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Bernard Arnault remporte une manche contre Grand Metropolitan et Guinness

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Publié le 30 juin 1997 à 01:01

Dans la guerre juridico-boursière qui l'oppose à Grand Metropolitan et Guinness, Bernard Arnault vient manifestement de remporter une bataille : les PDG des deux groupes britanniques ont en effet pris contact la semaine dernière avec lui pour le rencontrer mercredi. Le patron du groupe de luxe s'oppose depuis plusieurs semaines par tous les moyens au projet de fusion entre GrandMet et Guinness, groupe dont il est l'allié via 10 joint-ventures de distribution et dont il détient encore 14,2 %. En effet, la fusion des deux groupes au sein d'un ensemble baptisé GMG Brands ne lui laisserait que 7 % du capital et quasiment aucun poids dans la gestion.

L'alternative qu'il prône donc est une fusion des divisions spiritueux des trois groupes Moët-Hennessy (LVMH), IDV (GrandMet) et UD (Guinness) (voir tableaux). Pour bon nombre d'observateurs parisiens, un accord lui donnant satisfaction est désormais à portée de main, le fait que les britanniques acceptent de discuter avec le PDG de LVMH après avoir longtemps tenté l'ignorer prouvant, selon certains, que « Grand Met est très inquiet ». Il faut dire que Bernard Arnault n'a pas hésité à mettre sur la table près de 8 milliards de francs en une semaine pour rafler 6,37 % du capital de ce groupe. C'est pourquoi aujourd'hui, le britannique est prêt à ouvrir la discussion. Quant à Guinness, il est contraint de s'y plier, même si cette concession fragilise considérablement son PDG, Tony Greener.

Complexité du schéma d'Arnault
Si Bernard Arnault réussit à poser le principe d'une fusion à trois, il se retrouvera en position de force. L'apport en termes de chiffre d'affaires de Moët-Hennessy dans un ensemble regroupant les spiritueux des 3 groupes ne lui donne pas la première place. Mais en tenant compte de ses 14,2 % de Guinness et surtout de ses 6,37 % de GrandMet, LVMH pourrait contrôler selon les calculs de plusieurs analystes, entre 25 et 30 % du nouvel ensemble.

De l'autre côté de la Manche, on se montre mesuré devant une telle perspective même si personne ne sous-estime la brèche ouverte par le patron de LVMH. Certains grands brokers insistent notamment sur la complexité du retraitement des parts d'Arnault dans Moët-Hennessy, Guinness et GrandMet au cas où un pôle exclusivement spiritueux serait créé. « En outre, estime-t-on chez l'un d'eux, on ne peut pas affirmer clairement que la fusion à trois soit plus intéressante pour les actionnaires que le projet GMG Brands. » C'est justement ce qu'on tente d'expliquer chez Guinness, où l'on fait valoir que les grandes marques de whisky, de vodka ou de gin génèrent aujourd'hui un « cash » et des marges excellentes mais plus guère de croissance. Et que le potentiel de croissance de GMG Brands viendra précisément de Pilsbury, division alimentaire de GrandMet, et de la branche bière de Guinness. D'autres pourront objecter que les obstacles mis par les autorités de la concurrence au projet GMG _ les décisions sont attendues pour octobre à Bruxelles comme aux Etats-Unis _ seront encore plus grands dans le cas d'une fusion à trois. Pourtant, le risque de position dominante ne portant que sur le whisky, l'apport des champagnes et des cognacs de LVMH ne change rien à la donne.

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« Le risque principal pour Arnault, c'est que Grand Met se retire purement et simplement du dossier », estime un observateur. Certes, le patron du groupe de luxe y perdrait mais moins que les dirigeants de Guinness, qui risqueraient d'être limogés. Le tenace patron de LVMH pourrait alors tenter de rebondir et de reprendre la discussion avec leurs remplaçants...

ANNE DENIS

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