Mailinblack lève 14 millions d'euros pour internationaliser son antispam
La société va s'installer en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans les pays francophones, où elle ambitionne de réaliser la moitié de son activité. Elle profite des récentes vagues d'attaques de sécurité, avec un chiffre d'affaires qui enregistre une croissance de plus de 100 %.
Par Paul Molga
En dix ans, la société marseillaise Mailinblack a construit sa réputation en s'attaquant au point faible des robots qui inondent les boîtes mail de spams : ils ne savent ni lire ni écrire… Son logiciel demande à chaque émetteur de mail de s'authentifier en tapant un code inscrit dans sa requête. S'il répond, l'e-mail est transmis et l'adresse est ajoutée à la liste des expéditeurs autorisés. Mais comme les robots ne savent pas répondre, leurs spams vont donc être bloqués.
Cette parade a séduit en France près de 8.000 entreprises et un millier d'établissements publics, tels qu'hôpitaux et collectivités locales, soit au total plus de 1 million d'utilisateurs et 5 milliards de mails traités par an. L'entreprise va désormais s'attaquer aux consommateurs étrangers. Elle vient de lever dans cette perspective une somme de 14 millions d'euros auprès du fonds Entrepreneur Venture , du Crédit Agricole et de la Caisse d'Epargne. Cet apport va lui permettre d'accélérer ses développements en Europe, principalement en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans les pays francophones que Thomas Kerjean, récemment nommé directeur général, considère comme les plus mûrs.
Authentification humaine
Pour s'y implanter, il doit convaincre une myriade de distributeurs et de revendeurs (il en totalise 800 en France). Il compte également sur l'appui d'importants éditeurs, comme Microsoft, où il a passé dix-sept ans de sa carrière. « Nous visons une part de 50 % de l'activité à l'international dans cinq ans », ambitionne-t-il. Mailinblack dispose de sérieux atouts pour séduire de nouveaux clients. Protégée par plusieurs brevets, sa technologie se distingue par le recours à l'authentification humaine, « le moyen le plus sûr d'éviter la suppression de mails corrects », assure-t-il. Ainsi, seulement 4 % des clients de l'entreprise ne renouvellent pas leur abonnement, qui peut pourtant atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros selon le nombre d'utilisateurs.
Mailinblack utilisera également les fonds levés pour étendre ses territoires de recherche à l'intelligence artificielle pour protéger les utilisateurs de l'excès de mails, des tentatives d'hameçonnage et des sollicitations non désirées. Rien qu'en France, elle adresse un potentiel de 3 millions d'entreprises et de plus de 100.000 organismes publics. Profitant des vagues d'attaques de sécurité, elle a enregistré l'an passé une croissance de plus de 100 %.
Paul Molga (Correspondant à Marseille)