Plantin veut relancer la production de truffes françaises
Le négociant leader du secteur espère convaincre les vignerons des Côtes-du-Rhône de convertir leurs terrains peu rentables en truffières. Il peine à séduire.
Par Paul Molga
Plantin veut profiter de la crise viticole que traverse le territoire vauclusien des Côtes-du-Rhône pour doper la filière française de production de truffes. « Nous manquons de terres où planter, alors que la demande explose partout dans le monde », regrette son directeur général, Nicolas Rouhier. C'est que ce sélectionneur et négociant leader du secteur court après la matière première. Ces trois dernières années, ses ventes ont bondi de 18 à 38 millions d'euros, dont la moitié est désormais écoulée à l'étranger.
L'entreprise , qui emploie 100 salariés, collecte déjà près de 100 tonnes de tubercules par an, en Provence-Alpes-Côte d'Azur - la première région de production en France - mais aussi dans d'autres régions (Charente, Drôme, Périgord) et ailleurs dans le monde. Notamment en Espagne, jusqu'en Australie et au Chili, pour couvrir les besoins de livraison de truffes fraîches pendant toute l'année.
Le poids de l'héritage
Plantin s'approvisionne directement auprès de 300 trufficulteurs professionnels et absorbe un bon tiers de la production française disponible dans les circuits officiels. « Il en faudrait au moins 50 de plus pour garantir nos avitaillements », calcule le patron. Pour combler le manque, il a investi en 2017 dans la plantation de 50 hectares de bonnes terres trouvées dans la péninsule Ibérique . L'an passé, le terrain lui a fourni une tonne de truffes. A maturité, il en produira trois fois plus.
Dans le Vaucluse, les choses sont plus compliquées. « Malgré la crise, les viticulteurs restent attachés à leurs vignes et rechignent à diversifier leurs cultures », explique Nicolas Rouhier. Il s'est donc associé au projet Terroir, porté par le Syndicat des vignerons des Côtes-du-Rhône dans le cadre du plan France Relance, pour favoriser la reconversion des terres agricoles peu rentables. Un premier succès modeste vient d'être obtenu avec la transformation de neuf hectares de plantation de lavande, la deuxième culture du département victime d'une grave crise . L'entreprise y investit en ce moment quelque 130.000 euros pour sécuriser et irriguer le terrain où 3.150 chênes truffiers ont pris place.
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Elle a également déployé un dispositif de formation personnalisée à destination des exploitants, assortie d'une garantie d'achat à terme. L'investissement nécessaire est un frein supplémentaire : pas moins de 15.000 euros par hectare, qui peuvent chacun espérer fournir une quarantaine de kilos de truffes dix ans plus tard, négociable entre 400 et 600 euros par kilo. Cette année, cinq vignerons se sont laissés convaincre.
Paul Molga (Correspondant à Marseille)