[go: up one dir, main page]

Affichage des articles dont le libellé est TROUBLES PSYCHIATRIQUES. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est TROUBLES PSYCHIATRIQUES. Afficher tous les articles

mardi 11 octobre 2022

Pathologies psychiatriques : un guide de la HAS pour aider à l’annonce du diagnostic

Pathologies psychiatriques : un guide de la HAS pour aider à l’annonce du diagnostic

Stéphanie Lavaud

10 octobre 2022 https://francais.medscape.com*

France – L’annonce d’un diagnostic sévère est un acte difficile quelle que soit la pathologie, elle est d’autant plus particulière quand il s’agit d’une maladie psychiatrique sévère et chronique. « C’est une étape vécue difficilement par les patients qui ont besoin d’être rassurés, soutenus, accompagnés et informés », écrit la Haute Autorité de Santé (HAS) qui vient tout juste de faire paraitre un guide spécifique pour s’y préparer. Il est destiné aux professionnels prenant en charge les patients ayant des troubles psychiques sévères : psychiatres, psychologues, médecins généralistes, addictologues, urgentistes, infirmiers, infirmiers en pratique avancée, pharmaciens, assistantes sociales, etc. [1]. Présentation des grandes lignes de son contenu à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale.

L’annonce : une étape clé de l’accompagnement

« L’annonce représente une étape importante et délicate d’information du patient, écrit la HAS.  Cette rencontre entre le patient et son médecin représente un fort enjeu relationnel. L’annonce peut être vécue négativement par le patient, mais aussi comme un soulagement notamment en cas d’errance diagnostique. Elle constitue une étape clé de l’accompagnement de la personne dans son parcours de soins. La manière dont se fait cette annonce aura un impact sur l’adhésion aux soins et sur l’alliance thérapeutique, mais aussi sur la relation avec l’ensemble des professionnels impliqués dans la prise en charge de la personne ».

Et ce d’autant, que le fait d’impliquer le patient est central. En dépendra la qualité de l’alliance thérapeutique à venir pour permettre un engagement du patient dans les soins et une évolution plus favorable de la maladie.

Que contient le guide en pratique ? Après avoir décrit les spécificités du diagnostic en psychiatrie, essentiellement clinique, le document énumère tous les points importants à prendre en compte au moment l’annonce, comme le choix du moment – apprécier si le patient est prêt et désireux d’entendre le diagnostic –, son contenu – la dénomination de la maladie, mais aussi sa description et ses évolutions possibles, y compris positives –, ou encore l’accompagnement en termes de soins. La HAS insiste sur l’importance d’associer l’entourage à cette annonce et de tenir compte de l’« écosystème » du patient dont la prise en charge se fera majoritairement en ambulatoire.

Points de vigilance

De façon concrète, le guide de la HAS liste un certain nombre de conduites à éviter comme réaliser l’annonce sans prévoir une disponibilité suffisante pour pouvoir répondre aux questions, expliquer, écouter le patient. Elle rappelle que « le patient ne doit jamais être réduit, ni désigné par son diagnostic » afin notamment d’éviter les risques d’assignation, de stigmatisation, d’auto-stigmatisation et de discrimination et livre toute une série de conseils pour que l’annonce se réalise au mieux, dans le respect des principes éthiques et juridiques.

Le document insiste aussi sur des points de vigilance liés aux réactions possibles du patient, pouvant aller du déni à la tentative du suicide en passant par une sidération, des angoisses importantes, des réactions agressives, etc. et conseille de solliciter l’entourage ou une personne de confiance. « Le rôle de l’équipe est tout aussi important, elle peut accompagner le patient de façon adaptée, notamment en cas de réaction d’hostilité », précise-t-elle.

Enfin, pour aider les professionnels dans cette démarche d’annonce, délicate, notamment pour les plus jeunes d’entre eux, la HAS rappelle l’intérêt de se former que ce soit sous forme de stages supervisés au cours des études ou non, lors de réunions d’équipe ou dans la cadre de la formation continue (ou DPC).

Informer les patients : un document à remettre aux usagers

En complément du guide à l’attention des professionnels, la HAS propose un document destiné aux patients pour les informer sur le processus d’annonce diagnostique, le rôle qu’ils peuvent avoir et les modalités d’accompagnement en fournissant notamment une liste d’associations de patients (Diagnostic en psychiatrie adulte – Mieux comprendre et être accompagné).

 https://francais.medscape.com/voirarticle/3609179#vp_2

lundi 3 janvier 2022

ETUDE RECHERCHE Étude des relations entre l’état de santé, sa prise en charge et le décès par suicide à partir du Système national des données de santé


Étude des relations entre l’état de santé, sa prise en charge et le décès par suicide à partir du Système national des données de santé  

 Moussa Laanani 1 

1 CépiDc - Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (80 rue du Général Leclerc - Secteur Marron/Bâtiment LAFORCE/Porte 58 - 94270 Le Kremlin-Bicêtre Cedex - France) UPD7 - Université Paris Diderot - Paris 7 (5 rue Thomas-Mann - 75205 Paris cedex 13 - France) INSERM - Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale : US10 (101, rue de Tolbiac, 75013 Paris - France)

Résumé : Le suicide représente un problème de santé publique majeur en France avec près de 10 000 décès prématurés chaque année. L'étude des déterminants du suicide est complexe. Il s'agit d’un phénomène plurifactoriel, pouvant être influencé par des éléments personnels et/ou environnementaux, bio-médicaux et/ou socio-économiques. La présence de pathologies (psychiatriques ou somatiques) chez l'individu joue un rôle important. Les pathologies psychiatriques peuvent se compliquer de processus suicidaires (idées suicidaires, pouvant être suivies de comportements suicidaires, puis d'un décès par suicide). Pour les pathologies somatiques, la maladie peut impacter de manière importante la qualité de vie de l'individu, favorisant des processus suicidaires, et ainsi des décès par suicide. Des troubles psychiatriques peuvent ainsi compliquer les maladies somatiques, et constituer une étape vers la survenue de processus suicidaires. Les maladies somatiques peuvent également survenir chez des individus souffrant de troubles psychiatriques, et favoriser le déclenchement de processus suicidaires. Pour les pathologies psychiatriques comme somatiques, les processus suicidaires peuvent également être la conséquence d'effets indésirables des traitements médicamenteux. Il est alors souvent difficile de dénouer le rôle du traitement et de la pathologie traitée. Ce travail de thèse visait à étudier les relations complexes entre pathologies et suicide, à partir des données du Système national des données de santé (SNDS).
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03506263
Soumis le : dimanche 2 janvier 2022
Version validée par le jury (STAR)
Citation
Moussa Laanani. Étude des relations entre l’état de santé, sa prise en charge et le décès par suicide à partir du Système national des données de santé. Santé publique et épidémiologie. Université Paris-Saclay, 2020. Français. ⟨NNT : 2020UPASR016⟩. ⟨tel-03506263⟩

lundi 25 octobre 2021

AUTOUR DE LA QUESTION La FRM démêle 10 idées reçues sur la perception des Français concernant les maladies psychiatriques.


La FRM démêle 10 idées reçues des Français

A l'occasion de la Journée mondiale de la Santé Mentale le 10 octobre 2021, la Fondation pour la Recherche Médicale a dévoilé les résultats de sa première étude menée avec l’Ifop sur la perception des Français concernant les maladies psychiatriques.

Parce que les idées reçues sur ces pathologies persistent, la FRM se mobilise pour changer le regard porté sur ces maladies et convaincre de la nécessité d'amplifier les recherches dans le domaine.


Voir les idées reçues
Télécharger le guide

https://www.frm.org/upload/pdf/guide-de-la-sante-mentale-frm.pdf 

 

Source https://www.frm.org/semaine-sante-mentale

jeudi 14 octobre 2021

ETUDE RECHERCHE Violent suicide attempt history in elderly patients with bipolar disorder: The role of sex, abdominal obesity, and verbal memory: Results from the FACE-BD cohort (FondaMental Advanced center of Expertise for Bipolar Disorders)

Violent suicide attempt history in elderly patients with bipolar disorder: The role of sex, abdominal obesity, and verbal memory: Results from the FACE-BD cohort (FondaMental Advanced center of Expertise for Bipolar Disorders)
Aiste Lengvenyte 1, 2, 3, 4, * Bruno Aouizerate 3, 5 Valerie Aubin 6 Joséphine Loftus 3, 6 Emeline Marlinge 3, 7 Raoul Belzeaux 8, 3, 9 Caroline Dubertret 3, 10, 11 Sebastien Gard 3, 5 Emmanuel Haffen 3, 12, 13 Raymund Schwan 3, 14 Pierre-Michel Llorca 3, 15 Christine Passerieux 3, 16, 17 Paul Roux 3, 18 Mircea Polosan 3, 16, 17 Bruno Etain 3, 7 Marion Leboyer 3, 18 Philippe Courtet 3, 2, 1 Emilie Olié 3, 2, 1
* Auteur correspondant
1 CHRU Montpellier - Centre Hospitalier Régional Universitaire [Montpellier]
2 IGF - Institut de Génomique Fonctionnelle
3 Fondation FondaMental [Créteil]
4 Vilnius University [Vilnius]
5 Hôpital Charles Perrens
6 Hôpital Princesse Grace [Monaco]
7 Hôpital Lariboisière-Fernand-Widal [APHP]
8 INT - Institut de Neurosciences de la Timone
9 APHM - Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille
10 Hôpital Louis Mourier - AP-HP [Colombes]
11 UP - Université de Paris
12 UFC - Université de Franche-Comté
13 CICB - Centre d'Investigation Clinique de Besançon
14 UL - Université de Lorraine
15 NPsy-Sydo - Neuro-Psycho Pharmacologie des Systèmes Dopimanégiques sous-corticaux
16 CHV - Centre Hospitalier de Versailles André Mignot
17 Université Paris-Saclay
18 IMRB - Institut Mondor de Recherche Biomédicale
Abstract : Background: Bipolar disorder (BD) is a chronic, lifelong condition, associated with increased risk of obesity, cognitive impairment, and suicidal behaviors. Abdominal obesity and a higher risk of violent suicide attempt (SA) seem to be shared correlates with older age, BD, and male sex until middle age when menopause-related female body changes occur. This study aimed at assessing the role of abdominal obesity and cognition in the violent SA burden of individuals with BD. Methods: From the well-defined nationwide cohort FACE-BD (FondaMental Advanced center of Expertise for Bipolar Disorders), we extracted data on 619 euthymic BD patients that were 50 years or older at inclusion. Cross-sectional clinical, cognitive, and metabolic assessments were performed. SA history was based on self-report. Results: Violent SA, in contrast to non-violent and no SA, was associated with higher waist circumference, abdominal obesity and poorer California Verbal Learning Test short-delay free recall (CVLT-SDFR) (ANOVA, p < .001, p = .014, and p = .006). Waist circumference and abdominal obesity were associated with violent SA history independently of sex, BD type and anxiety disorder (Exp(B) 1.02, CI 1.00-1.05, p = .018; Exp(B) 2.16, CI 1.00-4.64, p = .009, accordingly). In an exploratory model, waist circumference and CVLT-SDFR performance mediated the association between male sex and violent SA. Limitations: Cross-sectional design and retrospective reporting. Conclusions: Violent SA history was associated with abdominal obesity and poorer verbal memory in older age BD patients. These factors were interlinked and might mediate the association between male sex and violent SA.
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03374307
Soumis le : mardi 12 octobre 2021 -

vendredi 8 octobre 2021

ETUDE RECHERCHE CANADA Psychose : un diagnostic rapide peut sauver des vies

Psychose : un diagnostic rapide peut sauver des vies

Les adolescents et les jeunes adultes qui vivent une première psychose peuvent s’en rétablir complètement si le problème est dépisté et traité dans les plus brefs délais.

Nathalie Kinnard  5 octobre 2021 https://lactualite.com*

Désorganisation, hallucinations, idées délirantes, voix dans la tête… Environ 3 % de la population canadienne vivra un épisode de psychose au cours de sa vie. Ce trouble du cerveau se caractérise par une perte de contact avec la réalité pendant laquelle la personne ne fait plus la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.

Le premier épisode psychotique survient généralement entre 15 et 26 ans chez les hommes et entre 24 et 32 ans chez les femmes. Il est difficile de prévoir qui sera touché, car une combinaison de facteurs entre en cause. Ainsi, une crise peut se déclencher chez une personne qui a des prédispositions génétiques si elle vit un événement stressant ou traumatisant, comme des problèmes financiers, des abus ou de la violence, explique Roxanne Sicotte, psychoéducatrice au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal auprès de personnes ayant un trouble psychotique et candidate au doctorat en sciences biomédicales, option sciences psychiatriques, au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal.

Un diagnostic rapide est la clé pour prévenir une mauvaise évolution de la maladie et même en guérir. « La psychose se traite et on peut se rétablir. Ce n’est pas vrai qu’une psychose progresse toujours vers des troubles psychotiques comme la schizophrénie, une dépression majeure ou des troubles affectifs avec caractéristiques psychotiques », précise celle qui est aussi chargée de cours au Département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke.
Chaque journée compte

« Il faut réagir rapidement lorsqu’une personne déclare des signes avant-coureurs de psychose, car le délai de prise en charge est déterminant à court et à long terme pour l’aggravation des symptômes, le fonctionnement global dans la vie et les idées suicidaires », signale Roxanne Sicotte. Par exemple, une étude réalisée au Royaume-Uni révèle que la gravité des symptômes d’une psychose non traitée augmente de 20 % en quatre semaines. Des chercheurs de Hong Kong, du Canada et du Royaume-Uni ont par ailleurs noté qu’une psychose soignée en deçà de 30 jours est associée à un risque moins élevé de rechutes au cours des 10 années suivant le diagnostic.

« Il est primordial de sensibiliser les gens à la reconnaissance d’un premier épisode psychotique », insiste la doctorante. Elle cite à ce sujet une étude réalisée en Norvège qui montre qu’une campagne de sensibilisation combinée à un programme de détection précoce accessible peut réduire le délai de prise en charge des psychoses de 26 à 4,5 semaines. Selon les chercheurs, cela entraîne une diminution des comportements suicidaires et un plus haut taux de rémission.

Être attentif aux symptômes

En règle générale, les symptômes surviennent graduellement. On peut remarquer un manque d’énergie, des comportements désorganisés, de l’isolement social, une baisse de performance à l’école ou au travail, de la méfiance envers les autres.

Chez certains, l’apparition de la psychose sera plus franche, avec des hallucinations, des idées délirantes ou des voix dans la tête. D’autres adopteront des rituels bizarres ou manifesteront un intérêt soudain pour des activités paranormales et mystiques.

« Le problème, c’est que certains symptômes avant-coureurs ne sont pas propres à la psychose. Ils peuvent être associés à la transition vers l’âge adulte, ou encore à un problème de consommation, avoue la psychoéducatrice. Ce qui fait que les gens ne vont pas d’emblée consulter un professionnel. »

En cas de doute, Roxanne Sicotte suggère de vérifier les symptômes et les facteurs de risque en remplissant les questionnaires du site refer-O-scope.

« Plusieurs cliniques au sein de différents CIUSSS et CISSS reçoivent les gens qui ont un premier épisode psychotique, ajoute-t-elle. On peut s’y rendre sans passer par un médecin, c’est accessible et les délais de traitement sont rapides. »

Ces cliniques offrent des programmes d’intervention spécialisés particulièrement adaptés au niveau de développement des jeunes adultes : ceux-ci auront accès à des équipes multidisciplinaires constituées de psychiatres, d’infirmières, d’ergothérapeutes, de travailleurs sociaux et d’intervenants en toxicomanie, entre autres.


Psychose et suicide

Selon une revue de la littérature sur le sujet publiée par la doctorante en 2021, avant leur premier contact avec les services psychiatriques, de 21 % à 31 % des personnes vivant une première psychose ont des idées suicidaires, et de 7 % à 33 % d’entre elles feront une tentative de suicide. « Pour les personnes présentant un premier épisode psychotique, le risque de suicide est jusqu’à 18 fois plus élevé que pour la population générale », précise Roxanne Sicotte.

Les différentes études analysées par la chercheuse montrent toutefois une diminution des idées suicidaires et des tentatives de suicide lorsque le patient bénéficie d’un suivi sur cinq ans dans le cadre d’un programme d’intervention spécialisé. Les interventions psychosociales — individuelles, familiales ou de groupe —, ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales, fréquemment offertes dans les cliniques spécialisées, ont notamment contribué à faire baisser le risque de suicide lié à la première psychose.

Pour mieux comprendre les facteurs cliniques, psychologiques et sociaux associés au risque de suicide chez les gens ayant un premier épisode psychotique, Roxanne Sicotte analyse l’évolution sur cinq ans de 567 jeunes adultes, âgés de 18 à 30 ans, admis entre 2005 et 2013 dans deux établissements proposant des services pour psychose émergente (CHUM et IUSMM).

« Nous voulons être capables de prédire le risque de suicide ou d’aggravation des idées suicidaires selon différents profils de personnes, explique la chercheuse. Car chez certains patients, les idées suicidaires et les tentatives de suicide persistent même après cinq ans. »

Elle mènera également une étude comparative de l’évolution du comportement suicidaire de 333 patients suivis pendant deux ans dans deux lieux d’intervention précoce pour la psychose, situés à Montréal et à Madras, en Inde.

Des idées suicidaires ? 1 866 APPELLE

https://lactualite.com/sante-et-science/psychose-un-diagnostic-rapide-peut-sauver-des-vies/ 

mardi 13 avril 2021

ETUDE RECHERCHE USA : associations entre l'insomnie et les idées suicidaires, les tentatives de suicide et la psychopathologie de la schizophrénie

Selon une étude, l’insomnie pourrait augmenter les pensées suicidaires chez les schizophrènes – Science News.co.uk

Une nouvelle étude confirme l’existence d’un lien entre l’insomnie et l’augmentation des pensées ou des actes suicidaires ainsi que l’augmentation de l’anxiété et de la dépression chez les patients atteints de schizophrénie. Cette déclaration, publiée sur le site Web de l’université d’Augusta, suggère que le fait de surveiller la façon dont les patients schizophrènes dorment et d’intervenir lorsque leur sommeil est mauvais ou perturbé est très important pour leur santé mentale.

Comme le rapporte Brian Miller, psychiatre spécialisé dans la schizophrénie au Medical College of Georgia, une branche de cette université, un niveau important d’insomnie peut accroître le risque de suicide chez les patients schizophrènes. Cela signifie que si un schizophrène tacite connaît des changements dans ses habitudes de sommeil, essentiellement des insomnies, il est temps de faire quelque chose pour prévenir d’éventuelles actions suicidaires.
Les chercheurs, qui ont publié leur étude dans le Journal of Clinical Psychiatry, ont analysé les données de 1494 sujets diagnostiqués schizophrènes, données concernant principalement leurs pensées suicidaires et les tentatives faites ainsi que le niveau de sévérité de leur maladie et le lien de ces conditions avec l’insomnie.

Environ la moitié des sujets ont déclaré avoir des problèmes d’interruption du sommeil ou des difficultés à s’endormir. Vingt-sept pour cent des personnes interrogées ont déclaré souffrir d’une « insomnie terminale », un type d’insomnie qui consiste à se réveiller trop tôt et à ne pas pouvoir se rendormir.
Ils ont constaté que, outre le fait que l’insomnie est un symptôme assez courant chez les patients schizophrènes, le fait de se réveiller trop tôt pouvait être lié à un plus grand nombre de pensées suicidaires, tandis que le fait d’avoir des difficultés à s’endormir puis à rester endormi (donc de ne pas se réveiller trop tôt) était lié à une probabilité plus élevée de suicide au cours des six mois précédents.

Ils ont également constaté que le fait de se réveiller trop tôt pouvait être lié à un niveau plus sévère de schizophrénie, avec des symptômes plus graves, notamment la dépression et l’anxiété.
Selon Miller lui-même, les perturbations des rythmes circadiens, dont on sait qu’elles sont fréquentes chez les schizophrènes, sont probablement à l’origine des troubles du sommeil des patients schizophrènes. Un état d’excitation chez les patients qui entendent des voix ou qui sont particulièrement paranoïaques pourrait également provoquer des troubles du sommeil chez les schizophrènes : « Si vous entendez des voix qui disent constamment des choses horribles et négatives, qui vous grondent, qui interfèrent avec vos pensées et vos activités, il peut être difficile de s’endormir », explique le chercheur.

Source https://metamag.fr/selon-une-etude-linsomnie-pourrait-augmenter-les-pensees-suicidaires-chez-les-schizophrenes-science-news-co-uk/

***
En savoir plus sur l'étude https://jagwire.augusta.edu/insomnia-associated-with-more-suicidal-thoughts-worse-disease-symptoms-in-schizophrenia/

Insomnia, Suicidal Ideation, and Suicide Attempts in the Clinical Antipsychotic Trials of Intervention Effectiveness

ABSTRACT

Objective: Insomnia occurs frequently in the clinical course of schizophrenia. There is a robust association between insomnia and suicide in other psychiatric disorders. Several previous studies found associations between insomnia and suicidal ideation, suicide attempt, and psychopathology in schizophrenia. We explored these associations in a cross-sectional study of a large sample of patients with schizophrenia.

Methods: In February 2020, we investigated relationships between current insomnia, suicidal ideation over the past 2 weeks, suicide attempt in the past 6 months (assessed by either the Calgary Depression Scale for Schizophrenia or self-report), and current psychopathology for subjects with baseline data from the Clinical Antipsychotic Trials of Intervention Effectiveness (DSM-IV schizophrenia trial conducted 2001–2004) using regression models.

Results: After controlling for multiple potential confounding factors, terminal insomnia was associated with significant, 2.7-fold increased odds of current suicidal ideation (OR = 2.7, 95% CI = 2.0–3.6, P < .001). Initial/middle insomnia was associated with a significant, 5.5-fold increased odds of suicide attempt in the past 6 months (OR = 5.5, 95% CI = 1.4–21.1, P = .013). Terminal insomnia was also a significant indicator of higher Positive and Negative Syndrome Scale total (β = 0.12, P < .001), positive subscale (β = 0.11, P < .001), and general psychopathology subscale (β = 0.14, P < .001) scores. There were no other significant associations between insomnia, suicidal thinking or behavior, and psychopathology.

Conclusions: Insomnia is associated with suicidal ideation, recent suicide attempt, and greater psychopathology in schizophrenia. Findings provide additional evidence that formal assessment of insomnia is relevant to the clinical care of patients with schizophrenia as an indicator of suicidal ideation and behavior, as well as symptom severity.

Trial Registration: ClinicalTrials.gov identifier: NCT00014001

J Clin Psychiatry 2021;82(3):20m13338

To cite: Miller BJ, McEvoy JP, McCall WV. Insomnia, suicidal ideation, and suicide attempts in the Clinical Antipsychotic Trials of Intervention Effectiveness. J Clin Psychiatry. 2021;82(3):20m13338.
To share: https://doi.org/10.4088/JCP.20m13338

© Copyright 2021 Physicians Postgraduate Press, Inc.

aDepartment of Psychiatry and Health Behavior, Medical College of Georgia, Augusta University, Augusta, Georgia
*Corresponding author: Brian J. Miller, MD, PhD, MPH, Department of Psychiatry and Health Behavior, Augusta University, 997 Saint Sebastian Way, Augusta, GA 30912 (brmiller@augusta.edu)
.

https://www.psychiatrist.com/jcp/schizophrenia/insomnia-suicidal-ideation-and-attempts-clinical-antipsychotic-trials-intervention-effectiveness/

vendredi 9 avril 2021

CANADA "De la psychose au suicide"

De la psychose au suicide
Jeudi 8 avril 2021 https://www.sciencepresse.qc.ca/*

Dire

Le taux de suicide au Québec a amorcé une diminution importante au début du siècle, notamment grâce à l’instauration de différentes mesures de prévention. Le Plan d’action en santé mentale 2015-2020 du gouvernement du Québec recommande toutefois de poursuivre les efforts de sensibilisation et de prévention du suicide, particulièrement auprès des populations vulnérables. Les personnes atteintes d’un premier épisode psychotique font partie de celles-ci. Une meilleure compréhension des caractéristiques mêmes des troubles psychotiques qui augmentent le risque suicidaire pourrait permettre, d’abord, de mieux cibler, parmi toutes celles atteintes d’un premier épisode psychotique, les personnes qui sont à risque de suicide et, ensuite, d’intervenir rapidement auprès de ces dernières.

Aujourd’hui, trois Québécois sont décédés par suicide, et c’est ainsi tous les jours[1]. Le taux de décès par suicide est plus élevé chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique (PEP), soit 18 fois plus élevé que dans la population générale[2]. Avant même leur premier contact avec les services psychiatriques, de 26,2 % à 56,5 % des individus qui présentent un PEP auront des idées suicidaires et jusqu’à 10 % d’entre eux feront une tentative de suicide[3]. Ces pensées ainsi que ces comportements sont accompagnés d’une grande souffrance tant chez ces personnes que chez leurs proches. Pour en venir à diminuer le taux de suicide chez cette population, les chercheurs s’intéressant aux PEP tentent de définir les caractéristiques des troubles psychotiques qui contribuent au développement des idées suicidaires, des tentatives de suicide ainsi qu’au décès par suicide.
 

Un début qui importe

Le PEP représente l’émergence d’un trouble psychotique caractérisé par une altération du contact avec la réalité[4]. Il survient généralement entre 15 et 26 ans chez les hommes et entre 24 et 32 ans chez les femmes[5]. Les deux à cinq années qui suivent le PEP sont déterminantes, puisqu’elles prédisent l’évolution à long terme de la personne sur le plan de son fonctionnement (travail, école, relations sociales, etc.) et de ses symptômes. En effet, un plus jeune âge au moment de l’apparition du trouble psychotique augmente le risque de tentatives de suicide et de décès par suicide[6]. Une plus longue durée de psychose non traitée* est également associée à un plus haut risque de tentatives de suicide au début de la maladie[7]. D’ailleurs, des programmes d’intervention pour PEP ont été mis en place au Québec et dans plusieurs pays du monde, tels que le Royaume-Uni, l’Australie et la Norvège, pour soutenir les personnes atteintes d’un PEP[8]. Ces programmes permettent notamment de minimiser les effets de cette maladie en offrant, de façon précoce et intensive, un traitement pharmacologique adapté, un suivi continu, un accès à des services de soutien à l’emploi et aux études, un soutien à la famille ainsi qu’une transition vers d’autres services à la fin de la période de soins[9]. En plus de ces programmes d’intervention pour PEP, la détermination des caractéristiques des troubles psychotiques associées au risque suicidaire, comme les événements de vie difficiles, les symptômes psychotiques et les troubles associés, permettrait de cibler dès le début de la maladie les personnes à risque de suicide et d’intervenir sur les facteurs modifiables.

Avant même le début de la maladie, de nombreux facteurs sont impliqués dans l’apparition du trouble psychotique. Ceux-ci seraient le résultat d’une interaction entre des facteurs biologiques (dont des prédispositions génétiques ainsi qu’une configuration cérébrale particulière) et des stresseurs socioenvironnementaux[10]. D’ailleurs, les personnes atteintes d’un PEP ayant vécu récemment des événements de vie stressants et traumatiques, tels que des difficultés financières, des problèmes de logement ou des abus, auraient un risque presque deux fois plus élevé de présenter des comportements suicidaires[11]. Des interventions visant à développer des stratégies d’adaptation pour faire face aux événements de vie négatifs, comme des stratégies de gestion du stress, de résolution de problèmes et de régulation émotionnelle, pourraient réduire le risque suicidaire chez cette population[12]. Des études seront toutefois nécessaires pour tester l’efficacité de ces interventions sur le risque suicidaire.
 

La psychose

Toujours dans l’optique de cibler rapidement les personnes à risque de suicide, une étude australienne s’est intéressée au lien entre le type de trouble psychotique et le suicide[13]. En effet, les personnes atteintes d’un PEP peuvent présenter différents types de troubles psychotiques, tels que la schizophrénie*, qui est le diagnostic le plus courant, le trouble schizophréniforme* ou encore le trouble schizoaffectif*[14]. À partir d’un échantillon composé de 280 personnes atteintes d’un PEP, suivies pendant une durée moyenne de 7 ans, l’étude australienne révèle que le type de trouble psychotique n’est pas en soi associé au risque de tentatives de suicide[15]. Toutefois, certains symptômes communs à ces différents troubles pourraient accroître le risque suicidaire.

En effet, les troubles psychotiques incluent différents types de symptômes, dont les symptômes positifs et les symptômes négatifs[16]. Les positifs comprennent les hallucinations, les idées délirantes et les comportements désorganisés. Les symptômes négatifs font plutôt référence à une diminution des aptitudes ou fonctions usuelles de la psyché d’une personne, comme le manque d’énergie et d’intérêt, le manque d’expressivité affective, et la difficulté à amorcer ou à maintenir une conversation.

Une étude, réalisée au Royaume-Uni en 2011, portant sur une cohorte représentative de 2 132 personnes atteintes d’un PEP rapporte qu’un plus grand cumul de symptômes positifs et négatifs (4 et plus) serait associé à un risque de suicide près de 7 fois plus grand que la présence d’une moins grande variété de symptômes[17]. Plus précisément, des délires de grandeur, caractérisés par l’idée que son rôle, sa puissance et son statut sont bien plus importants qu’ils ne le sont réellement, ainsi que des comportements à risque (conduite dangereuse, dépenses excessives, comportements sexuels à risque, etc.) doubleraient le risque de suicide.
 

Les troubles associés

En plus du cumul de symptômes psychotiques, qui accroîtrait le risque suicidaire, d’autres troubles mentaux qui surviennent souvent de façon concomitante au trouble psychotique sont à prendre en considération dans l’évaluation de ce risque. Notamment, les personnes vivant un PEP qui présentent des symptômes dépressifs demeurent plus suicidaires que les personnes n’ayant pas de tels symptômes sur une période de dix ans[18]. Afin d’intervenir sur ces symptômes, les individus atteints d’un PEP qui sont dépressifs pourraient être encouragés à participer à une thérapie cognitivo-comportementale*, qui est fréquemment offerte dans les programmes d’intervention pour PEP. Une méta-analyse* portant sur dix études ayant évalué l’efficacité de cette thérapie auprès de populations variées rapporte que la thérapie cognitivo-comportementale permet de réduire de moitié le risque d’une nouvelle tentative de suicide[19]. Ce constat demeure à évaluer auprès des personnes présentant un PEP. Un diagnostic concomitant de trouble de la personnalité limite* est également associé à un risque plus élevé de tentatives de suicide[20].

Comparativement aux symptômes dépressifs et au trouble de la personnalité limite, la consommation d’alcool et de drogues est moins clairement associée au risque suicidaire. Dans la population générale, l’abus et la consommation de substances sont associés à un risque suicidaire accru[21]. Cependant, en ce qui concerne les personnes qui présentent un PEP, certaines études rapportent que la consommation abusive de drogues est associée au risque suicidaire, alors que d’autres études n’établissent pas une telle relation[22]. Néanmoins, plus de 50 % des personnes présentant un PEP auraient eu un trouble lié à l’usage de substances au cours de leur vie[23]. Dans un contexte où certaines études ont montré une association entre la consommation problématique et le risque de tentatives de suicide, la consommation et ses conséquences demeurent importantes à considérer dans l’évaluation du risque suicidaire[24].
 

La détection rapide

Un outil d’évaluation du risque suicidaire qui tiendrait compte des caractéristiques des troubles psychotiques qui sont associées aux comportements suicidaires permettrait aux professionnels œuvrant auprès des personnes atteintes d’un PEP de mieux cibler celles qui sont à risque de suicide et de les soutenir plus rapidement. Cet outil pourrait cibler le jeune âge au moment de l’apparition du trouble psychotique, la plus longue durée de psychose non traitée, les événements de vie stressants et traumatiques, le plus grand cumul de symptômes, les délires de grandeur accompagnés de comportements à risque, les symptômes dépressifs, le diagnostic concomitant de trouble de personnalité limite ainsi que la consommation problématique. D’autres études portant sur l’ensemble des facteurs pouvant influencer les idées et les comportements suicidaires sont encore nécessaires pour mieux caractériser les personnes atteintes d’un PEP à risque de suicide et ainsi intervenir en prévention. La détection rapide du risque suicidaire chez les personnes souffrant d’un PEP est l’une des stratégies permettant de contribuer à l’effort de prévention du suicide au Québec et, donc, de poursuivre la diminution du taux de suicide amorcée au début du siècle.
 

— Un article de Roxanne Sicotte, étudiante au programme de doctorat en sciences biomédicales à l'Université de Montréal

lundi 8 mars 2021

ETUDE RECHERCHE Risk factors for reattempt and suicide within 6 months after an attempt in the French ALGOS cohort: a survival tree analysis

Risk Factors for Reattempt and Suicide Within 6 Months After an Attempt in the French ALGOS Cohort: A Survival Tree Analysis


a
University of Lille, Inserm, CHU Lille, U1172 – LilNCog—Lille Neuroscience & Cognition, Lille, France
b
University of Lille, CHU Lille, ULR 2694, CERIM, Public Health Department, Lille, France
c
Centre National de Ressources et de Résilience (CN2R), Lille, France
*Corresponding author: Alice Demesmaeker, MD, MSc, Hôpital Fontan, CHU de Lille, F-59037, Lille Cedex, France (alice.demesmaeker@chru-lille.fr).

J Clin Psychiatry. 2021;82(1):20m13589ABSTRACT

Objective: Understanding the cumulative effect of several risk factors involved in suicidal behavior is crucial for the development of effective prevention plans. The objective of this study is to provide clinicians with a simple predictive model of the risk of suicide attempts and suicide within 6 months after suicide attempt.

Methods: A prospective observational cohort of 972 subjects, included from January 26, 2010, to February 28, 2013, was used to perform a survival tree analysis with all sociodemographic and clinical variables available at inclusion. The results of the decision tree were then used to define a simple predictive algorithm for clinicians.

Results: The results of survival tree analysis highlighted 3 subgroups of patients with an increased risk of suicide attempt or death by suicide within 6 months after suicide attempt: patients with alcohol use disorder and a previous suicide attempt with acute alcohol use (risk ratio [RR] = 2.92; 95% CI, 2.08 to 4.10), patients with anxiety disorders (RR = 0.98; 95% CI, 0.69 to 1.39), and patients with a history of more than 2 suicide attempts in the past 3 years (RR = 2.11; 95% CI, 1.25 to 3.54). The good prognosis group comprised all other patients.

Conclusions: By using a data-driven method, this study identified 4 clinical factors interacting together to reduce or increase the risk of recidivism. These combinations of risk factors allow for a better evaluation of a subject’s suicide risk in clinical practice.

Trial Registration: ClinicalTrials.gov identifier: NCT01123174

J Clin Psychiatry 2021;82(1):20m13589

To cite: Demesmaeker A, Chazard E, Vaiva G, et al. Risk factors for reattempt and suicide within 6 months after an attempt in the French ALGOS cohort: a survival tree analysis. J Clin Psychiatry. 2021;82(1):20m13589.

To share: https://doi.org/10.4088/JCP.20m13589

Lire l'etude https://www.psychiatrist.com/jcp/depression/suicide/risk-factors-for-reattempt-and-suicide-within-6-months-after-an-attempt-in-the-french-algos-cohort-a-survival-tree-analysis/

vendredi 5 mars 2021

Troubles psychiatriques à l'entrée en prison : un enjeu de santé publique

Troubles psychiatriques à l'entrée en prison : un enjeu de santé publique
4 mars 2021, 20:09 https://theconversation.com*
Auteurs  Thomas Fovet, Chargé de projets de recherche au Centre national de ressources et de résilience Lille-Paris (CN2R) et Psychiatre du pôle Psychiatrie médecine légale et médecine en milieu pénitentiaire, Centre hospitalier régional universitaire de Lille
Pierre Thomas, Centre hospitalier régional universitaire de Lille

Déclaration d’intérêts
L’étude Santé mentale en population carcérale a été menée par la Fédération Régionale de Recherche en Psychiatrie et Santé Mentale des Hauts de France (F2RSM Psy) et le Centre collaborateur français de l'OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS), avec le soutien financier de l’Agence Régionale de Santé (ARS) des Hauts-de-France.
Pierre Thomas ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, bon nombre de chercheurs se sont inquiétés de l’impact de l’actuelle crise sanitaire et des périodes de confinement sur la santé mentale de la population carcérale. Mais que sait-on aujourd’hui de la prévalence des troubles psychiatriques en milieu pénitentiaire ? Cette population est-elle particulièrement vulnérable, et en quoi ?

Sur ces questions, l’enquête que nous avons récemment menée dans plusieurs maisons d’arrêt du Nord de la France est riche d’enseignements.
Des troubles psychiatriques très présents

En pratique, il n’est pas simple d’évaluer la santé mentale de la population carcérale. En milieu pénitentiaire, les études épidémiologiques se heurtent en effet à de nombreux obstacles tant sur les plans logistique (contraintes liées à l’environnement carcéral, accès aux personnes détenues, etc.) que réglementaire (législation et cadre spécifique) ou méthodologique (difficultés multiples pour obtenir un échantillon « représentatif » de l’ensemble de la population carcérale).

Ces contraintes expliquent probablement pourquoi très peu d’enquêtes sur la santé mentale ont été conduites jusqu’alors dans les prisons, en France notamment. D’après une analyse systématique des études publiées entre 1966 et 2010 dans une vingtaine de pays incluant la France, il semble toutefois que les troubles psychiatriques soient présents à des niveaux élevés en milieu pénitentiaire.

C’est que confirme l’étude qui fait référence dans notre pays. Publiée voilà quinze ans par l’équipe de Bruno Falissard, elle s’appuyait sur le double interrogatoire, par deux cliniciens, de quelque huit cents prisonniers sélectionnés au hasard dans vingt prisons. D’après ses résultats, 36 % des répondants présentaient un trouble psychiatrique de gravité marquée à sévère. Les diagnostics retenus par consensus entre les cliniciens étaient les troubles de l’humeur (28 % dont 24 % de dépression), les troubles anxieux (29 %), les troubles psychotiques (17 % dont 6 % de schizophrénie) et les troubles liés à l’usage de substance (19 %).

Les travaux que notre équipe a publiés au printemps dernier, dans le cadre de l’étude Santé mentale en population carcérale, viennent compléter ces données.
Une fréquence multipliée par trois

Plutôt qu’interroger des personnes emprisonnées depuis un laps de temps variable, comme cela a été fait par le passé, nous nous sommes focalisés sur la santé mentale d’hommes et de femmes à leur arrivée en prison. Plus précisément, nous avons interrogé 653 personnes – sélectionnées au hasard dans huit maisons d’arrêt du Nord et du Pas-de-Calais – dans les 72 premières heures de leur incarcération, c’est-à-dire avant que le stress du quotidien pénitentiaire n’intervienne.

L’un des intérêts du protocole choisi est d’autoriser la confrontation, sur un territoire particulier, de données en population carcérale et en population générale, en s’appuyant sur la même méthodologie d’évaluation et en tenant compte de l’âge et du sexe. Cela nous nous a permis de constater la très nette surreprésentation des troubles psychiatriques, mais aussi des conduites addictives, parmi les personnes récemment incarcérées.

En moyenne, les troubles liés à l’usage de substances (alcool et autres substances illicites) concernent environ un arrivant sur deux, ce qui correspond à un taux huit fois supérieur à la population générale. Quant aux troubles psychiatriques, ceux que nous avons étudiés s’y révèlent en moyenne trois fois plus fréquents.

C’est particulièrement le cas pour le syndrome psychotique (multiplié par 3,1) et le trouble dépressif caractérisé (2,9) dont les fréquences respectives ont été mesurées à 7 et 27 % à l’entrée en détention. Le trouble de stress post-traumatique apparaissait quant à lui six fois plus fréquent chez les personnes admises en détention qu’en population générale.

L’ensemble de ces troubles augmentent la probabilité à plus ou moins long terme qu’une personne réalise un geste suicidaire. De fait, ce risque suicidaire a été identifié chez 31 % des personnes détenues interrogées.
Deux troubles ou plus

Si les troubles psychiatriques se révèlent très fréquents chez les personnes nouvellement incarcérées, on constate aussi qu’en règle générale, elles n’en présentent pas un seul, mais plusieurs : nous avons relevé deux troubles ou plus pour près de 42 % d’entre elles, alors qu’en population générale, ceci n’est observé que pour 10 % des enquêtés.

Cette co-occurrence de plusieurs troubles a, on le sait, un impact important tant sur la prise en charge que sur la répétition des incarcérations, chez des personnes particulièrement fragilisées sur le plan socio-économique. Et alors que le ministre de la Justice a récemment lancé une nouvelle mission d’inspection sur les suicides en prison, notre enquête souligne la nécessité d’une prise en charge efficiente dans les maisons d’arrêt.

De toute évidence, l’accès à des soins psychiatriques de qualité doit s’imposer comme l’une des mesures de prévention incontournables pour lutter contre les suicides en population carcérale : le taux de suicide y est actuellement sept fois supérieur à celui observé en population générale, ce qui en fait l’une des principales préoccupations des soignants exerçant en milieu pénitentiaire.

Enfin, outre une réflexion sur l’accès à des soins de qualité, notre étude devrait pousser à réfléchir sur l’absence d’alternatives à l’incarcération pour les personnes diagnostiquées avec des troubles mentaux dans notre pays.

  Si notre enquête a mis en lumière des taux de prévalence très élevés pour les troubles psychiatriques et les conduites addictives chez les personnes nouvellement incarcérées dans les prisons françaises, plusieurs questions restent néanmoins en suspens.
Après la prison : suivre de près l’évolution

En effet, l’évolution de ces troubles au cours de la période d’incarcération demeure peu étudiée. En d’autres termes, on connaît mal l’impact de l’environnement carcéral sur la santé mentale. C’est pourquoi avec le soutien de la Direction générale de la santé, de Santé Publique France et de la Fédération de recherches en psychiatrie et santé mentale, une nouvelle étude a été lancée afin d’évaluer la fréquence des troubles psychiatriques lors de la libération.

Intitulée Santé en population carcérale sortante, et menée au niveau national, cette étude vise aussi à déterminer le parcours de soins des personnes détenues souffrant de troubles psychiatriques, que ce soit avant, pendant ou après l’emprisonnement.

Les trente jours qui suivent immédiatement la sortie de prison constituent une période critique, avec un risque important de décès par suicide ou par overdose, mais aussi de décompensation psychiatrique. Or, malheureusement, l’articulation des soins psychiatriques entre la période d’incarcération et la vie hors des murs de la prison est aujourd’hui loin d’être satisfaisante.

Soulignons-le : la santé mentale des personnes incarcérées est souvent fragile. Il s’agit là d’un enjeu de santé publique important qui va bien au-delà de la prison puisque l’ensemble des personnes détenues seront, de facto, libérées à l’issue de leur peine d’emprisonnement. Les soins psychiatriques en milieu pénitentiaire devraient donc davantage s’articuler avec les services de soins en santé mentale en dehors des murs de la prison. Des dispositifs dits « d’interstice » pourraient être pensés, à l’instar des équipes mobiles transitionnelles expérimentées à Lille, et prochainement à Toulouse.   

https://theconversation.com/troubles-psychiatriques-a-lentree-en-prison-un-enjeu-de-sante-publique-153600

jeudi 25 février 2021

ETUDE RECHERCHE Religiosity and prevalence of suicide, psychiatric disorders and psychotic symptoms in the French general population Running title: Religiosity and psychiatric disorders

Religiosity and prevalence of suicide, psychiatric disorders and psychotic symptoms in the French general population Running title: Religiosity and psychiatric disorders

Maria Alice Brito 1, 2 Ali Amad 3 Benjamin Rolland 4 Pierre Geoffroy 1, 5 Hugo Peyre 6, 1 Jean-Luc Roelandt 7 Imane Benradia 7 Pierre Thomas 3 Guillaume Vaiva 3 Franck Schürhoff 8, 9 Baptiste Pignon 2, 9, 8
1 UP - Université de Paris
2 Pôle de Psychiatrie [Hôpital Henri Mondor]
3 LilNCog (ex-JPARC) - Lille Neurosciences & Cognition - U 1172
4 CRNL - Centre de recherche en neurosciences de Lyon
5 CHRU Lille - Centre Hospitalier Régional Universitaire [Lille]
6 Hôpital Robert Debré
7 EPSM - Etablissements Public de Santé [Lille-Métropole]
8 IMRB - Institut Mondor de Recherche Biomédicale
9 UPEC Médecine - Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne - Faculté de médecine

Abstract
: We aimed to examine the association between religious beliefs and observance and the prevalence of psychiatric disorders, psychotic symptoms and history of suicide attempts in the French general population. The cross-sectional survey interviewed 38,694 subjects between 1999 and 2003, using the MINI. Current religious beliefs and observance were identified by means of two questions: “are you a believer?” and “are you religiously observant?”. We studied the association between religiosity and psychiatric outcomes using a multivariable logistic regression model adjusted for sociodemographic characteristics, including migrant status. Religious beliefs were positively associated with psychotic symptoms and disorders [OR = 1.37, 95% CI (1.30–1.45) and OR = 1.38, 95% CI (1.20–1.58)], unipolar depressive disorder [OR = 1.15, 95% CI (1.06–1.23)] and generalized anxiety disorder [OR = 1.13, 95% CI (1.06–1.21)], but negatively associated with bipolar disorder [OR = 0.83, 95% CI (0.69–0.98)], alcohol use disorders [OR = 0.69, 95% CI (0.62–0.77)], substance use disorders [OR = 0.60, 95% CI (0.52–0.69)] and suicide attempts [OR = 0.90, 95% CI (0.82–0.99)]. Religious observance was positively associated with psychotic symptoms and disorders [OR = 1.38, 95% CI (1.20–1.58) and OR = 1.25, 95% CI (1.07–1.45)], but negatively associated with social anxiety disorder [OR = 0.87, 95% CI (0.76–0.99)], alcohol use disorders [OR = 0.60, 95% CI (0.51–0.70)], substance use disorders [OR = 0.48, 95% CI (0.38–0.60)] and suicide attempts [OR = 0.80, 95% CI (0.70–0.90)]. Among believers, religious observance was not associated with psychotic outcomes. Religiosity appears to be a complex and bidirectional determinant of psychiatric symptoms and disorders. In this respect, religiosity should be more thoroughly assessed in epidemiological psychiatric studies, as well as in clinical practice.
Keywords :
Type de document :
Article dans une revue
Domaine :
Sciences du Vivant [q-bio] / Médecine humaine et pathologie / Psychiatrie et santé mentale
Sciences du Vivant [q-bio] / Santé publique et épidémiologie

Soumis le : lundi 22 février 2021
Source https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03148739

samedi 23 janvier 2021

ETUDE RECHERCHE SUEDE Mort par suicide chez les personnes autistes : Au-delà du poisson-zèbre

Mort par suicide chez les personnes autistes : Au-delà du poisson-zèbre
22 janv. 2021 Par Jean Vinçot Blog : Le blog de Jean Vinçot

Un commentaire de l'étude danoise récemment publiée. Analyse des facteurs de risque, des recherches nécessaires. Sara Luterman : "des millions de dollars sont consacrés aux poissons zèbres génétiquement modifiés et aux rats qui font trop de toilettage, mais presque rien pour découvrir pourquoi tant d'adultes autistes font des tentatives de suicide"

 jamanetwork.com Traduction de "Death by Suicide Among People With Autism: Beyond Zebrafish" - 12 janvier 2021 - Commentaire par Mikle South, PhD1 ; Andreia P. Costa, PhD2 ; Carly McMorris, PhD3

Lire la suite https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/blog/220121/mort-par-suicide-chez-les-personnes-autistes-au-dela-du-poisson-zebre

lundi 7 décembre 2020

MAJ ETUDE RECHERCHE Prévention du risque suicidaire dans la schizophrénie : importance de la psychoéducation des familles

Article de recherche
Prévention du risque suicidaire dans la schizophrénie : importance de la psychoéducation des familles

Résumé

Objectif

Cette étude décrit l’évolution du taux de tentatives de suicide chez des patients avec schizophrénie avant, puis douze mois après qu’un de leur proche ait bénéficié du programme de psychoéducation à destination des familles Profamille.

Méthode

Étude rétrospective sur 1209 participants ayant participé au programme Profamille version V3.2 sur 40 centres français, belges et suisses. La présence de tentatives de suicide chez les patients a été évaluée par un auto-questionnaire renseigné par le proche participant à Profamille. Une évaluation T0 explore les 12 mois précédant le début du programme, l’évaluation T1 explore les 12 mois suivant le programme.

Résultats

Le taux de tentative de suicide est de 6,4 % avant Profamille, de 2,4 % 12 mois après la fin du programme. On observe une réduction significative du taux de tentatives de suicide au cours des 12 mois (p = 0,0003) suivant Profamille.

Conclusions

Cette étude montre l’impact favorable de Profamille dans la réduction du taux de tentatives de suicide chez les patients avec schizophrénie. Dans la perspective d’une réduction des tentatives de suicide, nos résultats suggèrent l’intérêt de proposer Profamille précocement, lorsque le risque est le plus important.


Mots clés
Psychoéducation Intervention familiale Suicide Thérapie comportementale et cognitive Schizophrénie Prévention