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Séminaire gouvernemental : l'équipe Jospin en quête d'un nouveau souffle

Publié le 30 mars 2001 à 01:01

Quinze jours après le second tour des élections municipales, Lionel Jospin réunit son gouvernement demain en séminaire pour tirer les leçons d'un scrutin qui a sonné comme un avertissement aux oreilles de la gauche. « Quelles inflexions apporte-t-on, tout en gardant le cap ? Que doit-on renvoyer au projet ? » : en s'interrogeant ainsi, mardi soir, lors d'un conseil national du PS, le Premier ministre a résumé les deux débats qui secouent la majorité à un an des élections législatives et présidentielle.

Le premier a trait à la dose de « social » qu'il convient d'insuffler d'ici à un an pour tenter de reconquérir l'électorat populaire et les déçus de la gauche plurielle. Le second concerne l'articulation à opérer entre les mesures que peut annoncer immédiatement le gouvernement et celles qui pourraient alimenter le projet législatif et présidentiel de 2002.

« Il s'agit avant tout de retrouver une dynamique », résume un ministre, tandis que Laurent Fabius s'essaie déjà à tracer quelques pistes. « Notre objectif doit être "plus un seul jeune au chômage" », a lancé le ministre de l'Economie et des Finances mardi soir, en insistant aussi sur les thèmes de la sécurité, de la formation, de la réforme de l'Etat et de l'Europe.

Le débat dans la majorité est vif puisque les Verts, le PC et le MDC pressent le gouvernement d'adopter des gestes forts sur le SMIC et les minima sociaux, tandis que le PS demande des mesures lisibles visant à améliorer la vie quotidienne des Français (sécurité, logement, retour à l'emploi, politique salariale). Les échanges entre ministres promettent d'être nourris, le séminaire étant l'occasion pour chacun d'exposer ses priorités et d'essayer d'obtenir des moyens supplémentaires alors que Lionel Jospin doit leur adresser à la mi-avril les lettres de cadrage pour la préparation du budget 2002. Sans surprise, Laurent Fabius jouera, ès qualités, le gardien des grands équilibres, en faisant valoir que le ralentissement économique interdit toute embardée budgétaire.

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Bas salaires et emploi. C'est l'un des points sur lesquels le gouvernement est le plus attendu par la majorité plurielle. Premier sujet sur la table : les salaires des fonctionnaires. Les syndicats souhaitent la réouverture des négociations et exigent plus que le 1,2 % d'augmentation en 2001 et 2002 auquel le gouvernement a voulu jusqu'à présent se limiter. Hier, Michel Sapin a répété la position à laquelle Lionel Jospin se tient ces dernières semaines : un geste supplémentaire sera sans doute fait, mais probablement sur les bas salaires.

Dans le privé, la question est un peu la même. Ces dernières années, les salaires ont peu progressé. Si plus de 1 million d'emplois ont été créés, ils sont, de surcroît, souvent peu payés : les sept huitièmes afficheraient une rémunération inférieure à 7.400 francs net par mois. Le gouvernement a l'intention d'utiliser les deux prochains rendez-vous qui s'offrent à lui. Elisabeth Guigou demandera, fin avril, aux branches professionnelles de rouvrir des négociations sur les bas salaires et les minima conventionnels _ mais elle sait déjà que ses moyens d'action sont limités. Sans que cela soit explicite, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité milite, si son appel n'est pas entendu, pour une revalorisation franche du SMIC au 1er juillet. Celui-ci augmentera mécaniquement, du fait des 35 heures, d'environ 3 %. La décision sera prise plus tard, mais Lionel Jospin semble, pour la première fois, tenté par un coup de pouce supplémentaire, même si l'ampleur de ce geste fait encore débat, Laurent Fabius défendant le maintien d'un partage emplois-salaires favorable aux premiers.

Exclusion et minima sociaux. Outre les jeunes, le nouveau plan contre les exclusions, qui sera présenté en mai, mettra l'accent sur le retour à l'emploi des personnes qui en sont le plus éloignées. Elisabeth Guigou souhaite renforcer, par exemple, les possibilités de cumul d'une activité et d'un minima social. En revanche, une nouvelle revalorisation des minima sociaux, souhaitée par une partie de la majorité plurielle, ne semble pas avoir ses faveurs. Le RMI et l'allocation de solidarité spécifique (les chômeurs qui ne sont plus indemnisés par l'Unedic) ont respectivement augmenté de 8,5 % et 13,8 % depuis 1997.

Jeunes en difficulté. Alors que le dossier « pérennisation des emplois-jeunes » est toujours en attente, Elisabeth Guigou travaille à des mesures destinées aux jeunes en grande difficulté, dans le cadre du nouveau plan contre les exclusions. Le PS pousse aussi en ce sens, de même qu'il semble converti à l'idée d'une allocation d'accès à l'autonomie pour tous les jeunes. Depuis la publication des rapports du Plan, puis du Conseil économique et social, qui prônent la création d'une allocation autonomie, le ministre délégué à la Famille, Ségolène Royal, comme Marie-George Buffet, le ministre de la Jeunesse et des Sports, « consultent » à tour de bras. Si un tel dispositif _ dont le coût, très onéreux, est évalué à 28 milliards de francs _ n'a aucune chance de voir le jour sous cette mandature, il devrait figurer en bonne place dans le programme de la gauche plurielle pour les législatives de 2002. En attendant, Ségolène Royal, veut s'employer à poser des jalons lors de la conférence de la famille, en juin.

Sécurité. Les mauvaises statistiques sur la délinquance en 2000 (+5,7 %, la plus forte hausse de ces dernières années) malgré la priorité donnée au thème de la sécurité depuis 1997, devraient inciter le gouvernement à accentuer son effort dans ce domaine. Daniel Vaillant, le ministre de l'Intérieur, avait indiqué en début de semaine que le séminaire de samedi sera l'occasion de présenter des mesures nouvelles pour intensifier l'action de l'Etat en matière de lutte contre l'insécurité. Mais, au-delà de la question des moyens budgétaires, accentuer l'effort signifie surtout donner une orientation plus sécuritaire à la politique menée, une option qui divise encore beaucoup la gauche.

Logement social : la nouvelle secrétaire d'Etat, Marie-Noëlle Lienemann, demandera une accélération des opérations de « démolition-reconstruction » dans les « cités ». Elle poussera aussi à une réforme de l'accession sociale à la propriété, en particulier pour les jeunes.

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