Réformes : rappel à l'ordre de la Banque du Japon
Donnant donnant : après avoir remis en vigueur une politique de taux zéro, le gouverneur de la Banque du Japon, Masaru Hayami, a renouvelé, mardi, ses appels au gouvernement pour que s'accélèrent les réformes structurelles. Le gouverneur a de nouveau exhorté le gouvernement à « résoudre le problème des créances douteuses du système financier », l'invitant aussi à favoriser « une réorganisation de la gestion des entreprises » japonaises. Selon certains analystes, la Banque du Japon n'a accepté d'effectuer un virage radical de sa politique monétaire que parce qu'elle aurait reçu des assurances officielles concernant l'assainissement des banques.
Le règlement de la question des créances douteuses du système bancaire, évaluées à 32.000 milliards de yens par les banques et à au moins trois fois plus par certains experts, est considéré comme la clef d'une reprise durable au Japon. Masaru Hayami et de nombreux économistes estiment que, en maintenant en vie artificiellement des milliers d'entreprises vouées à la banqueroute, les banques étouffent le dynamisme des plus performantes.
Cela demande cependant du courage. De la part des banquiers, qui doivent provisionner ces créances et obliger les débiteurs à les rembourser au risque de provoquer de nombreuses faillites. De la part des politiciens, qui doivent prendre des mesures pour amortir le choc pour les salariés. Mais on peut douter que des décisions soient prises avant la démission du Premier ministre, Yoshiro Mori, et la désignation de son successeur par le Parti libéral-démocrate, qui pourrait avoir lieu le 22 avril.
Le gouverneur de la Banque du Japon a par ailleurs estimé que l'économie « va, pendant un certain temps, connaître une forte tendance à la stagnation ».
Tendance « au ralentissement »
Hier, le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (le Meti) a annoncé que la production industrielle s'est légèrement reprise en février au Japon, augmentant de 0,4 % par rapport au mois précédent, après une chute de 4,2 % en janvier, mais a indiqué que la tendance est nettement au ralentissement. Le Meti a rappelé qu'il avait prévu initialement un rebond plus marqué, avec une hausse de 2,7 % de la production industrielle.
Les autorités ont, en outre, revu à la baisse leurs anticipations pour la production industrielle dans les mois à venir. Elles estiment désormais que la tendance est « au ralentissement ». Le gouvernement prévoit une rechute en mars, avec un recul de 0,8 % de la production industrielle et une hausse très modérée de 0,6 % en mars.