Les ambitions professionnelles et les valeurs des personnes nées entre 1997 et 2010 sont loin de celles de leurs prédécesseurs. La “génération Z” représentera d’ici trois ans 27 % de la main-d’œuvre des pays de l’OCDE et le tiers de la population mondiale, explique le magazine Forbes. Dans un environnement profondément impacté par la pandémie, ces jeunes professionnels s’approprient de nouveaux outils pour rejeter les pratiques des baby-boomers et imposer progressivement d’autres façons de travailler.

Priorité numéro un : la flexibilité

Un changement majeur à noter : la génération Z serait celle qui “valorise le salaire moins que toute autre génération et considère le travail à distance comme une priorité absolue”, selon un rapport du Forum économique mondial cité par The New York Times. En Allemagne, cette génération aspire également à travailler moins ou différemment. “Nous n’avons pas besoin de signes extérieurs de statut, grosses voitures ou gigantesques manoirs de banlieue”, souligne la jeune journaliste Lea Schönborn dans le magazine Der Spiegel.

Le “bien-être” est désormais le facteur le plus important pour ces jeunes qui estiment que s’épuiser au travail n’a pas de sens dans une société qui ne leur permettra pas d’atteindre le niveau de vie de leurs parents. En effet, selon le magazine Ze.tt, qui se réfère à une étude internationale réalisée par le cabinet Deloitte en 2019, les générations Z et Y sont très inquiètes concernant leur avenir et leur carrière. Elles ne font confiance ni aux employeurs, qui n’ont pas hésité à licencier leurs parents, ni aux marchés boursiers, qu’ils ont vu s’effondrer. “Si ça se trouve, demain, tout va s’écrouler. Alors autant voyager”, confie l’un des sondés de l’étude.

Contre “le travail qui rend malade”

Une nouvelle vision difficile à accepter pour la génération précédente. Il faut l’appréhender comme une révolte contre une éthique du travail “qui rend malade”, souligne Ze.tt.

Mais la jeune génération n’est pas la seule à remettre en question les valeurs traditionnelles du monde du travail. En Allemagne, de plus en plus de cadres supérieurs ne trouvent plus de sens à leur travail et décident de travailleur moins, voire plus du tout, selon une enquête du quotidien Die Zeit. Ce mal-être, révélé par la crise sanitaire, s’illustre d’ailleurs par la “grande démission” observée notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Dans ce contexte, la stabilité psychologique est devenue une priorité, tout comme le fait d’adopter une attitude responsable dans une économie mondiale qui surexploite la planète. Alors que tous les codes qui semblaient presque immuables sont remis en question depuis l’apparition du Covid-19, la quête de sens au travail est d’autant plus d’actualité. Et si elle ne touche pas seulement la génération Z, la spécificité des jeunes professionnels est qu’ils démarrent leur carrière dans des conditions inédites.

Adieu à la semaine de quarante heures

Introduit pendant de longues périodes dans le secteur tertiaire depuis 2020, le travail à distance s’impose progressivement un peu partout. Les Pays-Bas sont le premier pays européen qui prévoit de légaliser le droit au télétravail, rapporte le magazine Fortune. Le projet de loi a été approuvé par le Parlement en juillet 2022. En parallèle, le nombre d’entreprises qui envisagent de se passer totalement de bureaux augmente, constate la BBC. Cette transition devient même un argument pour mieux recruter parmi les nouveaux nomades numériques et les membres de la génération Z.

Alors que la semaine de quarante heures est rejetée par les jeunes, la semaine de quatre jours se répand, notamment en Suisse, au Japon, aux États-Unis et au Royaume-Uni. En phase de test ou déjà adoptée par certaines entreprises, le concept repose sur une nouvelle organisation du travail qui permet de rémunérer les employés à temps plein alors qu’ils travaillent un jour de moins. Nick Bangs, directeur de la multinationale britannique Unilever, a décidé de tester ce nouvel emploi du temps, rapporte The New York Times. Il a une certitude : “Les anciennes organisations du travail ne sont plus adaptées à notre époque et ne remplissent plus leurs objectifs.”