La hausse du PIB britannique devrait atteindre 2,9% cette année

Avec une hausse de 0,8 % (et 2,7 % en glissement annuel) au dernier trimestre 1999, l'économie britannique a connu son plus fort rythme de croissance depuis deux ans. Sur l'ensemble de l'année écoulée, la croissance a atteint 1,9 %, contre 2,7 % en 1998, selon les chiffres provisoires publiés vendredi par l'Office national des statistiques (ONS). Un score inespéré un an après les prédictions des analystes de la City, qui tablaient généralement sur un début de récession en 1999. Le consensus des économistes table désormais sur une croissance de 2,9 % pour 2000 et de 2,3 % en 2001. Mais l'accélération de la croissance fait craindre un retour aux pressions inflationnistes et la plupart des observateurs misent sur une nouvelle hausse des taux d'intérêt de 5,75 % à 6 % lors de la prochaine décision de la Banque d'Angleterre, le 10 février.

Tirée à la hausse par le secteur des services, la croissance britannique a également bénéficié de la reprise de l'industrie manufacturière, particulièrement sensible dans les secteurs de la chimie, de l'énergie et des transports.

L'appel de Tony Blair
C'est la septième année de croissance ininterrompue pour l'économie britannique depuis sa sortie du système monétaire européen en 1992, avec une croissance cumulée de 23,3 % et un taux de chômage qui est désormais tombé à 4 %. Selon David Walton de Goldman Sachs, « la consommation des ménages a été la principale force motrice de l'activité économique en 1999 et il n'y a pas de raison de penser que cette croissance va ralentir de manière significative ». En revanche, à l'instar de nombre d'économistes, il estime que la question cruciale pour le gouvernement britannique reste de savoir jusqu'à quel point cette reprise de la croissance menace son objectif d'inflation de 2,5 % à long terme. S'exprimant dans le cadre du Forum économique mondial de Davos, le Premier ministre, Tony Blair, a lui-même mis en garde ses voisins européens contre les risques d'un retour de l'inflation en se prononçant pour un maintien de la rigueur budgétaire et monétaire au Royaume-Uni.

« Comme un faucon »

« La meilleure manière d'éviter un retour aux périodes douloureuses d'instabilité est de surveiller notre objectif d'inflation comme un faucon et d'assurer que nos objectifs fiscaux sont fixés avec la plus grande rigueur et discipline budgétaire (...) Je peux vous assurer que nous avons la ferme intention de maintenir cette discipline au Royaume-Uni », a affirmé le Premier ministre britannique, tout en soulignant que certains économistes s'inquiètent de ce que la « nouvelle économie » aux Etats-Unis « alimente un boom des marchés boursiers, qui pourrait se traduire ensuite par une chute ». Une manière de faire écho aux doutes de certains économistes de la City sur les possibilités de transposition en Europe du « paradigme de la nouvelle économie » (forte croissance et faible inflation) expérimenté aux Etats-Unis.

« Je pense que les pressions inflationnistes vont poser problème et vont commencer à filtrer, ce qui veut dire davantage de hausses des taux au cours des deux prochains trimestres », estime Michael Moran de Standard Chartered. Selon certains économistes, les taux britanniques pourraient remonter jusqu'à 7 % au premier semestre. Ils se fondent notamment sur la forte hausse des prix de l'immobilier, qui ont augmenté de 13,1 % en 1999.