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Silicon Graphics perd son patron et licencie 1.000 employés

Par Michel Ktitareff

Publié le 31 oct. 1997 à 01:01

La sanction est tombée. Après l'annonce d'un nouveau trimestre déficitaire (_ 55 millions de dollars de pertes) et un houleux conseil d'administration, Ed McCracken, PDG de Silicon Graphics (SGI) depuis treize ans, a annoncé aux actionnaires de la compagnie qu'il renonçait à son poste, tout en demeurant président. Avec lui, près d'un millier de personnes seront licenciées, soit presque 10 % des effectifs totaux de la firme californienne, longtemps considérée comme l'un des fleurons du high-tech américain.

« J'ai décidé qu'il était temps pour moi et pour la compagnie de changer de direction », a-t-il déclaré sobrement, lors de la réunion annuelle des actionnaires, dont certains l'ont sévèrement apostrophé. De fait, celui-ci ne pouvait plus éviter de tirer les conséquences d'erreurs stratégiques (comme l'achat du fabricant de superordinateurs Cray pour 740 millions de dollars), d'un manque de réactivité face à la concurrence nouvelle des micro-ordinateurs, et d'une inaptitude à se déplacer vers le marché des serveurs. Une transition pourtant réussie par Sun Microsystems, son concurrent et voisin dans la Silicon Valley, qui, comme lui, produit à la fois ses puces, son système d'exploitation et ses machines.

Et pourtant, il y a deux ans encore, l'action de la compagnie dépassait les 40 dollars à Wall Street (elle en vaut 15 actuellement) et son PDG était salué par la presse américaine _ et le président Clinton _ comme celui qui était parvenu à faire entrer l'informatique haut de gamme sur de nouveaux marchés, en particulier celui du cinéma. Les stations de travail de Silicon Graphics ont ainsi permis de réaliser la plupart des effets spéciaux des films à gros budgets d'Hollywood (« Jurassic Park », « Batman », « Twister », etc.).

Mais, de plus en plus, les stations graphiques de SGI, dotées de puces puissantes et de systèmes d'exploitation Unix, sont concurrencées par des micro-ordinateurs presque aussi puissants, mais alimentés par des puces Pentium et un système d'exploitation Windows NT, de Microsoft, qui les rendent de 5 à 10 fois moins cher. De plus, les logiciels disponibles sur le marché des PC sont toujours moins chers, effet de volume aidant, que leur équivalent sur stations de travail. « Il est de plus en plus difficile de faire la différence entre PC et stations de travail », a lui-même reconnu Ed
McCracken mercredi dernier, alors que la firme avait déjà décidé d'adapter certains de ses logiciels sous Unix, notamment son offre de développement d'applications virtuelles sur Internet, à Windows NT.

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Pour l'instant, le successeur n'est pas encore trouvé _ ce qui montre à quel point il s'agit d'un désaveu personnel envers l'actuel PDG _, pas plus que la nouvelle stratégie de l'entreprise. Bill Kelly, responsable des opérations, a simplement indiqué que la firme comptait réduire de 10 % ses dépenses de fonctionnement trimestrielles de l'ordre de 400 millions de dollars, ce à quoi les licenciements annoncés, qui coûteront au moins 50 millions de dollars, vont contribuer.

MICHEL KTITAREFF

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