[go: up one dir, main page]

Publicité
Interview

Antoine Pouillieute : les ONG ne sont pas des juges, mais des partenaires

Publié le 28 avr. 2000 à 01:01

Directeur général de l'Agence française de développement et président de sa filiale pour le secteur privé, Proparco, depuis avril 1995, Antoine Pouillieute a été directeur adjoint de cabinet d'Edouard Balladur et directeur de cabinet de Michel Roussin à la Coopération au moment de la dévaluation du franc CFA.

Quel bilan tirez-vous de l'année écoulée ?

La réforme de l'aide publique au développement a fait de l'Agence française de développement l'opérateur pivot de l'aide projet. Et l'effort financier de la France augmente, permettant à l'agence de garder intacte sa capacité d'engagement. C'est important puisque nous avons élargi notre champ d'action géographique et nos secteurs d'intervention à la santé et à l'éducation.

La zone franc ne s'arroge que 34 % des engagements de l'agence. L'Afrique est-elle condamnée à faire les frais d'une large zone d'action prioritaire ?

Publicité

L'idée de la zone d'action prioritaire était de dessiner un espace d'intervention plus ouvert. Avant, on nous reprochait d'être trop centrés. Aujourd'hui, la politique de la France est critiquée pour être trop dispersée. Certains pensent que 34 % pour la zone franc, c'est peu. Mais c'est déjà beaucoup, si on songe au nombre de pays dans lesquels nous ne pouvons pas intervenir parce qu'ils sont en situation de crise ou d'impayés, comme la Côte d'Ivoire. Ce pourcentage montre au contraire la fidélité de la France à ses partenaires traditionnels.

Beaucoup craignent que les cofinancements ne se traduisent par une dilution de l'aide française.

Les cofinancements permettent d'intervenir sur de grands projets où l'AFD, ou même la France, seule ne serait pas. C'est aussi une garantie de transparence : ce que n'est pas toujours le tête-à-tête. Par ailleurs, la France contribue lourdement sur un plan financier aux politiques de coopération de l'Union européenne au niveau multilatéral. Pour l'AFD, c'est bien faire son métier que de combiner les outils auxquels la France participe ou de travailler avec d'autres agences de développement bilatérales. Certains s'inquiètent des risques de perte de visibilité de notre action. Nous sommes attentifs à bien isoler une partie d'un projet dans une opération cofinancée. C'est aussi une façon de ne pas rompre avec l'aide liée. Dans ce domaine, il y a ceux qui le font en le disant, comme nous. Et il y a ceux qui y arrivent sans le dire...

La nouvelle convention de Lomé fait la part belle au secteur privé. Quelle sera votre action ?

De façon générale, les économies dans lesquelles nous intervenons ont environ dix points de PIB de retard d'investissement. Ce ne sont pas les budgets locaux ou les bailleurs de fonds publics qui combleront ce manque, mais les entreprises privées. Proparco a, aujourd'hui, une contribution importante aux restructurations et aux créations des PME. Elle assure par ailleurs la présidence d'Edfi, une association qui regroupe toutes les agences européennes intervenant au profit du secteur privé. Cela va nous permettre de discuter avec la Banque européenne d'investissement qui aura à disposition la future facilité d'investissement de 1,7 milliard d'euros au profit du secteur privé. Nous sommes en train de nous organiser pour que cette ligne soit utilisée efficacement.

Les ONG, la société civile s'invitent dans les grands débats internationaux. Comment l'AFD intègre-t-elle ce phénomène ?

Pour nous la société civile, ce sont les entreprises, les organisations non gouvernementales, les collectivités locales. Un agent de l'AFD travaille d'ailleurs auprès de l'Association des maires de France. Nous avons aussi créé au sein de l'agence un club des ONG : nous sommes en train de définir une charte pour déterminer comment travailler ensemble. Mon problème n'est pas d'avoir des tuteurs ou des censeurs, mais des gens avec qui on peut réellement travailler. C'est d'autant plus important que l'AFD sera le maître d'oeuvre du plan d'allégement de la dette des pays les plus pauvres. Il nous faudra identifier des projets sociaux correspondant à l'allégement de cette dette. Le partenariat, l'appui de la société civile et des ONG ne seront pas de trop pour cela.

Etes-vous parti pour un troisième mandat ?

Cette décision se prendra dans un an et elle ne m'appartient pas. Ce dont je suis responsable, c'est de présenter des résultats. Ces résultats sont bons.

PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENCE TOVI

Entreprise - Solo.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité