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Auvergne-Rhône-Alpes: vers un doublement du nombre de méthaniseurs d'ici à 2023

La région Auvergne-Rhône-Alpes et l'Etat ambitionnent de décupler l'injection de biométhane dans le réseau de gaz en créant 90 nouvelles unités de plus grande taille. Au-delà de cette charte à cinq ans, l'objectif du Schéma Régional Biomasse prévoit 600 méthaniseurs en 2035.

Un  méthaniseur agricole à Verrieres-en-Forez
Un méthaniseur agricole à Verrieres-en-Forez (Robert Forez)

Par Léa Delpont

Publié le 18 juin 2019 à 13:53

La méthanisation représente 1,5 % du mix énergétique d'Auvergne-Rhône-Alpes, avec 90 petites unités en service fin 2018. Et aucune dans la métropole lyonnaise… en dehors du pilote d'Engie, Gaya, consommateur de résidus secs d'origine forestière , et de trois projets récemment déclarés dans la Vallée de la Chimie . En comparaison, la production hydroélectrique compte pour 19 %.

Mais en vertu de la charte signée en Préfecture le 29 mai par l'Etat, la Région et sept autres partenaires (GRDF, GRT-Gaz…), ce gisement d'énergie renouvelable pourrait atteindre 12 % de la production régionale d'ici à 2030. Dans un premier temps, cette charte appelle la création de 90 nouvelles unités (une vingtaine par an), de taille plus conséquente, à horizon 2023, permettant d'injecter dans le réseau 1.075 Gigawatt-heure de gaz vert, contre 120 actuellement.

Le Conseil Régional, en ligne avec ces objectifs, en a déjà subventionné douze depuis le début de l'année. A plus longue échéance, en 2035, le Schéma Régional Biomasse (SRB) en cours de rédaction, prévoit même 670 méthaniseurs en 2035, pour une capacité de production de biométhane de 5.500 GWh. Soit un rythme soutenu de 35 nouvelles installations par an.

12 millions de tonnes de biodéchets

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« La ressource de biodéchets est abondante », souligne Eric Fournier, vice-président délégué à l'Environnement . Environ 12 millions de tonnes de matière brute mobilisable à l'échelle du territoire, soit « un potentiel de 10 Terawatt-heure, l'équivalent de la consommation de la Métropole de Lyon », précise Jean-Pierre Bes, directeur régional bpifrance, qui propose via la charte « des prêts sans garantie de 100 à 500.000 euros aux porteurs de projet, sur douze ans, avec différé d'amortissement ». Par le jeu des aides régionales, prêts de bpi, subventions de l'Ademe et avances remboursables de l'Agence de l'Eau - deux autres signataires du texte -, « des projets de taille moyenne, de 4 à 5 millions d'euros d'investissement, peuvent trouver jusqu'à 40 % de financements », dit Eric Fournier. Ces porteurs de projets sont souvent des groupements agricoles, et parfois des collectivités locales, « qui dégagent rapidement des économies sur l'incinération des boues de stations d'épuration. L'amortissement est plus rapide qu'une installation solaire », assure-t-il.

Digestats de qualité

Mais la ressource méthanisable est à 90 % d'origine agricole : effluents d'élevages (lisiers, fumiers), résidus de cultures et cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) - pratiquées dans le cadre d'assolements. Ce n'est pas la même matière première en Ardèche, en Savoie ou dans l'Allier. En zones urbaines, les biodéchets ménagers et de la restauration collective, ainsi que les boues d'épuration, constituent un autre gisement fermentescible, « identifié très finement à la maille des EPCI », souligne l'élu. « L'important, c'est de dimensionner les projets à la taille de la ressource locale », dit-il. Pas question de faire voyager les déchets d'un bout à l'autre de la région. « Plus qu'une charte, c'est une refondation de notre politique énergétique ».

Outre le potentiel de consommation, bien au-delà de celui de production, il y a dans l'agriculture encore des utilisateurs pour les sous-produits de la méthanisation : « Les digestats peuvent servir de fertilisants : ils sont à la fois moins polluants et moins coûteux que les engrais chimiques », ajoute Christine Mesurolle, secrétaire générale adjointe de la Préfecture. C'est donc doublement vertueux pour le monde paysan, autre partenaire de la Charte à travers la Chambre d'Agriculture. « Nous voulons un modèle économique durable, avec un certain nombre de contraintes sur la qualité des digestats et l'absence de concurrence avec l'alimentation humaine et animale », précise l'ingénieure des Ponts, Eaux et Forêts.

Techniquement, il n'y a aucune limite dans le réseau de gaz pour distribuer du biométhane. Mais la réglementation est en cours d'évolution sur les digestats et les droits d'injection, afin de faciliter l'émergence de projets.

Léa Delpont (Correspondante à Lyon)

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