Publicité

Volodymyr Zelensky : «L'attaque contre Kharkiv pourrait être la première vague d'une offensive russe»

Dans un entretien exclusif à l’AFP, le président ukrainien reproche notamment aux Occidentaux de continuer à lui interdire de frapper le territoire russe avec les armes fournies. En voici les principaux extraits.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reproché vendredi aux Occidentaux d'interdire à l'Ukraine d'utiliser les armes fournies par l'Europe et les États-Unis pour frapper le territoire russe, dans un entretien exclusif à l'AFP. «Ils peuvent nous frapper depuis leur territoire, c'est le plus grand avantage dont la Russie dispose, et nous ne pouvons rien faire à leurs systèmes (d'armements) situés sur le territoire russe avec les armes occidentales. Nous n'en avons pas le droit», a-t-il dit, soulignant s'en être plaint cette semaine encore auprès du secrétaire d'État américain, Antony Blinken.

Des propos qui semblent indiquer que la ligne politique américaine n’a pas évolué sur ce sujet, en dépit de récents propos ambigus du chef de la diplomatie américaine. «Nous n'avons pas encouragé ou favorisé les frappes hors d'Ukraine, mais au final c'est à l'Ukraine de prendre ses décisions sur la manière dont elle mène cette guerre», avait notamment déclaré Antony Blinken mercredi. Une déclaration qui avait été interprétée comme un changement de doctrine de Washington.

«L'Occident a peur aussi bien d'une défaite russe que d'une défaite ukrainienne»

Volodymyr Zelensky a estimé vendredi que l'Occident avait «peur» aussi bien d'une défaite russe que d'une défaite ukrainienne, une situation qu'il qualifie d'«absurde». «Nous nous trouvons dans une situation absurde où l'Occident a peur que la Russie perde la guerre. Et (en même temps) il ne veut pas que l'Ukraine la perde. Parce que la victoire finale de l'Ukraine mènera à la défaite de la Russie. Et la victoire finale de la Russie mènera à la défaite de l'Ukraine», a-t-il dit.

«L'Ukraine n'a qu'un quart des moyens antiaériens dont elle a besoin»

L'Ukraine n'a qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont elle a besoin et nécessite égalent 120 à 130 avions de combat F-16 pour pouvoir prétendre mettre fin à la domination de la Russie dans les airs, a estimé vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «Aujourd'hui, nous avons 25% de ce dont on a besoin pour défendre l'Ukraine, je parle de systèmes de défense aérienne» en particulier les puissants systèmes américains Patriots, a estimé Zelensky, ajoutant que son pays avait besoin de «120 à 130» avions de combat F-16 ou autres appareils modernes, «pour que la Russie n'ait pas la supériorité dans les airs». «Peut-on avoir trois milliards pour acquérir deux (Patriots) pour la région de Kharkiv (cible d'assauts continus), comme ça les bombes ne tomberont plus sur nos soldats?», a-t-il interrogé.

Un manque d'hommes et un problème de «moral» des troupes

Le président ukrainien a reconnu que son pays manquait d'hommes et que cela affectait le moral des troupes, alors qu'une nouvelle loi sur la mobilisation entre en vigueur samedi pour regarnir les rangs de l'armée. «On doit remplir les réserves (...) Il y a un nombre important de brigades qui sont vides. On doit le faire pour que les gars (qui sont sur le front) puissent avoir des rotations normales. C'est comme ça que le moral s'améliorera», a-t-il dit.

«L'attaque contre la région de Kharkiv pourrait être la première vague d'une offensive russe»

Volodymyr Zelensky a jugé vendredi que l'assaut lancé par la Russie contre la région de Kharkiv, pourrait n'être que la première vague d'une offensive plus large, et que Moscou voulait «attaquer» la capitale régionale éponyme. «Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça, c'est leur première vague», a assuré le président ukrainien, alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans cette région du nord-est, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière le 10 mai. «Ils sont à 5-10 km maximum de la frontière, on les a stoppés (...) je ne dirai pas que c'est un grand succès (russe), mais on doit être sobre et admettre que ce sont eux, pas nous, qui s'enfoncent dans notre territoire. C'est leur avantage», a-t-il constaté. Selon lui, la situation n'est pas encore «stabilisée». «Néanmoins, la situation est sous contrôle, et meilleure que le premier jour» de l'offensive grâce aux renforts déployés, a-t-il dit.

«Les Russes veulent attaquer la ville de Kharkiv»

Pour lui, la Russie veut attaquer la ville de Kharkiv, deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant». Le président ukrainien a assuré que la bataille pour la cité, s'il y avait, serait rude pour l'armée russe. «Ils le veulent, ils veulent attaquer», a-t-il dit, mais «ils comprennent que c'est une bataille difficile. C'est une grande ville et ils comprennent qu'on a des forces et qu'elles combattront longtemps».

Il s'agit désormais pour l'Ukraine et ses alliés occidentaux de ne pas montrer de faiblesse, réclamant donc deux systèmes antiaériens Patriot pour défendre le ciel de la région et les soldats qui la défendent, a estimé le président. «Ils sont comme une bête (....) S'ils sentent une faiblesse dans cette direction, ils pousseront», a mis en garde Zelensky, mais si les troupes ukrainiennes arrivent à arrêter celles de la Russie, elle renoncera. «Ils ne vont pas mourir par millions, selon moi, pour avoir Kharkiv.»

«La Russie n’a pas les forces pour un nouvel assaut sur Kiev»

La Russie n'a pas les moyens de lancer un nouvel assaut d'ampleur contre Kiev, a jugé vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors que Moscou est à l'offensive dans l'Est et le nord-est de l'Ukraine. «Ils n'ont pas les forces pour une offensive d'ampleur sur la capitale comme ils l'avaient fait au début de l'invasion», a estimé Zelensky, qui pense que le Donbass (est), et Kharkiv (nord-est) sont les cibles principales du Kremlin.

Zelensky rejette la trêve olympique voulue par Emmanuel Macron

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué avoir rejeté l'idée de «trêve» dans la guerre avec la Russie pendant la durée des Jeux olympiques de Paris que souhaitait le président français Emmanuel Macron. «J'ai dit: Emmanuel, nous n'y croyons pas. Imaginons une seconde qu'il y ait un cessez-le-feu. D'abord, on ne fait pas confiance à Poutine. Deuxièmement, il ne va pas retirer ses troupes. Troisièmement, (...) dis-moi Emmanuel, ai-je dit, qui garantit que la Russie ne va pas en profiter pour faire venir ses troupes sur notre territoire», a raconté Zelensky, rejetant une «trêve qui ferait le jeu de l'ennemi». «Nous ne sommes pas contre une trêve, nous ne sommes pas contre la fin de la guerre. Mais nous voulons une fin juste à cette guerre. Et nous sommes contre une trêve qui ferait le jeu de l'ennemi», a-t-il ajouté.

Zelensky souhaite que la Chine participe au Sommet sur la paix

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky souhaite voir la Chine «impliquée» dans la conférence sur la paix en Ukraine, que la Suisse doit organiser en juin, sans la Russie, a-t-il déclaré. «J'aimerais voir la Chine impliquée dans le sommet de la paix», a-t-il dit. «Des acteurs mondiaux» comme la Chine «ont une influence sur la Russie. Et plus nous aurons de pays de ce type de notre côté, du côté de la fin de la guerre, je dirais, plus la Russie devra compter avec cela», a ajouté Zelensky.

Volodymyr Zelensky : «L'attaque contre Kharkiv pourrait être la première vague d'une offensive russe»

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
100 commentaires
  • BMMJL

    le

    A moins que ce ne soit une opportunité pour trouver maintenant la cessation des hostilités pour épargner en moyenne la vie de 100 jeunes et les blessures graves pour 300 des deux côtés. Halte au massacre Européen.

  • emile

    le

    Zelensky fait une analyse pertinente.

  • Schtroumpfarceur

    le

    je ne sais pas vous , mais je suis toujours stupéfait par ces gens qui quittent tout avec leur chat dans les mains ! sans laisse , ni cage de transport à 10 euros chez nous , on se demande dans quel niveau de dénudement ont pu vivre ces gens chez eux depuis des lustres !

À lire aussi