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La crise de l'euro s'aggrave en dépit du relèvement des taux de la BCE

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Publié le 28 avr. 2000 à 01:01

Au risque d'écorner l'image de sérénité qu'elle souhaite afficher, la BCE a décidé, hier, en pleine crise de faiblesse de l'euro, d'augmenter d'un quart de point ses taux d'intérêt directeurs. Le taux pour les opérations principales de refinancement est ainsi passé à 3,75 %, comme le prévoyaient la majorité des « ECB Watchers ».

Comme nombre d'entre eux l'anticipaient aussi, ce petit pas de la BCE n'a pas enrayé la chute de la monnaie unique. Celle-ci a eu un accès de faiblesse à l'annonce de la décision, avant de se reprendre après la publication des chiffres de conjoncture américaine, moins bons que prévu. La croissance a progressé de 5,4 % en rythme annuel au premier trimestre 2000, après 7,3 % au dernier trimestre de 1999. La devise européenne a ensuite à nouveau plongé sous le seuil de 0,91 euro, à 0,9064, soit un nouveau minimum historique (lire page 36).

Dans le communiqué publié après sa réunion, le Conseil a clairement laissé entendre qu'il n'entend pas mener une politique de taux de change, mais qu'il reste dans ses attributions en réagissant « de manière préventive aux risques de hausse pesant sur la stabilité des prix à moyen terme ».

La Buba approuve la BCE
Il a ainsi « exprimé ses préoccupations concernant les risques de hausse », qui, « eu égard aux perspectives d'une expansion économique continue, résultent d'une forte croissance des agrégats monétaires et de crédit ainsi que du niveau actuel du taux de change de l'euro ». Le président de la Bundesbank, Ernst Welteke, est sur la même ligne puisqu'il a défendu la décision de la BCE. Pour lui, la faiblesse du taux de change de l'euro provoque un renchérissement des produits importés. Cette transmission se fait « avec un important délai et c'est pour ne pas avoir à réagir plus violemment plus tard que nous [la BCE] avons, déjà pour la troisième fois depuis le début de cette année, augmenté les taux » de 0,25 point.

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Pour autant, les membres du directoire de la BCE et les gouverneurs des banques centrales des 11 pays membres de la zone euro n'ont pas caché qu'ils suivaient attentivement l'évolution du taux de change de la monnaie unique, en réservant pour la première fois à la question un paragraphe entier de leur court communiqué. « Le Conseil des gouverneurs a évoqué les récentes évolutions des taux de change entre les principales monnaies, et notamment la baisse récente de l'euro, et a examiné les conséquences qu'elles pourraient avoir pour la stabilité des prix dans la zone euro », ont-ils souligné. Avant de conclure par leur nouveau mot d'ordre : « La BCE estime que le niveau actuel de l'euro ne reflète pas les bonnes données économiques fondamentales de la zone euro. » Le précédent slogan, « L'euro a un fort potentiel d'appréciation » est passé aux poubelles de l'histoire.

Des échos contrastés
En réalité, la banque centrale était piégée. Ou elle ne faisait rien, et risquait d'être accusée de « benign neglect », de négligence, et les marchés auraient à nouveau testé un nouveau plancher de l'euro, ou elle augmentait ses taux mais sans grande chance de redresser la monnaie.

Le geste de la BCE a suscité des échos contrastés. « Dans une telle situation, la placidité de la BCE aurait été interprétée comme une force », a souligné l'économiste en chef de la Commerzbank, Ulrich Rahm, pour qui la décision des gouverneurs était « possible mais pas nécessaire ». Son collègue de la Deutsche Bank, Norbert Walter, a en revanche estimé qu'il s'agissait d'une « décision juste », tandis que Klaus Friedrich, celui de la Dresdner, estimait que l'Europe peut « bien vivre avec un niveau des taux de 4 % et une inflation à 2 % ».

Les économistes prévoient une ou plusieurs hausses des taux cette année. Mais, à leurs yeux, la faiblesse de l'euro devrait se poursuivre jusqu'au ralentissement de la croissance américaine, qui devrait intervenir au second semestre de cette année. Encore faut-il d'ici là éviter que l'euro s'affaiblisse encore et passe au-dessous de la barre des 0,90 dollar. Car il y aurait alors un vrai risque de perte de crédibilité de l'euro, sur le marché mondial, mais aussi en Allemagne et en Grande-Bretagne. Les trois banques centrales, Banque centrale européenne, Réserve fédérale américaine et Banque centrale du Japon seraient alors obligées d'intervenir en faveur de la monnaie européenne.

VINCENT DE FÉLIGONDE

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