N. Lufanga
Baby suffering from Scabies in the United Republic of Tanzania.
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Gale

31 mai 2023

Principaux faits

  • La gale humaine ou scabiose est une parasitose causée par un acarien, Sarcoptes scabiei var hominis.
  • Selon les estimations, 200 millions de personnes dans le monde souffrent de la gale.
  • Dans les régions défavorisées, jusqu’à 10 % des enfants sont atteints de cette affection.
  • La gale existe dans le monde entier mais est plus fréquente dans les pays chauds, au climat tropical, et dans les zones à forte densité de population.

Principaux faits

  • La gale humaine ou scabiose est une parasitose causée par un acarien, Sarcoptes scabiei var hominis
  • Au moins 200 millions de personnes dans le monde souffrent de la gale.
  • Dans les régions défavorisées, on estime que de 5 % à 50 % des enfants sont atteints de cette affection.
  • La gale existe dans le monde entier, mais est plus fréquente dans les pays chauds, au climat tropical, et dans les zones à forte densité de population.

 

Vue d’ensemble

La gale est une infestation parasitaire causée par de minuscules acariens qui creusent un sillon sous la peau et y pondent leurs œufs, ce qui entraîne de vives démangeaisons et une éruption cutanée.

La gale peut entraîner des lésions cutanées et des complications graves telles qu’une septicémie (infection sanguine), une cardiopathie ou une insuffisance rénale chronique. Le traitement consiste en l’application d’une crème ou l’administration de médicaments par voie orale.

La gale est une maladie contagieuse qui se propage par contact peau à peau. Elle existe dans le monde entier, mais est plus fréquente dans les zones tropicales à revenu faible. Les enfants et les personnes âgées vivant dans des régions défavorisées sont plus exposés.

Ampleur du problème

La gale est l’une des affections dermatologiques les plus fréquentes, représentant une part importante des maladies de peau dans les pays en développement. À l’échelle mondiale, on estime qu’elle touche plus de 200 millions de personnes à tout moment et plus de 400 millions de personnes cumulativement chaque année.

La gale est présente dans tous les pays, mais elle est particulièrement fréquente dans de nombreuses régions tropicales et défavorisées, et touche en particulier les enfants et les personnes âgées. La prévalence chez les enfants dans ces milieux peut varier de 5 % à 50 %. Les infestations récidivantes sont fréquentes. L’infestation par la gale et ses complications grèvent lourdement les systèmes de santé. Dans les pays à revenu élevé, même si les cas sont sporadiques, les flambées survenant dans les établissements de santé et les communautés vulnérables ont un coût économique non négligeable pour les services de santé nationaux.

Plusieurs études ont montré que les épidémies de gale sont un facteur de risque majeur de maladie rénale sous la forme d’une glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique. Un nombre croissant de données mettent également en cause l’impétigo causé par Streptococcus pyogenes dans la pathogenèse du rhumatisme articulaire aigu et des cardiopathies rhumatismales.

Symptômes

Les symptômes de la gale commencent habituellement de 4 à 6 semaines après l’infestation. Parfois, on observe des signes visibles avant le début des symptômes.

Les symptômes de la gale comprennent :

  • de fortes démangeaisons, qui s’accentuent souvent pendant la nuit ;
  • des lignes qui démangent (sillons linéaires) et des grosseurs (papules) sur les doigts, les poignets, les bras, les jambes et autour de la taille ;
  • des grosseurs enflammées sur les organes génitaux des hommes et les seins des femmes ; et
  • une éruption cutanée plus importante chez les nourrissons et les jeunes enfants, atteignant notamment la paume des mains, la plante des pieds et le cuir chevelu.

La plupart des individus infectés hébergent entre 10 à 15 sarcoptes.

Les personnes dont le système immunitaire est affaibli, y compris les personnes vivant avec le VIH, peuvent développer une forme croûteuse de la maladie (gale norvégienne). Cette infection grave est due à des milliers ou des millions de sarcoptes et provoque une dermatose squameuse et croûteuse. Souvent, elle n’entraîne pas de prurit. La forme croûteuse de la gale se propage très facilement et peut être à l’origine d’infections secondaires ; engageant le pronostic vital. 

La femelle du parasite responsable de la gale, le sarcopte, creuse un sillon sous la couche supérieure de la peau où elle pond ses œufs. Les œufs éclosent en 3 à 4 jours pour donner un sarcopte adulte au bout d’une à deux semaines. Après 4 à 6 semaines, une réaction allergique de l’individu hôte à la présence des protéines du sarcopte et de ses excréments dans le sillon creusé cause des éruptions et d’intenses démangeaisons.

Les effets du sarcopte sur l’immunité, ainsi que les effets directs du grattage, peuvent entraîner une infection bactérienne des lésions cutanées, provoquant un impétigo, en particulier dans les régions tropicales. L’impétigo peut s’aggraver en cas d’infection cutanée profonde, notamment d’abcès ou d’infection invasive sévère, y compris la septicémie. Dans les régions tropicales, l’infection cutanée associée à la gale est un facteur de risque courant de néphropathie et de cardiopathie rhumatismale. Une atteinte rénale aiguë a pu être constatée chez jusqu’à 10 % des enfants infestés par la gale dans des zones défavorisées et, pour beaucoup, cette atteinte persiste des années après l’infection, contribuant à une insuffisance rénale permanente.

Prévention

Le traitement rapide de la gale constitue le meilleur moyen de prévenir les flambées épidémiques. Les sarcoptes à l’origine de la gale meurent généralement après 2 à 3 jours en dehors de la peau.

Les mesures suivantes permettent d’éviter la propagation de la gale :

  • éviter tout contact peau à peau avec une personne infestée, en particulier si elle présente une éruption cutanée qui démange ;
  • traiter toutes les personnes du foyer si l’une d’entre elles est atteinte de la gale, afin d’éviter que les sarcoptes ne se propagent à d’autres personnes ;
  • laver et sécher les draps et les vêtements qui ont été en contact avec la personne infestée, en utilisant de l’eau chaude et en les séchant à la lumière directe du soleil, en utilisant une sécheuse au cycle chaud ou un nettoyage à sec ;
  • sceller les articles qui ne peuvent pas être lavés dans un sac en plastique pendant une semaine pour aider à éliminer les sarcoptes ; et
  • nettoyer et passer l’aspirateur ou balayer les pièces après le traitement d’une personne infestée, en particulier pour les personnes atteintes de la forme croûteuse de la gale.

Transmission

La gale se transmet d’un être humain à l’autre par contact cutané étroit (par exemple, entre personnes résidant ensemble) avec un individu infesté. Le risque de transmission est proportionnel au degré d’infestation, le risque le plus élevé étant lors de contacts avec des personnes atteintes de la gale hyperkératosique. La transmission due au contact avec des effets personnels infestés (vêtements et linge de lit par exemple) est rare en cas de gale commune, mais peut être importante pour les individus atteints de la gale hyperkératosique. Étant donné qu’il existe une période asymptomatique d’incubation, la transmission peut avoir lieu avant que la personne initialement infestée ne développe de symptômes.

Diagnostic

Le diagnostic de la gale repose sur la reconnaissance clinique des caractéristiques typiques de l’infestation. Le diagnostic de la gale peut être étayé par des techniques d’imagerie visuelle telles que la dermatoscopie ou l’examen au microscope de prélèvements cutanés effectués au niveau des sillons, mais cela n’est généralement pas nécessaire, en particulier dans les zones de forte endémicité. La gale se manifeste de façon caractéristique chez les patients par un prurit intense, des sillons linéaires et des papules, localisés entre les doigts, autour des poignets, sur les membres supérieurs et inférieurs et autour de la taille. Chez les nourrissons et les jeunes enfants, l’éruption cutanée peut être plus généralisée, atteignant la paume des mains et la plante des pieds, les chevilles et parfois le cuir chevelu. Des nodules inflammatoires peuvent être observés, en particulier sur le pénis et le scrotum chez l’homme adulte, ou autour des seins chez la femme. Du fait de l’intervalle de temps existant entre l’infection initiale et le développement des symptômes, les lésions peuvent être observées chez des contacts proches qui n’ont pas encore de démangeaisons.

Traitement

Le traitement de la gale consiste en l’application de crèmes topiques ou l’administration de médicaments par voie orale dans les cas plus graves. Les démangeaisons s’aggravent souvent pendant 1 à 2 semaines après le début du traitement.

Les traitements locaux qui sont appliqués sur tout le corps comprennent notamment :

  • la perméthrine à 5 % (crème)
  • le malathion à 0,5 % en solution aqueuse
  • le benzoate de benzyle à 10-25 % en émulsion
  • le sulfure à 5-10 % en pommade.

L’ivermectine par voie orale est aussi très efficace, toutefois elle ne doit pas être utilisée chez la femme enceinte ou l’enfant pesant moins de 15 kg.

Les traitements ne tuent pas les œufs du parasite et il convient de renouveler le traitement pour tuer les acariens nouvellement éclos. Aux premiers stades de l’infestation, les personnes ne présentent pas de symptômes. Pour réduire la propagation de la maladie, il convient de traiter toutes les personnes qui résident ensemble même si elles ne présentent pas de symptômes.

D’autres traitements peuvent être nécessaires pour traiter les complications de la gale. Les antiseptiques ou antibiotiques sont utilisés pour traiter les infections cutanées bactériennes ou l’impétigo.

Les patients atteints de la gale hyperkératosique sont très contagieux et représentent une source de réinfection pour le reste de la communauté. Ils nécessitent un traitement intense à l’aide de médicaments administrés par voie orale ou en application locale.

Lutte contre la maladie

La lutte contre la gale et ses complications a été identifiée par un certain nombre de pays comme étant une priorité de santé publique, et plusieurs études ont montré que les stratégies d’administration de masse de médicaments (AMM) permettaient de réduire considérablement la prévalence de la maladie, avec une réduction concomitante de l’impétigo. En 2019, l’OMS a organisé une consultation informelle d’experts mondiaux afin de passer en revue les données disponibles et d’élaborer des recommandations sur les stratégies de lutte au niveau mondial et national. Les experts ont convenu qu’il existe des éléments convaincants montrant que l’AMM peut être très efficace dans les zones où la prévalence est égale ou supérieure à 10 %, toutefois les données relatives à son efficacité dans les zones où la prévalence est plus faible sont moins probantes. La recommandation actuelle consiste à administrer deux doses d’ivermectine (200mg/kg) et un agent topique tel que la perméthrine à 5 % lorsque l’ivermectine est contre-indiqué ou indisponible. Des recherches sont en cours pour déterminer si une dose de traitement est suffisante pour l’AMM, mais actuellement les preuves ne sont pas concluantes. Il convient de mener d’autres travaux de recherche pour définir les stratégies à mettre en œuvre lorsque la prévalence est faible, soit au départ, soit lorsque cette prévalence résulte de l’AMM.

Les flambées de gale peuvent se produire dans des établissements fermés (tels que les hôpitaux, les internats ou les établissements de soins de longue durée) ou dans des communautés ouvertes. Les camps de réfugiés ou de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont particulièrement exposés en raison de la surpopulation qui augmente le contact peau à peau. Les flambées peuvent être prolongées et difficiles à maîtriser. Les principes généraux comprennent la surveillance dans les milieux à haut risque, la confirmation rapide d’une flambée épidémique et l’implication d’experts en santé publique.

Le rapport de la consultation informelle de l’OMS sur un cadre de lutte contre la gale décrit les principaux travaux de recherche opérationnelle qui doivent encore être menés pour élaborer des lignes directrices relatives à la stratégie de lutte et de surveillance dans tous les contextes.

Des AMM contre la gale sont en cours en Papouasie–Nouvelle-Guinée, à Vanuatu, aux Fidji et aux Îles Salomon.

Action de l’OMS

En 2017, la gale et les autres ectoparasitoses ont été intégrées aux maladies tropicales négligées (MTN) par l’OMS, en réponse aux demandes des États Membres et pour donner suite aux recommandations du Groupe consultatif stratégique et technique de l’OMS sur les maladies tropicales négligées.

Les cibles mondiales de l’OMS à l’horizon 2030 en matière de lutte contre la gale sont les suivantes :

  • les pays doivent intégrer la prise en charge de la gale dans le paquet de soins de la couverture maladie universelle ; et
  • les pays doivent mener des interventions d’AMM dans les zones d’endémie (zones où la prévalence est égale ou supérieure à 10 %).

L’OMS collabore avec les États Membres et les partenaires à l’élaboration de stratégies de lutte et de plans de riposte aux flambées de gale. L’OMS recommande que les stratégies de lutte contre la gale s’inscrivent dans le cadre d’une approche intégrée de lutte contre les maladies tropicales négligées à manifestation cutanée qui soit adaptée aux maladies présentes en fonction des maladies présentes dans un pays donné afin de favoriser une appropriation rapide et économiquement rationnelle de la stratégie. L’ivermectine figure désormais sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS pour le traitement de la gale et un certain nombre de fournisseurs ont été préqualifiés par l’OMS.

 


(1) WHO informal consultation on a framework for scabies control, meeting report, WHO Regional Office for the Western Pacific, Manila, Philippines, 19–21 February 2019. https://www.who.int/publications/i/item/9789240008069  

(2) The global burden of scabies: a cross-sectional analysis from the Global Burden of Disease Study 2015. Karimkhani C, Colombara DV, Drucker AM, Norton SA, Hay R, Engelman D, et al. The global burden of scabies: a cross-sectional analysis from the Global Burden of Disease Study 2015. Lancet Infect Dis. 2017; 17:1247 – 54. https://www.thelancet.com/journals/laneur/article/PIIS1474-4422 (18)30,499-X/fulltext. 

(3) Tsoi SK, Lake SJ, Thean LJ, Matthews A, Sokana O, Kama M, Amaral S, Romani L, Whitfeld M, Francis JR, Vaz Nery S, Marks M, Kaldor JM, Steer AC, Engelman D. Estimation of scabies prevalence using simplified criteria and mapping procedures in three Pacific and southeast Asian countries. BMC Public Health. 2021 Nov 10; 21(1):2060. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34758806/

(4) Romani L, Whitfeld MJ, Koroivueta J, Kama M, Wand H, Tikoduadua L, et al. Mass Drug Administration for Scabies Control in a Population with Endemic Disease. The New England journal of medicine 2020; 2015; 373 (24):2305-13. https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa1500987