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Les villes courent après les économies face à la flambée des prix de l'énergie

Mises sous pression par l'envolée des prix de l'électricité et du gaz, les collectivités locales cherchent des économies tous azimuts. L'extinction partielle de l'éclairage public la nuit est l'une des solutions privilégiées.

La ville de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher) éteint désormais la lumière dans ses rues de 22 heures à 6 heures, « sauf devant les pharmacies et dans certaines artères ».
La ville de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher) éteint désormais la lumière dans ses rues de 22 heures à 6 heures, « sauf devant les pharmacies et dans certaines artères ». (iStock)

Par Laurent Thévenin

Publié le 22 juin 2022 à 12:09

Un degré en moins qui fait une grosse différence. Dans les piscines de Rennes, l'eau des bassins n'est plus qu'à 28 °C depuis le printemps, tandis que la température de l'air y a aussi été abaissée. Face à la flambée des prix de l'énergie, la collectivité bretonne tente de limiter la casse par tous les moyens. La facture d'électricité et de gaz va bondir cette année de 5,3 millions d'euros pour la ville, pour atteindre 13 millions d'euros, et de 1,7 million pour la métropole, et s'élever à 6,6 millions.

Le chauffage dans les écoles, les gymnases et les bâtiments des services a également été arrêté dès le 1er avril au lieu de la mi-mai. Autant de mesures qui ont permis « 300.000 euros d'économies », indique Johan Theuret, directeur général adjoint chargé des ressources de la ville et de la métropole de Rennes. L'objectif affiché est d'en réaliser 700.00  euros supplémentaires d'ici à fin 2022. Il est ainsi envisagé ​« de redémarrer le chauffage dans les écoles le plus tard possible » ou de « revoir le chauffage de certains sites ».

Piscine fermée

La chasse aux économies d'énergie - grandes et petites - bat son plein dans les collectivités locales. A Cabriès (Bouches-du-Rhône), la piscine municipale en plein air n'a pas ouvert début juin pour la saison estivale. Un « véritable crève-coeur » pour Amapola Ventron, maire de la ville. « Mais c'était ça ou augmenter les impôts fonciers », affirme l'élue, soulignant que le fonctionnement de cet équipement revient à 100.000 euros pour trois mois.

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« Au 1er mai, nous en étions déjà à 350.000 euros de dépenses d'électricité sur la commune, alors que nous avions budgété 400.000 euros pour cette année et que notre consommation a baissé de 12 % », détaille-t-elle. ​Plus question de laisser passer le moindre gaspillage. La commune enlève les détecteurs de mouvement - « parce que la lumière s'allume dès qu'une mouche passe devant… » - et installe des minuteurs.

En réduisant drastiquement l'éclairage public la nuit, elle va aussi économiser 140.000 euros jusqu'à la fin de l'année. De nombreuses autres communes s'y sont mises cette année, comme Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher), qui éteint depuis le 1er juin la lumière dans ses rues de 22 heures à 6 heures, « sauf devant les pharmacies et dans certaines artères », précise le maire, Jeanny Lorgeoux.

Avec le remplacement en cours de tous les points lumineux par des LED, l'élu espère voir la facture baisser de 30 % à 40 % à partir de 2023. Il se donne un an pour voir si ces mesures suffisent, mais « cela dépendra de la stabilisation des cours mondiaux ».

« Pour l'hiver prochain, il n'y a pas grand-chose à faire à part prendre des mesures de sobriété », estime Sébastien Maire, délégué général de l'association France ville durable. « Jusqu'à présent, on avait réussi à faire de fortes économies sur l'électricité, mais la hausse des prix est tellement vertigineuse que cela emporte tout », appuie Stéphane Pintre, directeur général des services d'Antibes (Alpes-Maritimes), qui prévoit 1 million d'euros de dépenses supplémentaires en 2022 pour l'électricité et 1,2 million pour le gaz.

D'autant que la hausse du prix des matières premières dans les cantines scolaires va aussi grever les budgets. « Les collectivités qui sont en train de renouveler leurs contrats de gaz ou d'électricité vont prendre de plein fouet des hausses de 50 % à 200 %. Et les prix vont rester très hauts », anticipe Lionel Guy, à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, qui milite pour une « dotation d'énergie d'urgence ».

Le courtier lyonnais Opéra Energie, qui aide les collectivités locales à monter leurs cahiers des charges pour les marchés publics, est deux fois plus sollicité que d'habitude, indique son directeur général et cofondateur, Julien Teddé. « On leur conseille d'anticiper au maximum les échéances », souligne-t-il. « En 2020, beaucoup de collectivités en avaient profité pour faire des achats sur le plus long terme possible parce que les prix de gros étaient au plancher », illustre-t-il.

Réduire la dépendance énergétique

A plus long terme, l'heure est à l'accélération de la rénovation énergétique des bâtiments publics. La communauté d'agglomération du Grand Chalon, en Saône-et-Loire, va ainsi lancer un tel chantier pour son centre aquatique, qui engloutit 50 % de sa consommation énergétique. L'opération était prévue avant l'envolée des prix. « Nous avons encore plus intérêt à la faire. Cela va nous coûter plus de 3 millions d'euros, mais nous économiserons ensuite 400.000 euros par an », se félicite Sébastien Martin, son président.

De quoi inciter aussi les collectivités à réduire leur dépendance énergétique. Après avoir couvert le toit du siège de l'agglomération de panneaux photovoltaïques, Quimperlé Communauté (Finistère) vient ainsi de faire de même sur le parking du centre aquatique intercommunal. L'énergie produite sera autoconsommée à 100 % par cette piscine. « L'investissement sera rentabilisé en sept à dix ans », indique Sébastien Miossec, le président de la communauté d'agglomération.

Dans l'Aude, le Syaden se met à l'achat « dynamique » pour le gaz

Le Syndicat audois d'énergies et du numérique (Syaden), qui a constitué un groupement d'achat de gaz naturel pour les collectivités de l'Aude, va changer sa manière d'acheter. Il ne va plus s'engager sur un prix fixé pour quatre ans comme c'était le cas jusqu'ici. « Nous allons désormais suivre les cours de la Bourse du gaz et acheter au moment où la molécule est la moins chère, un peu comme des traders », explique Régis Banquet, son président, qui est également à la tête de la communauté d'agglomération de Carcassonne. Le Syaden va charger un fournisseur - Gaz de Bordeaux - d'effectuer ces opérations.

Laurent Thévenin

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