédération, les IG « doivent être mieux étudiées et valorisées par les décideurs politiques ». A bon entendeur.