Un quart du vignoble de l’appellation Chinon a été touché par la crue de la Vienne, dans toute la plaine de Panzoult et aussi dans le Véron. Mais l’eau est repartie aussi vite qu’elle avait monté ». Président de l’ODG Chinon, Jean-Martin Dutour a vu une partie de ses vignes submergées par deux mètres d’eau durant le week-end de Pâques. « Il n’y a presque plus d’eau dans les rangs », constatait-il le 4 avril. A Chinon le 1er avril, la Vienne est montée à 5,40 m. « A Nouâtre, plus au sud, la cote a été plus forte, plus de 8 m. L’eau est montée dans mes vignes à la hauteur des piquets. Mais nous avons des terrains drainants, il ne reste que quelques centimètres d’eau par endroits, indiquait le 4 avril Charles Pain, vigneron à Panzoult. Aujourd’hui nous sommes allés réparer des piquets en quad, c’est plus léger qu’un tracteur. Nous allons passer un peu de temps à nettoyer les vignes des branchages et des déchets charriés par la crue ».
Si des habitants ont été évacués à Chinon et à l’Ile-Bouchard, une commune proche, il n’y a pas eu d’évacuations ailleurs dans le Chinonais. Charles Pain n’a pas eu de dégâts sur sa maison et les locaux de son domaine. « Ici, on est habitué aux crues de la Vienne. Les anciens avaient inscrit sur les maisons la cote de la crue centenale de la fin du 19e siècle. Nous nous sommes basés sur cette hauteur lorsque nous avons fait construire nos locaux ».
« Dans le Chinonais, les maisons, chais, fermes sont bâtis de telle sorte qu’ils peuvent subir une crue de plus de 6 m », confirme Jean-Martin Dutour. Le président de l’ODG ne signale pas non plus de dégâts majeurs sur les installations de lutte anti-gel. « Il a fallu faire fissa pour enlever les moteurs des pompes d’aspersion, les moteurs des éoliennes et les tours mobiles, dès l’alerte de la préfecture lancée vendredi, explique Charles Pain. Cette alerte faisait un peu peur, mais les autorités ont bien fait. » Au final, la crue de la Vienne à Chinon, annoncée samedi à 6,13 m, a été moins forte que prévu.
Les vignerons et vigneronnes chinonais ont désormais en tête la menace du mildiou, qui a fait bien des dégâts en 2023. « Les bourgeons des vignes viennent de démarrer. Il va falloir penser au premier traitement dès la semaine prochaine », souligne Charles Pain. Les parcelles sont actuellement détrempées. « Mais les prévisions météo annoncent de la chaleur et du vent, ça va sécher », poursuit le vigneron. « Les œufs de mildiou arrivent à maturité en laboratoire, pas sur le terrain. Il faut préparer le pulvérisateur pour une première intervention plus précoce qu’habituellement », a prévenu l’équipe viticole de la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, dans son bulletin du 4 avril. « Des bourgeons en haut de baguettes sont déjà à deux feuilles étalées, constate Jean-Martin Dutour. Il ne faudra pas rater le premier traitement contre le mildiou, qui est décisif pour la future récolte. »
Des inondations ont aussi touché récemment des communes viticoles du Loir-et-Cher, en raison des crues du Cher et du Beuvron (Monthou-sur-Cher, Cellettes, Seigy, Mareuil... ), mais ces crues sont moins impressionnantes que dans le Chinonais, n'entrainant pas d'évacuations d'habitants.
Les vignes sous l'eau de Chinon. Photo : domaine Charles Pain.