Un échange de participations financières est très probable et les négociations ont démarré. » Les déclarations du directeur financier de Deutsche Telekom, Joachim Kroeske, au service de télévision financière de Reuters ont relancé vendredi le débat sur l'ouverture aux investisseurs privés du capital de France Télécom. Selon le directeur financier de l'opérateur allemand, cette opération qui ne « fait aucun doute à terme » est destin ée à sceller l'alliance entre les deux opérateurs.
En France, ces déclarations ont suscité une vague de réactions oscillant entre prudence et franche opposition. Un porte-parole de l'opérateur français a aussitôt démenti l'information de Reuters, indiquant que des « discussions n'étaient pas des négociations ». De son côté, Georges Sarre, porte-parole du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement, s'est élevé contre une possible privatisation même partielle « qui signerait rapidement l'arrêt de mort de la logique de service public qui prévaut encore chez l'opérateur ». Pour sa part, le secrétaire national du PCF, Robert Hue, a indiqué qu'il n'était pas pour « que des services publics qui fonctionnent bien soient automatiquement privatisés ».
Le gouvernement n'a pas officiellement commenté les propos de Joachim Kroeske. Mais, dans une récente interview à « Libération », le secrétaire d'Etat à l'Industrie Christian Pierret avait laissé planer le doute en évoquant pour France Télécom « un minimum d'ouverture sur le monde du marché ». Au récent Forum de « L'Expansion », le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Dominique Strauss-Kahn, avait pour sa part précisé que le gouvernement français n'avait pas totalement arrêté sa position sur ce sujet.
Selon Joachim Kroeske, les bases pour un échange de participations sont désormais « bien établies ». Pour le directeur financier de l'opérateur allemand qui sera en visite à Paris cette semaine, le processus passe par deux étapes. D'abord, la cession d'une part supplémentaire de 25 % du capital de Deutsche Telekom à des investisseurs « stratégiques ». Ensuite, par la privatisation de France Télécom. Une opération qui, selon lui, ne rencontre plus l'opposition du gouvernement de Lionel Jospin.