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La lente scission de Grigny 2

Dans l'immense copropriété dégradée, les acquisitions de logements par l'établissement public foncier d'Ile-de-France ont démarré à un rythme soutenu, mais les financements manquent pour les travaux urgents.

Dans cette commune essonnienne, la copropriété géante (104 bâtiments, 5.000 logements) est minée par les difficultés de ses habitants, particulièrement pauvres
Dans cette commune essonnienne, la copropriété géante (104 bâtiments, 5.000 logements) est minée par les difficultés de ses habitants, particulièrement pauvres (HAMILTON/REA)
Publié le 16 janv. 2018 à 18:07

La mise en oeuvre de l'opération de requalification des copropriétés dégradées d'intérêt national (Orcod-IN) de Grigny 2 va s'accélérer en 2018. L'établissement public foncier d'Ile-de-France (Epfif), chargé de son pilotage, l'a annoncé à l'issue du comité directeur organisé en décembre. 47 logements avaient été acquis par l'établissement fin 2017. Plus de 200 supplémentaires devraient l'être en 2018.

Dans cette commune essonnienne, la copropriété géante (104 bâtiments, 5.000 logements) est minée par les difficultés de ses habitants, particulièrement pauvres. La gravité de la situation est officiellement établie depuis août 2014, date de l'adoption d'un plan de sauvegarde de la copropriété sous l'égide du préfet.

Etudes de préfiguration, décret au Conseil d'Etat, convention formalisant les engagements des partenaires publics : l'Orcod-IN a finalement été réellement lancée en avril dernier. Et depuis trois ans, toute la difficulté consiste à mener un projet de long terme tout en parant aux urgences.

Suroccupation

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« L'incendie qui s'est propagé en août dans deux cages d'escalier nous a fourni une photographie comme nous n'en avions jamais eue de la réalité de la suroccupation de Grigny 2 », rappelle ainsi le maire (PCF) de la ville, Philippe Rio. Après avoir constaté la rapidité de la propagation de l'incendie (d'origine non criminelle), il a fallu provisoirement reloger les familles.

Six des 60 logements concernés accueillaient 23 ménages. Une suroccupation de 10 % qui, extrapolée à l'échelle de la copropriété, pourrait concerner 500 logements, calcule l'élu local, soulignant la nécessité d'évolutions législatives afin de pouvoir lutter efficacement contre les marchands de sommeil.

« Depuis avril, dès qu'un logement est vendu par adjudication [après saisie…], on le préempte, car c'est souvent la voie d'entrée des marchands de sommeil », explique de son côté Joëlle Boneu, directrice des opérations Orcod à l'Epfif. L'établissement exerce également un droit de préemption sur les mutations en cours, en ciblant les immeubles les plus en difficulté, tout en menant des négociations amiables avec des propriétaires désireux de vendre.

Requalifier tout le quartier

Des études urbaines ont été lancées afin de définir d'ici à l'automne prochain plusieurs scénarios d'aménagement en vue d'une requalification globale du quartier. Parallèlement, des diagnostics techniques et financiers sont menés sur le syndicat principal et les 27 secondaires qui constituent la copropriété.

Objectif : créer à terme des ensembles immobiliers indépendants, avec une stratégie adaptée à chacun (maintien en copropriété, transformation en logement social…), le tout en traitant leurs difficultés financières (renégociation de la dette qui atteint 15 millions d'euros pour l'ensemble de la copropriété, réduction des charges…).

« La scission va prendre un peu de temps » note-t-on à l'Epfif. Or des travaux urgents sont à mener, notamment en matière de sécurité incendie. Et si l'Agence nationale de l'habitat (Anah) a confirmé son engagement à hauteur de 50 % des sommes engagées, la région, qui avait cofinancé une première vague de travaux en 2014-2015, refuse désormais de participer, arguant du caractère « dérogatoire » de l'opération, « qui nécessite une intervention nationale ». Quel que soit l'avenir du quartier à 5 ou 10 ans, la question du financement des travaux d'urgence est aujourd'hui sans réponse.

À noter

Grigny 2 compte 17.000 habitants. Leur revenu médian est deux fois inférieur à la moyenne essonnienne pour les propriétaires occupants, trois fois pour les locataires.

Marie Bidault

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