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Pourquoi la taille rase favorise-t-elle le black-rot dans les vignes ?
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Protection du vignoble
Pourquoi la taille rase favorise-t-elle le black-rot dans les vignes ?

Les vignes en taille rase sont plus sujettes au black-rot que celles en taille manuelle parce que les baies momifiées y restent accrochées. Au point que des vignerons sont contraints à des mesures radicales pour enrayer la montée de cette maladie.
Par Pauline Orban Le 02 janvier 2024
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Pourquoi la taille rase favorise-t-elle le black-rot dans les vignes ?
Pascal Pelissou, vigneron dans le Tarn à Brens a en 2021 perdu 10 % de la récolte dans ses parcelles en taille rase - crédit photo : DR
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laire Clavel, la propriétaire du domaine Clavel à Saint-Gervais, dans le Gard l’a appris à ses dépens. « Le black-rot est une maladie à fort historique. Quand il y en a sur grappes au mois de juillet-août, on est sûr d’en retrouver l’année suivante. »

Claire et son père Denis Clavel pratiquent la taille mécanique sur les 108 hectares de leur domaine depuis 2010, et désormais ils le savent, avec ce mode de taille, il faut redoubler de vigilance. « En 2015, on a perdu 20 % de la récolte à cause du black-rot. L’été précédent, un orage de grêle a ravagé les vignes. En hiver, lors de la taille on n’a pas su si les baies grises qui étaient restées accrochées aux rafles étaient momifiées par le black-rot ou atteintes de pourriture grise. On a négligé de les éliminer lors de la repasse manuelle. On n’aurait pas dû », regrette la propriétaire du domaine Clavel.

Eliminer et brûler toutes les baies momifiées

Depuis la vigneronne surveille de près ses vignes plantées au bord de la Cèze et ses 5 hectares de merlot, très sensibles au pathogène. « On applique un IBS dès le stade 2-3 feuilles étalées pour être certains de limiter les contaminations de black-rot. Et sur les merlots, si on a eu des contaminations l’été précédent, on repasse après la taille mécanique pour éliminer et brûler toutes les baies momifiées restées sur pied. Grâce à cela, on n’a eu aucune attaque malgré un printemps et un été très pluvieux », se félicite-t-elle.

Germain Roc, un vigneron-coopérateur installé sur 75 hectares du côté de Gaillac, dont 40 ha en bio dans le Tarn n’est pas tiré d’affaire. « Du black-rot j’en ai tous les ans sur mes 4 hectares de vignes en taille rase. Pour le moment, les pertes de récoltes sont minimes au regard des rendements autorisés, mais ça demande des traitements coûteux. »

Le vigneron applique 8 à 10 kg/ha de soufre mouillable dès fin avril sur ses parcelles de merlot et de gamay en taille rase. « On renouvelle la protection tous les 5-6 jours en fonction de la rosée matinale. Au total, on fait 12 applications de soufre entre fin avril et mi-juillet. Et pour être sûre de couvrir un maximum de cette végétation buissonnante, on mouille à 150 L/ha et on roule à 4 km/h avec le pulvérisateur au lieu de 6. Mais ce n’est efficace, que si les souches ont été préalablement nettoyées à la taille pour éliminer les baies momifiées. »

Vers une taille hybride ?

Germain Roc est catégorique. « Abandonner la taille rase n’est pas envisageable, pour des raisons économiques : la taille rase coûte 350 €/ha quand la taille manuelle coût 1 200 €/ha, relevage inclus» Alors le vigneron a décidé de faire un choix : repasser 20 des 40 hectares en bio conventionnel, dont les 4 hectares en taille rase, et ainsi pouvoir modifier sa stratégie anti-black-rot. Il prévoit d’ores et déjà « d’appliquer 10 kg/ha de soufre mouillable dès fin avril, puis de basculer sur un IBS, et de le renouveler deux fois si besoin, en fonction de la pression climatique et fongique ».

Pascal Pelissou, cultive 40 hectares de vigne en conventionnel à Brens dans le Tarn dont la moitié moitié taillée en guyot simple et l’autre moitié en taille mécanique. « Au niveau de la pression black-rot, ce n’est pas comparable, affirme-t-il. En 2021, sur les parcelles en taille rase, j’ai perdu 10 % de la récolte. Et même en 2022, où il a fait très sec, j’ai eu quelques contaminations par-ci par-là sur les duras et les sauvignons, deux cépages très sensibles. »

Pour maîtriser au mieux la maladie, Pascal Pelissou applique dès fin avril, avant l’éclosion des premières feuilles, un IBS associé à du soufre, puis enchaîne avec un QoI à 2-3 feuilles étalées, du métirame et à nouveau un IBS au stade floraison ou nouaison selon la pression fongique. L’arrêt du métirame et la présence régulière de black-rot l’amènent à remettre en cause ses pratiques culturales.

« Cette année, je vais faire un essai de taille hybride, entre mécanique et manuelle, sur 2 rangs de sauvignon blanc, explique-t-il. Je vais d’abord passer la prétailleuse puis retailler à la main pour faire un genre de cordon, avec des cots longs. L’idée est d’atténuer l’effet buisson propre à la taille rase, tout en conservant l’avantage de la suppression des fils releveurs. »

Un mode de taille que le vigneron estime à 30 €/ha : « C’est deux fois plus que la taille rase, mais ça reste deux fois moins qu’une taille guyot simple» Avec cet essai, le vigneron espère réduire la pression de black-rot sur ses sauvignons malgré une pharmacopée qui s’amenuise.

 

L’importance de la prophylaxie

Pour Isabelle Gavalda, conseillère à la coopérative de Gaillac, la lutte contre cette maladie dans les vignes conduites en taille rase s’articule autour de deux axes : le nettoyage des souches l’hiver et la qualité de la pulvérisation l’été. Isabelle Gavalda encourage vivement les vignerons de sa région à ne pas simplement couper les baies momifiées, mais à les ramasser et à les brûler. « En 20 ans, je n’ai vu qu’une seule fois un vigneron brûler les momies, et c’était sur 30 ares, raconte-t-elle. Lors de la repasse manuelle, les vignerons font tomber les inocula au sol et avec les premières pluies, ils remontent sur les souches par un effet de splashing exacerbé par le travail du sol. » Isabelle Gavalda rappelle également qu’après une taille rase, la vigne ressemble davantage à un buisson, et qu’il est important d’orienter les buses du pulvérisateur à 45 degrés vers l’avant ou l’arrière, de façon à faire rentrer le brouillard de pulvérisation dans la souche et de couvrir tout le feuillage.

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