Ukraine : pour Manuel Bompard, « la voie militaire est une impasse »
Invité du Grand Rendez-vous Europe 1 - CNews - « Les Echos », le coordinateur de La France insoumise agite le risque d'une « escalade vers la guerre généralisée » et appelle à aller sur la voie de la négociation.
Par Laurent Thévenin
Au terme d'une semaine marquée par un débat tendu à l'Assemblée nationale sur l'accord de sécurité entre Paris et Kiev , Manuel Bompard a de nouveau fustigé les déclarations répétées d'Emmanuel Macron sur la possibilité d'envoyer des troupes occidentales en Ukraine. « La voie militaire est une impasse », a réagi dimanche le coordinateur de La France insoumise, lors du Grand Rendez-vous Europe 1 - CNews - « Les Echos ». Dans un entretien publié la veille sur le site du « Parisien », le chef de l'Etat expliquait que « notre devoir est de se préparer à tous les scénarios », réaffirmant que « peut-être qu'à un moment donné […] il faudra avoir des opérations sur le terrain ».
Autant de propos « irresponsables et contre-productifs », selon Manuel Bompard. « S'il y a quelqu'un qui a rendu un immense service à Vladimir Poutine, c'est bien le président de la République français parce qu'il a montré la division de l'Union européenne, la division de l'Otan sur ce sujet », a-t-il cinglé.
Négociation
Pour le député des Bouches-du-Rhône, une autre voie est possible. « On n'est pas condamné à choisir entre laisser la Russie gagner, s'emparer de l'Ukraine et faire la guerre nucléaire », a-t-il affirmé. « On peut à la fois condamner la violation du droit international qu'a été l'attaque de Vladimir Poutine et […] considérer que la manière d'y répondre ne peut pas être l'escalade vers la guerre généralisée », a-t-il développé.
Manuel Bompard en appelle, lui, à se placer sur le terrain de la diplomatie et de la négociation « pour faire en sorte que ce conflit s'arrête le plus rapidement possible ». « Mais poser un accord de paix, cela ne veut pas dire céder aux exigences de Vladimir Poutine », a-t-il insisté, après qu 'Emmanuel Macron a pointé du doigt, jeudi soir, ceux qui avaient voté contre (LFI et les communistes) ou s'étaient abstenus (le Rassemblement national) lors du débat sur l'Ukraine, les accusant de « choisir la défaite ».
Manuel Bompard a, lui, marqué son « désaccord » avec les socialistes et les écologistes qui se sont prononcés en faveur de l'accord bilatéral avec l'Ukraine. Il « regrette » par ailleurs que la gauche soit partie en ordre dispersé pour les élections européennes de juin prochain alors que La France insoumise a lancé sa campagne samedi lors d'un meeting à Villepinte, en Seine-Saint-Denis.
« Si on avait une liste commune, on serait aujourd'hui en train de talonner l'extrême droite et on pourrait la battre », a-t-il affirmé. A moins de trois mois du scrutin, LFI, dont la liste est menée comme en 2019 par Manon Aubry avec Jean-Luc Mélenchon à une position non éligible, est à la peine dans les sondages, créditée autour de 7 % ou 8 % des intentions de vote.
Laurent Thévenin