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Ces entrepreneurs qui ont fait le choix de collaborer à 100 % avec des handicapés

Dans ces trois entreprises, le handicap des collaborateurs est la norme. A leur tête se tiennent des entrepreneurs intimement motivés par l'envie de faire bouger les lignes.

La crêperie béthunoise Le Petit Plus, lancée en 2022 par Francky Cagniart (lui-même atteint de surdité), fonctionne avec des salariés en situation de handicap.
La crêperie béthunoise Le Petit Plus, lancée en 2022 par Francky Cagniart (lui-même atteint de surdité), fonctionne avec des salariés en situation de handicap. (DR)

Par Henri de Lestapis

Publié le 21 nov. 2023 à 07:00Mis à jour le 21 nov. 2023 à 09:12

Une histoire personnelle liée au sujet du handicap, et un désir profond de faire progresser vers l'autonomie ceux qui en sont touchés. Voici les deux points communs que l'on retrouve habituellement chez les dirigeants qui ont choisi de créer des entreprises employant près de 100 % de travailleurs handicapés . Francky Cagniart est de ceux-ci. Lui-même atteint à 40 % d'une surdité qui lui a donné dès sa scolarité le sentiment de « se sentir à part », il dirige depuis 2022 la crêperie béthunoise Le Petit Plus.

Ses salariés, dont il parle avec une sincère familiarité, sont : déficient intellectuel pour le premier, trisomique pour le second, dyslexique et dyspraxique pour le troisième. « J'ai aussi embauché un réfugié guinéen, mais sans handicap. Lui, c'était parce qu'il avait un CAP de cuisine ! » ajoute, jovialement, Francky Cagniart. Animé d'un optimisme forcené, ce chef d'entreprise ne regrette pas d'avoir placé les billes qu'il a récoltées de son licenciement par Bridgestone dans ce restaurant qui fait régulièrement table pleine.

Confiance en soi et adaptabilité

« Nous avons récemment acheté un food-truck avec lequel nous allons à des événements sur demande, précise-t-il. L'équipe est motivée, et, depuis le début, j'ai constaté des progrès d'autonomie significatifs chez chacun d'entre eux. Bien sûr, il faut parfois contrôler certains points d'inattention, mais l'ambiance est excellente, et je suis persuadé que j'aurais davantage d'ennuis avec des salariés à 100 % valides. »

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Le constat est à peu près le même chez Avencod. Implantée à Nice et à Marseille, cette entreprise de services numériques a été créée en 2016 par Laurent Delannoy, qui a grandi aux côtés d'un frère et d'une soeur en situation de handicap. Ses 26 collaborateurs sont majoritairement autistes, diplômés de bac+2 à bac+5 en codage informatique. Ils peinaient pourtant à décrocher un premier emploi .

Pour eux, Avencod fait office de sas d'insertion. « La diversité des autistes est infinie, mais ils ont en commun un sens de la rigueur, du détail, et d'excellentes capacités d'analyse. Ils sont très adaptés aux métiers du numérique , constate Laurent Delannoy, notre objectif est de garder ces collaborateurs le temps qu'ils prennent confiance en eux et s'adaptent au monde du travail. » L'entrepreneur se félicite ainsi que Shanna et Nadjib, après avoir mené diverses missions pour Airbus Helicopters, y ont été embauchés en CDI.

Difficultés à recruter dans les secteurs en tension

« Peggy, qui est restée quatre ans chez nous, a été débauchée grâce à LinkedIn par une entreprise d'informatique monégasque, cite encore le dirigeant. Ici, nous les mettons d'abord dans des conditions qui les protègent, en tenant compte de leur psychologie. Cela peut passer par l'installation d'une lumière particulière, par la dotation de casques antibruit, etc. Puis, ils s'habituent à travailler avec des clients en direct, acceptent le changement et enfin, se débrouillent seuls », résume-t-il.

Avencod travaille essentiellement avec des grandes entreprises , mais vise désormais le marché des PME et des ETI. Laurent Delannoy ambitionne d'ouvrir deux autres antennes à Marseille et Aix-en-Provence. « Notre premier combat est la lutte contre les idées préconçues », confie-t-il.

Des idées auxquelles s'est aussi attaqué Arthur Devillers en créant en 2020 la chaîne de fast-food Furahaa (qui signifie « la joie » en Swahili), tenue par des personnes atteintes de surdité, comme lui. « Nous avons élaboré une série de supports visuels qui facilitent la communication entre les clients et les salariés des restaurants, explique le créateur, qui souhaite franchiser le concept, en réalité, la communication non verbale se passe très bien avec la très grande majorité des clients. »

Arthur Devillers, le fondateur de de la chaîne de fast-food Furahaa, a fait le choix d'embaucher des personnes atteintes de surdité comme lui.

Arthur Devillers, le fondateur de de la chaîne de fast-food Furahaa, a fait le choix d'embaucher des personnes atteintes de surdité comme lui.Furahaa

Implantée à Lyon, Nancy, Paris et Riyad, l'entreprise peine parfois à trouver des collaborateurs dans ce secteur de la restauration où les métiers sont en tension. « C'est le double challenge, puisque nous recherchons en plus des personnes sourdes. Pour cela, nous passons par des associations ou… par le bouche-à-oreille, plaisante Arthur Devillers, la difficulté reste parfois de faire comprendre à certains, trop bercés jusqu'alors par l'assistanat, qu'ils sont dans le monde du travail réel, ajoute-t-il, sans concession, mais ceux qui font le choix de se lancer sont motivés, et ne présentent pas de difficultés particulières. »

Henri de Lestapis

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