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L'Insee parie sur la demande intérieure pour compenser l'affaiblissement de l'environnement international

L'Institut national de la statistique prévoit toujours une croissance d'environ 3 % cette année. Si les marchés extérieurs se détériorent, la demande intérieure se redresserait plus vite que prévu en décembre.

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Par Claude Fouquet

Publié le 30 mars 2001 à 01:01

Contrairement aux industriels, les économistes de l'Insee gardent le moral et ont confirmé hier le diagnostic sur l'économie française qu'ils avaient établi fin décembre. En dépit d'un environnement international nettement plus chahuté (ralentissement américain, incapacité du Japon à sortir de la crise, fragilité grandissante de l'économie allemande...), ils créditent toujours l'Hexagone d'une croissance évoluant sur une tendance proche de 3 %. Selon eux, l'acquis de croissance à la fin du premier semestre (c'est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l'activité demeurait étale au second semestre) serait de 2,5 %.

Le nouvel objectif officiel rendu public la semaine dernière par Laurent Fabius serait à portée de main : le gouvernement table sur une croissance comprise entre 2,7 % et 3,1 % cette année.

Le régime est donc le même, mais le réglage du moteur a été quelque peu modifié afin de l'adapter à un environnement un peu plus chahuté. « Le diagnostic de décembre est inchangé mais ses traits sont accentués », expliquent les statisticiens publics. S'ils estiment que l'évolution du commerce extérieur sera plus défavorable à la croissance, ils ont revu à la hausse le dynamisme de la demande intérieure. « Bien que la progression des achats soit apparue modérée en fin d'année dernière, l'accélération du revenu a commencé à se faire sentir dès le quatrième trimestre de 2000 », et les six premiers mois de 2001 devraient être marqués « par une amplification de ce mouvement », estime l'Insee. La consommation des ménages rebondirait « sur un rythme annualisé de l'ordre de 6 % ».

Parallèlement, les dépenses de services continueraient aussi d'être dynamiques, « stimulées par la diffusion des services de télécommunications et la baisse ininterrompue des prix de ce secteur ».

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Cette fringale d'achats serait entretenue par deux facteurs : l'emploi, qui nourrit la confiance des ménages ; la bonne tenue des revenus, qui permet aux Français de dépenser et d'économiser en même temps.

Bonne tenue du pouvoir d'achat
Même si la progression de l'emploi « s'infléchissait quelque peu en raison d'une atténuation des effets de la RTT », l'emploi total progresserait d'environ 240.000 postes au cours du semestre, permettant la poursuite de la baisse du chômage qui, fin juin, « se replierait aux alentours de 8,5 % de la population active (9 % fin janvier) ». Les salaires de base s'accéléreraient légèrement : leur glissement annuel passerait ainsi de 1,6 % à la mi-2000 à 2,2 % à la mi-2001. Parallèlement, le repli de l'inflation par rapport à son niveau de 2001 contribuerait aussi à la bonne tenue du pouvoir d'achat. Dans ce contexte, les entreprises, échaudées sur les marchés extérieurs, poursuivraient leur effort d'investissement, assurant ainsi le second moteur de la demande intérieure.

Ce tableau, somme toute rassurant, ne veut pas dire que la France est assurée de passer à côté de la crise qui, partie des Etats-Unis, touche désormais pratiquement la moitié du PIB mondial.

C'est sans doute aller un peu vite en besogne. Si le danger semble à peu près écarté pour le premier semestre, les incertitudes sont réelles pour la suite. Les estimations réalisées par la Direction de la prévision, à Bercy, ou par l'Insee pour tenter de mesurer l'impact du ralentissement américain sur l'économie mondiale sont édifiantes. En ne s'attachant qu'aux effets commerciaux, ils estiment qu'une baisse d'un point de l'activité américaine coûterait entre 0,07 et 0,20 point de croissance à la zone euro, selon que l'on considère les effets mécaniques directs et l'« écho » (impact du ralentissement des exportations sur l'activité). La France, contrairement à une idée reçue, ne serait pas mieux protégée que ses principaux voisins (voir graphique), et notamment l'Allemagne. Dans ces deux pays, le manque à gagner à l'horizon d'un an serait en effet quasi identique.

C. F.

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