Il devient fabricant de trompettes haut de gamme grâce à ses clients

Il bichonne les cuivres des meilleurs trompettistes de France. Adrien Jaminet fait partie des rares facteurs de cuivre à flirter avec le monde très prisé des grands professionnels de la musique. En 2022, il crée A.Jaminet une société spécialisée dans la fabrication française de trompettes haut de gamme.

Ce marché de niche n'effraie pas à ce trentenaire qui parvient déjà à toucher plusieurs artistes connus. Le trompettiste Ibrahim Maalouf a d'ailleurs cocréé un de ses modèles.

Il commence sa première activité à 20 ans

Originaire de Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, Adrien Jaminet lance son premier atelier dans le sous-sol de la maison de ses parents. Il a 20 ans et commence son activité en tant que microentrepreneur . « Au départ, je faisais de la réparation et mes premiers clients étaient mes copains du conservatoire ! », s'amuse Adrien Jaminet, âgé aujourd'hui de 33 ans.

En 2013, il crée L'Atelier des Cuivres et se constitue un premier portefeuille clients alimenté par ses connaissances en voie de professionnalisation au conservatoire et ses professeurs de musique. Par ricochet, il parvient à toucher les apprentis trompettistes en quête de leur premier instrument.

Seulement 3 % des instruments achetés en France sont des cuivres selon une étude de 2023 produite par la Chambre syndicale de la facture instrumentale (CSFI). Loin derrière le piano (32 %) et la guitare (25 %).

Cette ultraspécialisation sur les cuivres permet à Adrien Jaminet d‘entretenir un lien privilégié avec ses clients et d'être au plus près de leurs attentes. « On travaille au service et avec les artistes », résume l'artisan qui emploie aujourd'hui six personnes entre son atelier de Brétigny-sur-Orge et celui de Lyon. Vente, entretien des instruments, mais aussi « tuning » de trompette, les musiciens viennent chercher plus qu'un atelier de réparation.

Redonner un souffle au cuivre à la française

L'année passée, Adrien Jaminet a vendu 600 trompettes. Ce nombre s'élève à 800 en incluant les autres cuivres proposés à la vente dans son atelier. Les prix varient de 300 euros pour un instrument d'étude, à plus de 3.000 euros pour les modèles joués par les professionnels.

L'Atelier des Cuivres sur la bonne voie, avec 1,4 million d'euros de chiffre d'affaires en 2022, Adrien Jaminet ambitionne maintenant de devenir un fabricant reconnu de trompettes, et même d'en faire le fer de lance de son activité. « La raison d'être de cette seconde société est de redonner un souffle au cuivre à la française », explique le facteur instrumental.

Le projet est né en 2020 pendant le confinement. En 2022, l'entreprise est reconnue espoir de l'année au Salon du Made in France. Elle est aussi lauréat de Réseau Entreprendre Essonne et intègre l'accélérateur Savoir-faire d'exception de Bpifrance .

Dans cette deuxième aventure entrepreneuriale, Adrien Jaminet a choisi d'associer Clément Baldzuhn, son salarié depuis toujours dans l'Atelier. « Il a été mon apprenti en 2014, puis mon employé. C'était assez logique qu'il devienne mon associé car il était mon bras droit dans le développement de la fabrication », raconte Adrien.

De 3.500 à 4.900 euros

Leur première trompette, le modèle « Alfred », répond à un intérêt de leurs clients pour un savoir-faire perdu. « Les trompettistes français rayonnent dans le monde depuis des années. On voulait aussi leur donner un outil de différenciation culturelle en particulier pour le répertoire français », complète Adrien Jaminet.

Un trompettiste a entre 3 et 10 trompettes selon ses activités

Adrien Jaminet

Ce produit conçu spécifiquement pour leur clientèle a l'avantage de profiter de la hausse de prix des modèles américains. « Les trompettes haut de gamme sont d'ordinaire fabriquées aux Etats-Unis, avec un prix moyen autour de 4.500 euros aujourd'hui, contre 3.200 euros avant l'inflation », expose Adrien Jaminet.

Avec un coût de 3.500 euros, la trompette à la française d'A.Jaminet profite d'un avantage prix sur le marché du haut de gamme. « Si on ajoute des finitions particulières, le prix peut monter jusqu'à 4.900 euros », précise le facteur.

Une première porte pour aller vers d'autres marchés

En France seulement 2 % des instruments vendus sont fabriqués en France , selon des chiffres de la CSFI, mais Adrien Jaminet ne craint pas la crise. « Les professionnels, avec lesquels je travaille, renouvellent leur instrument tous les 3 à 4 ans », affirme-t-il. « Un trompettiste a aussi entre 3 et 10 trompettes selon ses activités. » Il réfléchit déjà à ouvrir son catalogue à l'étranger, notamment grâce à des collaborations avec d'autres manufactures.

Le trentenaire a travaillé avec Buffet Crampon en tant que consultant pour la création de leur gamme de trompettes Antoine Courtois, assemblées en Allemagne. « On a déjà du mal à répondre à la demande en France, mais c'est une première porte pour aller vers d'autres marchés. » Adrien Jaminet prévoit d'abord d'embaucher côté fabrication et a l'ambition de sortir un à deux nouveaux modèles chaque année.