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Décryptage

5 choses que vous ne savez pas sur Universal Music

Fleuron de Vivendi, UMG envisage sereinement son entrée à la bourse d'Amsterdam d'ici la fin de 2021. L'occasion pour les Echos Week-End de lui consacrer sa couverture ainsi qu'une interview, aussi rare qu'exclusive, de son PDG basé à Santa Monica, Sir Lucian Grainge.

Le siège d'Universal Music Group (UMG) à Santa Monica, en Californie.
Le siège d'Universal Music Group (UMG) à Santa Monica, en Californie. (©VALERIE MACON / AFP)

Par Isabelle Lesniak

Publié le 7 avr. 2021 à 11:02Mis à jour le 9 avr. 2021 à 17:27

UMG est devenu le fleuron du groupe Vivendi

Longtemps considéré comme un fardeau au sein du groupe français Vivendi, qui l'avait racheté au Canadien Seagram en juin 2000, UMG s'est, ces dernières années, transformé en joyau, comme l'ont confirmé les résultats 2020. A 7,4 milliards d'euros, le chiffre d'affaires de la filiale musique contribue largement à celui du groupe (16 milliards d'euros). La croissance de Vivendi (+1,2%) résulte même aujourd'hui principalement de la progression d'Universal Music Group (+4, 7%), du Groupe Canal+ et d'Editis, alors que des activités comme Havas Group et Vivendi Village ont ralenti avec la crise sanitaire.

Le résultat opérationnel ajusté (1,63 milliard d'euros +6,6%) est aussi soutenu par la progression du résultat opérationnel d'UMG (+20,1%) et de Canal+ (+5,2%). Vivendi est si dépendant d'UMG que certains analystes s'inquiètent du démantèlement du groupe . Fin février, S&P Global Ratings a ainsi placé la note de crédit Vivendi sous surveillance négative en soulignant « que le profil de risque sera probablement affaibli par la scission, le groupe devenant dépendant d'entreprises de média moins dominantes, avec des profils de croissance, de rentabilité et de génération de trésorerie structurellement plus faibles que ceux d'UMG ».

La cotation à Amsterdam est un retour aux sources pour UMG

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Les grands actionnaires institutionnels réclamaient depuis plusieurs années la scission ou la distribution d'UMG pour diminuer la décote de conglomérat de Vivendi. Avant d'accéder à cette demande, la direction voulait valoriser la première major mondiale à sa juste valeur. Elle s'était fixé un plancher de 30 milliards d'euros. L'entrée du consortium mené par le Chinois Tencent à hauteur de 20 % du capital, réalisée en deux temps entre mars 2020 et janvier 2021, a légitimé ces prétentions.

Interrogé sur le calendrier idéal pour une entrée en bourse en 2017, Vincent Bolloré recourait à l'image d'un « soufflé au fromage, qu'il faut sortir au bon moment ». UMG doit aujourd'hui être retirée du four avant de risquer de retomber. Une assemblée générale extraordinaire a, le 29 mars, validé une modification des statuts ouvrant la voie à une manoeuvre en deux temps : distribution de 60% du capital aux actionnaires puis cotation sur Euronext d'ici la fin de l'année. Un retour aux sources puisque le glorieux ancêtre d'UMG, PolyGram, fut, du temps du néerlandais Philips, déjà coté aux Pays-Bas.

UMG est dirigée par un patron punk

Né en 1960 dans le nord de Londres, Lucian Grainge a succédé au légendaire Doug Morris comme PDG d'UMG en janvier 2011. Passionné de musique depuis sa tendre enfance et grandi dans une famille entièrement dédiée à cet art (un papa vendeur de disques, un grand frère fondateur du label Ensign Records qui lança Sinead O'Connor, un fils à la tête du label indépendant 10K Projects), l'homme le plus puissant de l'industrie musicale jouit d'une belle réputation dans le milieu. Son background et sa gestion de la major durant la crise des années 2000 parlent pour lui.

Il démarra sa carrière à la fin des années 1970 dans l'édition musicale et entra chez UMG en 1986 pour lancer la filiale publishing de PolyGram en Grande-Bretagne. Ses débuts ont coïncidé avec la vague punk à Londres. Spectateur assidu des concerts mythiques de l'époque (les Sex Pistols au 100 Club, les Clash au Hammersmith Palais, les Ramones au Roundhouse, etc…), le patron qui a pour devise « punk un jour, punk toujours » dit s'inspirer de la créativité et l'énergie de ce mouvement. Sir Lucian a son étoile sur le Hollywood Boulevard et a été fait chevalier par le prince William en 2016.

Le catalogue est le produit d'une longue histoire de rachats de labels

Quantitativement comme qualitativement, UMG dispose d'un catalogue inégalé. C'est notamment le produit des acquisitions et des accords de distribution de deux magnifiques ancêtres. Du côté américain, MCA avait multiplié les emplettes de luxe entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1990 (ABC Records, Chess Records, Geffen Records, etc…) mettant la main sur un catalogue exceptionnel dans des genres variés, de la disco (Donna Summer) au rap (Eminem, Dr Dre).

Du côté européen, PolyGram avait profité de sa position dans le disco (la Fièvre du samedi soir, Grease) pour s'offrir au prix fort une ribambelle de labels mythiques : A&M (Sting, Supertramp, The Police), Island Records (U2, Bob Marley), Motown (les premiers Michael Jackson, Stevie Wonder, Lionel Ritchie, Diana Ross et les Suprêmes, Marcin Gaye), Def Jam (Beastie Boys, Public Enemy) ou encore le Suédois Polar Music (ABBA). Les rachats se sont poursuivis sous Vivendi.

En 2006, UMG s'est offert avec BMG un catalogue allant de Gilbert Bécaud à Britney Spears. En 2012, UMG a acquis la partie recording (production de disques) d'EMI, avec le label Capitol (Katy Perry, The Beach Boys) et des artistes mythiques (Beatles, Robbie Williams). Un patrimoine qu'UMG peut aujourd'hui valoriser dans ses relations avec les plateformes de streaming.

UMG détient des parts lucratives dans Spotify

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« La propriété des contenus étant aujourd'hui moins valorisée que la relation au consommateur », selon la très juste expression de Thomas Singlehurst, analyste chez Citigroup, le poids en bourse Spotify (60 milliards de dollars) dépasse largement celui que peut espérer atteindre UMG après sa cotation à Amsterdam. La disproportion peut paraître vexante, mais UMG a un intérêt direct à la bonne tenue du titre Spotify, dont il détient quelque 3,5% du capital selon diverses sources.

En effet, lors des accords signés avec les plateformes de streaming au milieu des années 2000, les majors ont obtenu quelques % de Spotify: 6% pour Sony, 5% pour UMG, 4% pour Warner etc…En reprenant EMI, Universal a aussi récupéré les 2% de ce dernier dans le leader du streaming. Sa participation s'est, depuis, diluée mais, contrairement à ses concurrents, UMG n'a jamais revendu ses parts initiales, qui font aujourd'hui l'objet de bien des convoitises. Avant de signer avec UMG , Taylor Swift a posé comme condition que l'argent soit reversé aux artistes en cas de plus- value liée à la cession de ce petit pactole…

Isabelle Lesniak

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