Végétalisation : la PME Le Prieuré sur le toit des JO
Retenue pour les Jeux Olympiques de Paris, l'entreprise familiale du Loir-et-Cher se diversifie dans le solaire.
Par Stephane Frachet
Un mal pour un bien. La multiplication des canicules cet été a agressé les toitures végétalisées de Le Prieuré Vegetal i.D. en les asséchant. Mais ces coups de chaud ont aussi contribué à une prise de conscience : les îlots de chaleur en ville ne sont plus un vague concept, et les toits et façades qui respirent grâce aux plantes ne sont plus un gadget. C'est, en substance, le constat de Raphaël Lamé, le fondateur de cette entreprise familiale du Loir-et-Cher, qui compte 70 salariés et a planté 3 millions de mètres carrés de toitures végétales en vingt-cinq ans d'existence.
Cet été, cette entreprise - qui ne publie pas ses comptes - a remporté le marché de la couverture des toits en terrasse sur huit bâtiments du futur village de Saint-Denis pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024 , ainsi qu'un stade à Bobigny. « Ce ne seront pas seulement des sédums [une plante grasse, NDLR] couvre-sol ; nous créons de vrais parcours arborés, des jardins d'agréments. Au-delà de ce contrat, le marché a évolué : nous allons vers des espaces verts accessibles pour les logements et les bâtiments d'entreprises, en répondant à une demande de qualité de vie au travail », plaide le dirigeant, qui dispose d'une pépinière de 40 hectares à Moisy, près de Vendôme (Loir-et-Cher).
L'accent sur l'Espagne
Comme les autres entreprises du secteur, Le Prieuré mise sur la publication du décret d'application de la loi Climat et Résilience de 2021, qui devrait étendre l'obligation sur la gestion des eaux pluviales à partir des toits, en leur donnant un rôle d'éponge. « La précédente loi Climat nous avait déjà donné un coup d'accélérateur grâce à l'obligation de végétaliser ou de solariser les toitures des bâtiments professionnels de plus de 1.000 mètres carrés », explique Raphaël Lamé, qui a remporté un marché emblématique, la couverture du magasin Ikea de Nice , où l'enjeu inondation est crucial.
Plutôt que de se battre avec les professionnels du panneau solaire, Le Prieuré a choisi d'intégrer cette technologie dans ses solutions. En partenariat avec Triangle, une autre PME du Loir-et-Cher qui produit et installe des structures métalliques, il propose d'associer la verdure et le photovoltaïque.
Pour répondre à ces marchés porteurs, la PME recherche des poseurs dans toute la France. Elle développe sa filiale espagnole, qu'elle a acquise en 2018, près de Barcelone, et qui emploie une dizaine de personnes. En revanche, elle se désengage des Etats-Unis. « Trop grand, trop de ressources mobilisées », résume Raphaël Lamé, qui cherche un partenaire outre-Atlantique.
Stéphane Frachet (Correspondant à Tours)