L’Unicef s’implique dans des actions de prévention du suicide des jeunes au Guyana et au Suriname
Venu en Guyane pour
un projet de coopération, Charles Pron le Directeur de l’Unicef pour le
Guyana et le Suriname a expliqué les actions engagées en faveur des
enfants sur le plateau des Guyane. Il est notamment revenu sur le
programme mis en place pour prévenir les suicides chez les jeunes, un
phénomène très alarmant dans la région qui touche essentiellement les
16-25 ans.
Catherine Lama •
Le 10 octobre 2023, une lettre ouverte de l’Unicef
France a été adressée au gouvernement français, elle alertait sur
l’urgence de mettre en place un plan spécifique sur la santé mentale
chez les jeunes face à l’augmentation très alarmante des cas de
dépression chez les adolescents. Une situation qui s’est exacerbée
durant et après la crise sanitaire covid. Ces problèmes de santé mentale
affectent durablement la jeunesse dans toutes les parties du globe et
c’est le cas sur le plateau des Guyanes. L’antenne de l’Unicef est basée à Georgetown et son rayonnement s’opère essentiellement au Guyana et au Suriname.
Un constat alarmant : le taux de suicides très élevé d’enfants
Le responsable de l’antenne Unicef sur la zone du Guyana et du
Suriname, Charles Pron mène depuis 3 ans des actions sur la santé
mentale chez les enfants. Ces deux pays figurent malheureusement parmi
les pays qui ont le taux le plus élevé au monde avec les Etats-Unis de
suicides d’enfants précise-t-il :
« Nous effectuons donc des actions de prévention, de plaidoyers
pour démystifier les problèmes de santé mentale, pour amener les enfants
à parler de leurs problèmes, leur permettre d’accéder aux services de
sensibilisation. Nous œuvrons à la formation de travailleurs sociaux, de
psychothérapeutes avec les universités. L’une des formes les plus
communes de suicides au Guyana et au Surinam c’est l’utilisation des
pesticides. Les enfants les boivent et s’empoisonnent. Nous travaillons
avec l’industrie des pesticides pour avoir un code de conduite pour le
marketing. Nous avons mis en place une hot-line pour la diffusion de
textos et avons mis en place.»
Une série d’actions pratiques comme les ateliers de sensibilisation,
un programme télévisé qui a été établi avec la première dame du
Suriname, Mme Santokhi dans lequel les jeunes s’expriment parlent à des
amis, des professeurs, des professionnels de la santé mentale.
Une implication forte du gouvernement guyanien aux côtés de l’Unicef
« Les droits des enfants ne s’arrêtent pas à une frontière à une
rivière, ils s’appliquent partout. Notre mandat doit promouvoir ces
droits de façon qu’ils soient respectés dans n’importe quel territoire
ou le long de n’importe quel fleuve frontière. S’agissant des migrants,
nous apportons un soutien immédiat aux personnes qui en ont besoin à
travers les services de l’état. L’État du Guyana est assez généreux avec
les migrants qu’ils viennent d’Haïti, du Venezuela comme c’est le cas
assez souvent. Nous proposons toute une gamme de services en matière de
santé, d’éducation, de protection car souvent ces enfants migrants sont
victimes d’abus, d’actes de violence. Nous soutenons les actions des
gouvernements guyanien et surinamais.»
Charles Pron précise que l’État du Guyana se projette depuis 3 ans
les budgets dans l’investissement durable dans l’éducation et de la
santé et ce sont les budgets qui s’accroissent le plus au sein de
l’enveloppe gouvernementale.
« Le président Irfaan Ali n’hésite jamais
à apporter son soutien aux programmes de l’Unicef, l’objectif principal
de son gouvernement est de distribuer la richesse du pays à travers des
programmes sociaux en santé et en éducation. Aussi nous travaillons de
façon étroite avec les ministères de la santé et de l’éducation […] »
Mais ces interventions gouvernementales ont d’abord concerné les
habitants de la frange littorale autour de Georgetown alors que beaucoup
de populations isolées se trouvent dans l’intérieur, notamment des
populations amérindiennes. Aussi les programmes Unicef mettent l’accent
sur des services de qualité dans l’intérieur du pays. Cela concerne
l’accès à l’eau potable, à des moyens sanitaires. Outre l’axe santé les
services de l’Unicef s’impliquent également pour l’amélioration de la
qualité de l’éducation.
Le directeur de l’Unicef reconnaît au gouvernement du Guyana son
appréhension d’une situation globale concernant la protection des droits
des enfants et son implication forte à mener des actions qui ne sont
pas limitées aux Guyaniens mais à tous les enfants recensés dans le pays
y compris les enfants des migrants.
Passage à l’acte suicidaire des mères en période de post-partum - 29/05/24
Doi : 10.1016/j.amp.2024.04.001
Virginie Jacob Alby a, ⁎, Anne-Charlotte Guérin b, Titouan Keribin b
a Laboratoire RPpsy (EA4050), université catholique de l’Ouest, Bretagne Nord, France
b Laboratoire RPpsy (EA4050), université catholique de l’Ouest, Angers, France
⁎Auteur correspondant. 36, rue Pichot, 35800 Dinard, France.36, rue PichotDinard35800France
Sous presse. Épreuves corrigées par l'auteur. Disponible en ligne depuis le Wednesday 29 May 2024
Résumé Objectifs L’objectif de notre étude est d’explorer les mécanismes à l’œuvre dans les cas de passages à l’acte suicidaires en période de post-partum. Il s’agit ici de souligner l’importance de l’accompagnement pluridisciplinaire, tant psychologique, médical que social, dans la mise en place d’un maillage pluridisciplinaire autour des parents pendant et après la grossesse.
Méthode Notre méthode consiste en une revue de la littérature sur les enjeux de l’accompagnement de femmes en ante- et post-partum, afin de prévenir ou d’accompagner la dépression du post-partum et les passages à l’acte pouvant en découler. Nous appuierons notre propos sur l’étude d’un cas clinique illustrant les points aveugles du système de soin.
Résultats Les résultats de notre étude montrent que la dynamique suicidaire en post-partum est multifactorielle, prenant sa source en période anténatale et parfois bien en amont, mêlant des facteurs endogènes et exogènes pour des femmes confrontées aux attendus supposés de la société envers la jeune mère. Il est également à noter que l’accompagnement de la dépression du post-partum se fait de façon inégale sur les différents territoires, par manque de moyens effectifs ou structurels, laisse échapper certains sujets au maillage professionnel et mène parfois un passage à l’acte.
Conclusion Nous observons que l’accompagnement pluridisciplinaire des femmes suicidaires permet de limiter les risques d’aggravation de la symptomatologie et d’un passage à l’acte. Nous encourageons le travail conjoint entre les professionnels institutionnels et les professionnels libéraux du champ psychiatrique, médical et social, pour la constitution du maillage pluridisciplinaire indispensable à l’accompagnement de toute femme dans son devenir mère, il s’agit d’une question de santé publique.Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
Mots clés : Accompagnement, Cas clinique, Comportements à risque, Dépression du post-partum, Étude de cas, Périnatalité, Psychopathologie
Plan Introduction Enjeux multifactoriels et incidences sur la dépression du post-partum Articulation entre dépression du post-partum et passage à l’acte suicidaire Importance du maillage pluridisciplinaire autour des mères en période périnatale Étude d’un cas de mort maternelle par suicide en post-partum Chiara Un désir d’enfant divisé Consommation de stupéfiants Un post-partum confiné Deux tentatives de suicide et un suicide abouti Le refus des soins psychiatriques : une mort intra-muros Conclusion Discussion avec l’auditoire Déclaration de liens d’intérêts
Prévention du suicide chez les jeunes et efficacité des programmes : une revue de littérature
Source https://www.santementale.fr 28/05/24
Conduite par Ludovic Soulié dans le cadre de son mémoire
d’infirmier en pratique avancée, cette revue systématique propose
d’identifier les bonnes pratiques de prévention du suicide et de la
récidive suicidaire chez les 15-34 ans, afin d’améliorer la qualité et
l’efficacité des programmes de prévention.
Le suicide est un problème de santé publique croissant, les jeunes de
15 à 29 ans sont la deuxième cause de mortalité dans le monde en 2019.
En France, le suicide représente la première cause de mortalité des
25-34 ans, et la deuxième cause chez les 15-24 ans en 2017.
Méthode : Évaluer les interventions et les mesures pour prévenir le
suicide et réduire les comportements suicidaires chez les jeunes.
Sources de données : Pubmed, ScienceDirect, PsycInfo et d’autres sources
de janvier 2002 à mars 2023.
Synthèse des données : 11 ECR, 8 études quantitatives, 2 qualitatives
et 1 mixte ont été incluses. Les preuves d’interventions psychologiques
suggèrent que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) réduit les
tentatives de suicide, les idées suicidaires et le désespoir par rapport
au traitement habituel. Des études suggèrent la thérapie
comportementale dialectique (TCD) réduisant les comportements
suicidaires et agis sur l’humeur. Des études préconisent un traitement
pharmacologique chez l’adulte réduisant les idées suicidaires ou les
tentatives de suicides. L’efficacité serait plus importante en combinant
avec une psychothérapie. Une revue prenant en compte tous les
traitements pharmacologiques est nécessaire.
Limitation : Les lacunes méthodologiques des études, l’hétérogénéité
des interventions et des mesures, la prise en charges pharmacologiques
sont les limites les plus significatives.
Conclusion : La TCC et la TCD ont toutes deux montré un avantage dans
la réduction des idées suicidaires par rapport à une prise en charge
classique chez les adolescents et les jeunes adultes. La TCC a également
réduit les tentatives de suicide. Les études inclues ont montré
l’intérêt d’une association pharmacologique et psychothérapeutiques chez
les adultes permettant la réduction du taux de suicide par rapport au
placebo. Les données disponibles sont limitées pour étayer l’efficacité
d’autres interventions pharmacologiques. Les mesures C-SSRS, SIQ, SIQ-JR
et ASQ sont un soutien lors des entretiens afin d’évaluer les
intentions et la gravité suicidaires.
• La prévention du suicide et la récidive : une revue
systématique afin d’améliorer la prise en charge à l’international et en
France, L. Soulié, Mémoire d’IPA, 2023, Université d’Aix-Marseille. En pdf
Suicide : toutes et tous concernés ! Osons en parler.
Le collectif Misaco vous invite à
une soirée pour parler santé mentale et prévention du suicide.
Le documentaire "A l’écoute" de Léa Menard sera diffusé, suivi
d’échanges avec la salle en présence de professionnelles de la Fondation
Saint-Jean-de-Dieu. Pot convivial à l’issue de la soirée.
Jeudi
6 juin à 20 h, salle du trait d’union, rue de Sainte-Anne, Saint-Julien.
Gratuit. Contact : 06 47 91 69 54, plebouffant@bretagne.mutualite.fr.
Gratuit
Salle du trait d’union
Rue de Sainte-Anne 22940 Saint-Julien
Comment les réseaux sociaux aident les personnes endeuillées par suicide
Publié le
Une étude révèle que plus de 61 % des personnes endeuillées
par suicide utilisent les réseaux sociaux après le décès d’un proche par
suicide, ce qui met en lumière le potentiel de ces plateformes à
soutenir les processus de deuil à l’ère digitale.
Les réseaux sociaux ont transformé la manière dont nous vivons et
expérimentons le deuil. Dans le cadre du développement récent de la platefome numérique ESPOIR dédiée aux personnes endeuillées par suicide, une étude, « The use of social media after bereavement by suicide : results from a French online survey »,
menée en France, explore comment ces plateformes numériques influencent
le processus de deuil des personnes confrontées au suicide d’un proche.
Les résultats révèlent l’ampleur de l’utilisation des réseaux sociaux
par ces personnes et mettent en lumière leur potentiel à soutenir les
processus de deuil à l’ère digitale.
Le deuil par suicide est une expérience particulièrement difficile, souvent associée à des défis uniques sur le plan émotionnel et social. Les réseaux sociaux émergent comme un outil précieux pour les personnes endeuillées, offrant des possibilités :
de connexion,
de partage
et de soutien en ligne.
Cette étude examine comment les personnes endeuillées par suicide en
France utilisent les réseaux sociaux et quelles sont leurs attentes à
leur égard.
Méthodologie de l’étude
Les chercheurs, dont Edouard Leaune, Héloïse Rouzé, Laurène
Lestienne, Kushtrim Bislimi, Margot Morgiève, Benoit Chalancon, Pauline
Lau-Taï, Guillaume Vaiva, Pierre Grandgenèvre, Julie Haesebaert et
Emmanuel Poulet, ont mené une enquête en ligne auprès d’un échantillon
de personnes endeuillées par suicide en France. Au total, 401
participants ont rempli un questionnaire évaluant leur utilisation des
réseaux sociaux après le décès de leur proche et leurs attentes à
l’égard des ressources en ligne.
Résultats clés
61,6 % des participants ont déclaré utiliser les médias sociaux après le décès d’un proche par suicide.
Les plateformes les plus utilisées étaient Facebook, WhatsApp et Instagram.
Les principaux usages des médias sociaux étaient de
contacter des pairs également touchés par le suicide et de commémorer la
mémoire du défunt.
Les attentes concernant les ressources en ligne comprenaient l’accès à des informations sur le suicide et le soutien des pairs.
Implications et perspectives
Cette étude souligne l’importance des réseaux sociaux pour
les personnes endeuillées par suicide en France. Elle met en lumière la
nécessité de développer des interventions basées sur les réseaux sociaux
pour fournir un soutien efficace à cette population vulnérable :
ceux qui ont récemment subi une perte,
ceux qui suivent une thérapie
et les parents endeuillés.
Des recherches futures devraient évaluer l’efficacité de ces
interventions et explorer comment les réseaux sociaux peuvent être
utilisés pour améliorer la santé mentale et le bien-être des personnes
endeuillées par suicide.
Si la Bretagne est la région de France qui connaît le
plus fort taux de suicide, il faut bien garder à
l’esprit qu’entre 2010 et 2017, la mortalité par suicide a baissé de 21% chez
les hommes et de 33% chez les femmes, signe que le suicide n’est pas une
fatalité et il peut être évité ! L’une
des étapes nécessaires est de lever le tabou et d’en parler : alors ne
passons pas le suicide sous silence et
discutons-en !
Comme
chaque année, le réseau prévention des risques liés à la souffrance psychique et
aux conduites suicidaires sur le pays de Cornouaille vous invite à une
journée GRATUITEde partages et de rencontres sur le thème :
Vous êtes
gendarmes, auxiliaires de vie, infirmières libérales, assistantes sociales,
éducateurs spécialisés…, élus d’une collectivité, bénévoles…. Nous vous
attendons nombreux pour échanger sur ce sujet qui nous concerne tous !
Le Centre Psychothérapique de Nancy (CPN) et le Centre Régional de
Prévention du Suicide (CRPS) sont heureux de vous annoncer
l’organisation d’une marche le : Dimanche 8 septembre 2024
en lien à la Journée Internationale de Prévention du Suicide.
Avec près de 10 000 décès et plus de 200 000 tentatives de suicide
chaque année, la prévention du suicide est un enjeu majeur de santé
publique.
A l’occasion de la Journée Internationale de Prévention du Suicide,
qui a lieu tous les 10 septembre, de nombreuses structures de soins, de
tous les pays, se mobilisent pour organiser des événements à visée
informative et préventive. A l’instar du ruban rouge qui symbolise la
lutte contre le SIDA ou du ruban rose qui sensibilise au cancer du sein,
c’est le flot jaune qui a été retenu pour symboliser la prévention du
suicide, le jaune étant la couleur de l’espoir !
Dans ce contexte, le CPN et le CRPS souhaitent organiser une Marche
Jaune le 8 septembre 2024 dans le centre-ville de Nancy qui débutera et
finira Place de la Carrière.
Cette marche, de 3,8 km environ, a pour but de promouvoir la
prévention du suicide de façon ludique et pédagogique en présentant aux
participants plusieurs ateliers répartis sur quatre stands qui
jalonneront le trajet. Des représentations culturelles vous seront
proposées par différents artistes et musiciens. Car, oui, la prévention
passe aussi par des moments de partage, d’altérité, de bien-être et de
loisirs !
Au programme :
Informations pratiques :
RDV : 10h
Point de départ et d’arrivée : Place de la Carrière
Fin de l’évènement : 12h30
Les thématiques abordées : Le suicide : quelques chiffres. Le suicide un choix ? Non ! Brisons les idées reçues avec un petit quizz. Mais comment s’apaiser ? Proposition de quelques exercices de relaxation. Tu comptes pour moi ! Comment agir face à un proche en souffrance. Vous n’êtes pas seul(e)s ! Les ressources face à une personne en détresse
Les activités culturelles proposées : Découverte des arbres à livres nancéiens : la culture comme ressource face à la souffrance !
Le chœur d’Hommes de Faridol porte la voix pour la prévention du
suicide. Venez découvrir ces amoureux de la polyphonie médiévale !
Un tirage au sort sera organisé à la fin de l’évènement et permettra de
gagner plusieurs lots ! La participation sera totalement gratuite.
Bonne chance à toutes et à tous !
Parcours de la marche :
Nous espérons pouvoir vous retrouver nombreux à cette Marche Jaune.
Pour vous inscrire, il vous suffit de flasher le QR Code ci-dessous.
L’inscription à cet événement est totalement gratuite et vous permettra
de recevoir à votre départ un tote bag contenant un t-shirt de
l’événement, une bouteille d’eau, un ticket pour le tirage au sort et
plusieurs goodies. Au plaisir de vous retrouver !
Un simple questionnaire est un outil de référence pour la prévention du suicide. Il ne fonctionne pas.
L'échelle de Columbia n'est pas inutile, mais le nombre de décès par suicide n'a jamais été aussi élevé.
Par Nick Keppler
A Simple Questionnaire Is a Gold-Standard Tool for Suicide Prevention. It’s Not Working.
Il y a huit ans, la Fondation américaine pour la prévention du suicide a annoncé son objectif de réduire les décès par suicide de 20 pour cent d'ici 2025. Il semble qu'elle n'y parviendra pas : Au cours des années qui ont suivi, les taux de suicide ont augmenté de 13 %. Les premiers chiffres indiquent qu'environ 50 000 personnes se sont suicidées rien qu'en 2023. Si l'on rapporte le nombre de décès à la population, il s'agit d'un chiffre record qui n'avait pas été atteint depuis le milieu de la Seconde Guerre mondiale. Les raisons sont multiples, complexes et difficiles à cerner. Le suicide est en augmentation depuis 1999, et la toxicomanie , la solitude et l'instabilité financière
ont également augmenté de plus en plus au cours de ces années. Au
milieu d’un échec angoissant de santé publique, certains chercheurs
s’interrogent sur la manière même dont nous déterminons qui est à risque
de suicide.
La version standard comprend six questions : Avez-vous souhaité être mort ? Avez-vous pensé à vous suicider ? Avez-vous réfléchi à la manière de le faire ? Avez-vous l'intention de passer à l'acte ? Avez-vous commencé à réfléchir à la manière de procéder ? Avez-vous fait quelque chose pour vous préparer ?
La
façon dont une personne répond à ces questions détermine souvent le
niveau de soins qu’elle recevra ensuite. L'échelle de Columbia peut
décider qui est rapidement libéré d'une salle d'urgence, qui est
programmé par un thérapeute pour un rendez-vous de suivi urgent et qui
un médecin de soins primaires oriente vers un psychiatre. En d’autres
termes, l’échelle de Columbia détermine qui court un risque imminent et
qui est probablement en sécurité sans traitement urgent.
Ce
n’est guère infaillible. Il suffit de regarder la tendance des suicides
pour comprendre la nécessité d’un meilleur système. Mais deux études
sont devenues les premières à tester l’échelle de Columbia à l’aide des
dossiers d’hôpitaux et de décès. Les chercheurs d'
un système hospitalier du Colorado ont suivi 92 643 personnes qui ont
été évaluées dans ses salles d'urgence et dépistées avec l'échelle de
Columbia. Sur les 11 personnes qui se sont ensuite suicidées, deux
seulement ont été signalées comme étant à haut risque. Pour la plupart des patients, le fait de passer l'échelle de Columbia semblait mettre un terme aux interventions de santé mentale.
Une étude suédoise
a utilisé les dossiers de 18 684 patients en urgence psychiatrique. Les
patients identifiés par l'échelle de Columbia étaient presque quatre
fois plus susceptibles de se suicider dans le mois suivant la visite aux
urgences, et deux fois plus susceptibles dans l'année. Mais les
chercheurs pensaient qu’il fallait quelque chose de plus. Ils ont conclu
que l’échelle de Columbia « pourrait être utilisée dans le cadre de la
prise en charge réelle comme première étape avant l’évaluation clinique
du suicide ».
Oui,
l’échelle de Columbia a peut-être empêché certains suicides dans ces
populations. Mais l’ensemble des évaluations de l’échelle de Columbia
montrent des preuves « mitigées », selon une méta-analyse, une étude qui combine systématiquement les recherches d’autres études.
Le
problème, affirment certains chercheurs, est que penser au suicide et
s’y préparer – les seuls domaines couverts par l’échelle de Columbia –
ne sont pas les seuls signes qu’une personne mettra fin à ses jours. Les
questions ne parviennent pas à aborder d'autres prédicteurs assez
clairs, comme l'isolement social, les événements stressants de la vie et l'accès aux armes à feu.
"Je pense qu'une grande partie de la recherche et de la science actuelle tente d'adopter une approche holistique des patients qui viennent nous voir pour nous faire part de leurs pensées d'automutilation ou de violence", a déclaré Bernard Chang, médecin urgentiste et chercheur à l'université de Columbia, soit dit en passant. L'échelle de Columbia n'est pas très détaillée. Elle n'interroge même pas les patients sur leur accès à des moyens létaux - par exemple, s'ils ont une arme à la maison.
Quelques
articles de revues récents ont mis en évidence les échecs de l’échelle
de Columbia et d’autres outils permettant de prédire les comportements
suicidaires. L’un d’eux a déclaré
: « leur précision dans la prédiction d’un événement futur est proche
de 0 ». «"Évaluations du risque de suicide : Pourquoi continuons-nous à nous y fier dix ans après qu'il a été démontré qu'elles étaient peu performantes ?» a demandé un autre , qui suggère que l'énergie utilisée pour tenter de prédire le suicide "serait mieux employée à ... fournir un traitement à ceux qui en ont besoin".
Certains chercheurs ont déploré que l'adaptation massive de l'échelle de Columbia, en particulier, se soit déroulée plus rapidement que la recherche qui l'évaluait. Certains affirment qu'elle surestime la relation entre l'idéation et l'action. Une partie des personnes qui pensent à mettre fin à leurs jours le font. "Mais il s'agit d'un très faible pourcentage", a déclaré Russell Copelan, psychiatre des urgences à la retraite et l'un des plus fervents militants en faveur d'une refonte. "Et il y a des personnes qui tentent de mettre fin à leurs jours mais qui n'ont pas d'idées.
Dans d’innombrables études
, les idées augmentent de façon exponentielle le risque de suicide. Mais il est difficile d'estimer le nombre de personnes qui éprouvent - ou admettent - des ruminations intensément sombres avant de tenter de mettre fin à leurs jours.
Une étude
portant sur des patients qui ont tenté de se suicider après avoir
évalué différemment leur risque de suicide a révélé qu'un quart d'entre
eux ont répondu « pas du tout » à une question leur demandant s'ils
avaient des pensées suicidaires. Les chercheurs de Kaiser Permanente ont parlé
à certains d’entre eux et ils « n’avaient pas d’idées suicidaires au
moment du dépistage ou craignaient les conséquences de la divulgation,
notamment la stigmatisation, la réaction excessive et la perte
d’autonomie ».
L'échelle
de Columbia peut persister en partie à cause de la façon dont elle est
commercialisée. "C'est brillant", a déclaré Copelan. Il donne aux
personnes qui recherchent désespérément un outil quelque chose de simple
qui peut les aider.
Le
plus grand défenseur de l’échelle Columbia est le scientifique
principal de l’équipe qui l’a créée il y a près de 20 ans. Kelly Posner
Gerstenhaber, professeur de psychiatrie à Columbia, supervise le projet
Columbia Lighthouse, qui promeut son utilisation . Elle joue dans un didacticiel YouTube sur l'application du test, publiant 11 versions sous-titrées en langues étrangères
. Dans une interview que j'ai faite avec elle, en réponse à une seule
question, elle a lancé un aperçu de 26 minutes de ses avantages, parsemé
d'anecdotes sur un meilleur fonctionnement des systèmes hospitaliers et
des gouvernements étrangers qui l'ont approché avec intérêt.
L'échelle
de Columbia découle d'une demande de l'Institut national de la santé
mentale concernant un outil de dépistage à utiliser pour une seule
étude. Mais indépendamment du NIMH, les chercheurs ont profité de
l'occasion pour créer une norme uniforme permettant d'évaluer le risque
de suicide, a déclaré Gerstenhaber. Il y en avait une poignée, ce qui, à
son avis, n'était pas idéal. Elle l'a comparé aux tests de tension
artérielle : « Si nous avions plus d'un brassard de tensiomètre, vous ne
sauriez pas ce que signifie votre tension artérielle aussi bien que
vous le devriez. »
Quant
à l'accent mis sur l'idéation et la planification, Gerstenhaber a
déclaré que la recherche a montré qu'ils constituaient le facteur le
plus important et que le succès du test réside dans sa simplicité.
L'échelle de Columbia prend quelques minutes. Des médecins surmenés sans
spécialité psychiatrique peuvent l’appliquer dans des urgences
précipitées. Les professionnels non médicaux peuvent l’utiliser. Il peut
être adapté à travers les pays et les cultures.
«Nous
savions que [les pensées et les comportements] étaient les premières
choses les plus importantes que vous deviez centraliser auprès de chaque
population», a-t-elle déclaré.
Gerstenhaber
attribue beaucoup de mérite à l'échelle de Columbia : limiter la
responsabilité juridique, impliquer des professionnels non médicaux dans
l'intervention et garantir que les ressources - tant financières que
l'attention du personnel - vont aux patients qui en ont le plus besoin.
Par exemple, l’Oklahoma, qui a adopté l’échelle Columbia lors d’une refonte de la prévention du suicide en 2014
, « a économisé des millions de dollars en réduisant les nuits
d’hospitalisation inutiles », ce qui a également permis aux cliniciens
de se concentrer sur les patients les plus à risque, a-t-elle déclaré.
Gerstenhaber tient une longue liste
de plus de 600 études démontrant que l'échelle de Columbia est justifiée, qu'elle est omniprésente ou facile à utiliser. Certaines la testent en tandem avec d'autres méthodes, d'autres sont des arguments préliminaires en faveur de son introduction dans les systèmes hospitaliers, et d'autres encore utilisent les tentatives et les retours aux urgences comme substituts du suicide ou des idées suicidaires. Selon elle, tous ces éléments l'emportent sur les récentes critiques formulées dans certaines revues universitaires. "Quand on regarde l'ensemble, c'est ce que l'on voit", a-t-elle déclaré.
Gerstenhaber
a déclaré que l'étude du Colorado, qui a souvent été citée par les
critiques, est fondamentalement erronée. L'étude a simplifié le statut
des patients comme étant à risque ou non, alors qu'en réalité il existe
une fourchette, a-t-elle déclaré. De plus, 11 patients décédés, c’est
trop peu pour en tirer des conclusions claires. (C’est l’un des défis de
l’étude des facteurs de risque de suicide : bien que le nombre de
suicides soit globalement préoccupant, il s’agit encore d’un résultat rare.)
Certains
des critiques les plus féroces de l'échelle Columbia, dont Copelan, sont allés jusqu'à créer des alternatives complètes. Un groupe qui
comprend un professeur de longue date de l'Université de Floride du Sud –
auteur d'un article demandant"Has the 'Gold Standard' Become a Liability ?" – a créé un test de huit questions qui interroge également sur les incidents récents d'automutilation et qui, au lieu de la structure oui/non de l'échelle de Columbia, demande aux patients d'évaluer la gravité de leurs pensées suicidaires.
Copelan
n'essaie pas d'imiter la simplicité de l'échelle de Columbia dans ses
évaluations. Celui destiné aux adolescents comporte 27 questions et
celui destiné aux adultes 29. Les patients sont interrogés sur leurs
conditions de vie, leur isolement et leur sentiment de lourdeur envers
les autres. Les adultes sont interrogés sur
la toxicomanie, les humiliations récentes et tout historique de
violence. L'évaluation demande également aux cliniciens de rechercher
des habitudes nerveuses, comme faire les cent pas ou se balancer d'avant
en arrière. "Il a tenté de couvrir la plus grande partie de ce paysage
avec la plus grande parcimonie possible", a déclaré Copelan.
Il
dit que lorsqu'il l'a présenté aux professionnels de la santé, la
plupart sont sceptiques. Selon lui, il y a une raison simple pour
laquelle l'échelle de Columbia reste omniprésente : "Le problème est que l'inertie est trop grande pour faire quelque chose de différent".
Les personnes récemment incarcérées représentent près de 20 % des suicides aux États-Unis
Batya Swift Yasgur
d'apres articles Recently Incarcerated Account for Nearly 20% of US Suicides 24 mai 2024 https://www.medscape.com/
Selon une nouvelle étude, près d'un cinquième des suicides aux États-Unis surviennent chez des personnes qui ont été incarcérées au cours de l'année précédente.
Une analyse de plus de sept millions d'adultes américains récemment incarcérés a révélé un risque de suicide presque neuf fois plus élevé dans l'année qui suit la libération et un risque presque sept fois plus élevé au cours des deux années qui suivent la libération, par rapport aux personnes non incarcérées.
Ces résultats suggèrent que l'incarcération récente devrait être considérée comme un facteur de risque de suicide, ont déclaré les chercheurs.
"Les efforts de prévention du suicide devraient se concentrer sur les personnes qui ont passé au moins une nuit en prison au cours de l'année écoulée", écrivent l'enquêteur Ted R. Miller, PhD, du Pacific Institute for Research and Evaluation, Beltsville, Maryland, et de la Curtin University School of Public Health, Silver Spring, Maryland, et ses collègues. "Les systèmes de santé pourraient développer des infrastructures pour identifier ces adultes à haut risque et fournir un dépistage et une prévention du suicide au niveau de la communauté."
L'étude a été publiée en lignele 10 mai 2024 dans JAMA Network Open .
Pour pallier le manque de données sur le risque de suicide après une incarcération récente, les chercheurs ont utilisé des estimations issues de méta-analyses et des recensements de prisons.
En 2019, un peu plus de sept millions de personnes (77 % d'hommes), soit 2,8 % de la population adulte américaine, ont été libérées au moins une fois d'une prison américaine, généralement après un bref séjour avant le procès. Parmi elles, 9121 sont décédées par suicide.
Par rapport au risque de suicide chez les personnes n'ayant jamais été incarcérées, les chercheurs ont constaté que le risque était presque neuf fois plus élevé dans l'année suivant la libération (risque relatif [RR], 8,95 ; IC à 95 %, 7,21-10,69) et presque sept fois plus élevé au cours de la deuxième année suivant la libération (RR, 6,98 ; IC à 95 %, 4,21-9,76).
Plus d'un quart (27%) de tous les suicides d'adultes aux États-Unis sont survenus chez des personnes anciennement incarcérées dans les deux ans suivant leur sortie de prison, et un cinquième dans l'année suivant leur sortie.
"Les résultats suggèrent qu'une meilleure intégration de la détection et de la prévention du risque de suicide dans les systèmes de santé et de justice pénale est essentielle pour faire progresser les efforts de prévention du suicide au niveau de la population", écrivent les auteurs.
Les chercheurs reconnaissent que les volumes élevés d'admissions et de sorties de prison, les courts séjours en prison et le manque de personnel limitent la capacité de nombreuses prisons à coordonner les soins avec des organismes de santé extérieurs.
"Le taux de suicide après le retour dans la communauté après un séjour en prison est plus élevé que le taux de suicide en prison, mais les prisons locales ont une capacité limitée à coordonner les activités de santé après la libération", écrivent les auteurs. "Ainsi, une approche globale visant à réduire le taux de suicide au niveau de la population américaine inclurait que les systèmes de santé examinent leurs abonnés ou leurs patients pour vérifier s'ils ont été arrêtés récemment ou s'ils ont eu affaire à la police, et qu'ils s'adressent aux personnes récemment libérées pour prévenir le suicide."
Dans un éditorial d'accompagnement
, Stuart A. Kinner, PhD, et Rohan Borchmann, PhD, tous deux de la
Melbourne School of Population and Global Health, Université de
Melbourne, Melbourne, Australie, notent que les personnes incarcérées "se distinguent par des problèmes de santé complexes qui nécessitent des soins coordonnés et multisectoriels".
"Les conclusions de Miller et de ses collègues apportent une preuve supplémentaire que l'incarcération est un marqueur important de la vulnérabilité et du risque de maladie", écrivent Kinner et Borchmann. "Pourtant, trop souvent, les soins de santé fournis à ces personnes avant, pendant et après l'incarcération manquent de ressources, sont interrompus et fragmentés.
La coordination des soins pour les personnes récemment incarcérées nécessitera un effort coordonné de la part de toutes les parties prenantes, y compris celles du système de justice pénale, affirment-ils.
"Les systèmes qui incarcèrent 7,1 millions de personnes aux États-Unis chaque année ne devraient pas bénéficier d'une carte de sortie de prison", écrivent-ils.
Cette
étude a été financée par des subventions des National Institutes of
Mental Health (NIMH)/National Institutes of Health (NIH) et du National
Center for Health and Justice Integration for Suicide Prevention. Miller
a déclaré avoir reçu des subventions du NIMH/NIH avec son employeur en
tant que sous-traitant pendant la conduite de l'étude et un contrat des
plaignants gouvernementaux dans le cadre des litiges liés aux opioïdes :
épidémiologie/planification de la réduction en dehors du travail
soumis. Les divulgations des autres auteurs sont répertoriées dans
l'article original. Kinner et Borschmann n'ont déclaré aucune relation
financière pertinente.
Batya
Swift Yasgur, MA, LSW, est une rédactrice indépendante ayant un cabinet
de conseil à Teaneck, New Jersey. Elle contribue régulièrement à de
nombreuses publications médicales, notamment Medscape Medical News et
WebMD, et est l'auteur de plusieurs livres sur la santé destinés aux
consommateurs ainsi que de Behind the Burqa: Our Lives in Afghanistan
and How We Escaped to Freedom (le mémoire de deux courageuses sœurs
afghanes qui lui ont raconté leur histoire).