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Londres engrange 22,5 milliards de livres avec les enchères UMTS

Par Pierre de Gasquet

Publié le 28 avr. 2000 à 01:01

Les analystes de la City sont encore sous le choc des chiffres. Huit semaines après leur lancement le 6 mars dernier, les enchères britanniques pour l'attribution des cinq licences du téléphone mobile de la troisième génération UMTS (Universal Mobile Telecommunications Systems) se sont soldées par une facture finale de 22,47 milliards de livres (38,4 milliards d'euros). Une facture colossale pour les cinq opérateurs victorieux : Vodafone, BT, One 2 One, Orange et TIW, mais aussi une manne inespérée, qui dépasse de plus de sept fois le montant de ses estimations initiales, pour le gouvernement britannique. En revanche, l'opérateur anglo-américain NTL, allié à France Télécom, a dû se retirer de la course face au groupe canadien Telesystem International Wireless (TIW), allié au groupe de Hong Kong, Hutchison Whampoa, seul « nouvel entrant » à obtenir une licence UMTS.

En tête des enchères, le numéro un mondial du téléphone mobile Vodafone AirTouch a obtenu la « licence B », la plus convoitée car offrant la capacité la plus large, pour 5,96 milliards de livres (10,2 milliards d'euros), l'opérateur BT (à travers sa filiale BT3G) ayant dû se replier sur la licence C pour 4,03 milliards de livres. Les deux autres licences (D et E) sont échues aux deux opérateurs britanniques One 2 One (filiale de Deutsche Telekom) et Orange pour des montants respectifs de 4,004 milliards de livres et 4,095 milliards de livres. Selon les calculs des analystes, les opérateurs concernés ont ainsi payé plus de 400 livres par utilisateur potentiel pour l'obtention d'une licence dont l'exploitation doit démarrer en 2002.

Un revers pour France Télécom
Après les défections successives de MCI WorldCom, OneTel (groupe Murdoch), Virgin et Telefonica, France Télécom, principal allié de NTL Mobile, est le dernier grand opérateur extérieur à s'être désisté en permettant aux enchères de se conclure, à l'issue du 150e round, après une ultime pause de deux jours. Un revers non négligeable pour l'opérateur français qui avait acquis 25 % de NTL dans la perspective du lancement de la troisième génération de téléphone mobile, même si certains analystes de la City n'excluent pas qu'il revienne encore à la charge à travers une offre de reprise de l'opérateur britannique Orange (voir ci-dessous). Mais le patron d'Orange, Hans Snook, n'a pas caché hier que la liste des candidats potentiels à la reprise de la filiale de Mannesmann est encore longue, France Télécom et KPN ne figurant pas forcément comme favoris.

Outre le montant inespéré des offres finales, la principale surprise des enchères UMTS britanniques reste l'entrée en scène de l'opérateur canadien TIW sur le succès duquel peu d'observateurs auraient parié, il y a seulement quelques semaines. Tout en se félicitant d'avoir remporté la seule licence réservée à un nouvel entrant, le groupe canadien a annoncé hier la création d'une nouvelle filiale, MVN (Mobile Virtual Network) Operator, destinée à exploitée la licence UMTS au Royaume-Uni. Principal soutien financier de l'offre de TIW, le groupe Hutchison Whampoa du milliardaire Li Ka-shing, cofondateur d'Orange, détiendra 90,1 % de MVN Operator, contre 9,9 % pour TIW. Ce montage révèle clairement le degré d'implication du conglomérat de Hong Kong, qui a cédé Orange à Mannesmann en 1999 avant de soutenir récemment l'offre de 35,8 milliards de dollars de Pacific Century Cyberworks sur Cable & Wireless Hong Kong Telecom. TIW a également annoncé son intention de financer le montant d'acquisition de la licence par un crédit bancaire copiloté par la Chase Manhattan et HSBC.

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Malgré le succès financier incontestable des enchères, certains observateurs redoutent leur impact sur la tarification des services UMTS. Les associations de consommateurs n'ont pas caché hier leurs inquiétudes sur le niveau « surréaliste » des enchères en mettant en garde les opérateurs contre toute tentation de « taxation indirecte » des utilisateurs. Mais le ministre de l'Industrie et du Commerce, Stephen Byers, s'est félicité de ce résultat considéré comme « une bonne nouvelle pour les entreprises, le consommateur, l'économie et le contribuable ». Le Trésor britannique prévoit d'affecter l'essentiel de la « manne UMTS » à la réduction de la dette publique.

PIERRE DE GASQUET

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