Nouvelle-Calédonie : l'état d'urgence entre en vigueur dès ce soir
Après deux nuits de violences, qui ont fait quatre morts, dont un gendarme, et des centaines de blessés, le chef de l'Etat a demandé que le gouvernement déclare l'état d'urgence sur le territoire. Il entre en vigueur à 20H00, heure de Paris.
Par Les Echos
Après une nouvelle nuit de violences en Nouvelle-Calédonie, l'état d'urgence va être décrété sur l'archipel. Emmanuel Macron, qui a tenu un Conseil de défense et de sécurité nationale sur la situation ce matin, avait demandé que le décret soit inscrit à l'ordre du jour du Conseil des ministres réuni à 16h30. L'état d'urgence entrera en vigueur à 20H00, heure de Paris, a annoncé le gouvernement en fin d'après-midi.
Plusieurs membres de l'opposition, dont la patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, réclamaient la mise en place de cet état d'urgence. Malgré le couvre-feu mis en place à Nouméa, les émeutes se sont en effet poursuivies pour la deuxième nuit consécutive, marquées par de nombreux incendies, pillages et échanges de tirs, y compris contre les forces de l'ordre.
Quatre personnes sont mortes dont un jeune gendarme mobile de 22 ans, qui a été atteint par une balle à la tête. « Toutes les violences sont intolérables et feront l'objet d'une réponse implacable pour assurer le retour de l'ordre républicain », a prévenu l'Elysée dans un communiqué.
Appels au calme
Les appels au calme se multiplient ce mercredi. Les principaux partis indépendantistes et non-indépendantistes de l'archipel ont, dans un communiqué commun, appelé « solennellement l'ensemble de la population » du territoire « au calme et à la raison ».
« Malgré la situation insurrectionnelle que nous traversons depuis quarante-huit heures et parce que nous sommes appelés à poursuivre le vivre-ensemble, nous appelons solennellement l'ensemble de la population au calme et à la raison », écrivent l'UC-FLNKS, l'Union nationale pour l'indépendance, Les Loyalistes, le Rassemblement-LR et l'Eveil océanien.
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Signe de l'agitation au sommet de l'Etat, Emmanuel Macron avait convoqué ce matin un Conseil de défense et de sécurité nationale consacré à la situation sur le Caillou. Le chef de l'Etat avait par ailleurs annulé son déplacement du jour à Fécamp (Seine-Maritime), où il devait inaugurer un parc d'éoliennes en mer.
Possible réunion du Congrès en juin
Ces nouvelles violences ont eu lieu alors même qu'en métropole, le projet de loi contesté d'une révision constitutionnelle du corps électoral, à l'origine de la colère du camp indépendantiste, a été adopté à l'Assemblée nationale par 351 voix contre 153. Si la gauche s'est opposée à son adoption, le RN et Les Républicains ont largement voté pour, comme l'écrasante majorité du camp présidentiel.
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Emmanuel Macron a invité indépendantistes et loyalistes à se mettre d'accord sur une réforme institutionnelle en Nouvelle-Calédonie. Faute de quoi, a-t-il averti, la révision constitutionnelle contestée, votée au Parlement, sera soumise au Congrès d'ici la fin juin pour une adoption définitive.
Si un accord est trouvé pour une révision plus large, un « nouveau projet de loi constitutionnelle » sera déposé, précise Emmanuel Macron. Les discussions pourront notamment porter sur l'organisation de l'autodétermination future et sur la répartition des compétences entre les provinces et le gouvernement de Nouvelle-Calédonie.