Eveia invente le minivélo connecté pour pédaler assis au bureau

« Sitting is the new smoking », alertent les autorités américaines. Autrement dit, notre vie au bureau, à rester assis et quasi immobile, porte les germes d'un fléau de santé comme la cigarette. C'est le credo de Vincent Foudrinier, un designer industriel français qui travaille pour des horlogers et des industriels de l'aéronautique.

En 2018, il a lancé son propre projet à travers la start-up Eveia : un minivélo aussi compact qu'un stepper que l'on croise dans les salles de fitness. Il se glisse sous un bureau. Son poids de 9 kg lui assure une stabilité au sol, et son pédalier intègre une roue à inertie qui fluidifie la rotation, « afin d'accompagner le mouvement et éviter aux genoux de frapper la table », précise l'inventeur, qui a déposé un brevet sur le système mécanique.

Lever 2,5 millions

Eveia a mis quatre ans pour sortir son vélo. « La crise a accéléré nos contacts, mais a ralenti nos approvisionnements, notamment en composants électroniques », se souvient Vincent Foudrinier, qui a fait appel à une quarantaine de fournisseurs, dont le fabricant de batteries Vlad à Tours et la société Evolt à Montpellier pour les applications, puisque ce vélo de bureau est connecté. L'assemblage de la première série de 1.000 vélos a été confié à l'électronicien Emka , près de Romorantin (Loir-et-Cher).

L'autre frein d'un tel projet destiné à un marché immense est le financement. « Je ne voulais pas d'un gadget. La plasturgie, la visserie, l'électronique, l'énergie, tout provient d'entreprises françaises et européennes. Les pièces sont traçables et remplaçables, et nous avons obtenu un marquage CE Médical , ce qui a un coût », explique Vincent Foudrinier, qui a mobilisé un million d'euros.

Au lancement, il avait réussi une opération de crowdfunding de 50.000 euros en échange d'une centaine de précommandes provenant de 18 pays. « Malgré les délais, aucun acquéreur ne s'est désisté », glisse-t-il. En mars 2020, Groupama est entré à hauteur de 20 % pour 400.000 euros. La jeune société, basée à Blois (Loir-et-Cher), a obtenu une aide à l'innovation du Conseil régional Centre-Val de Loire de 200.000 euros, et un prêt d'amorçage de Bpifrance du même montant. Elle prépare une deuxième levée de fonds de 2,5 millions pour lancer la production de 5.000 unités et recruter une force commerciale. Plusieurs groupes et distributeurs sont intéressés.