Tom Bradley
Child with Leprosy symptoms
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Lèpre

27 janvier 2023

Principaux faits

  • La lèpre est une maladie infectieuse chronique causée par le bacille Mycobacterium leprae.
  • Elle touche principalement la peau et les nerfs périphériques. En l’absence de traitement, elle peut entraîner des incapacités progressives et permanentes.
  • Le bacille se transmet par des gouttelettes provenant du nez et de la bouche lors de contacts étroits et fréquents avec des cas non traités.
  • Une polychimiothérapie permet de guérir la lèpre.
  • Des cas de lèpre sont notifiés dans les six Régions de l’OMS ; la majorité des nouveaux cas détectés chaque année surviennent en Asie du Sud-Est.


Vue d’ensemble

La lèpre est une maladie ancestrale qui est décrite dans la littérature des civilisations anciennes. C’est une maladie infectieuse chronique causée par le bacille Mycobacterium leprae, un type de bactérie. Elle se manifeste par des lésions de la peau, des nerfs périphériques, de la muqueuse des voies respiratoires supérieures ainsi que des yeux. La lèpre est curable et le traitement à un stade précoce permet d’éviter les incapacités. Les personnes touchées par la lèpre sont atteintes de difformités physiques mais sont également confrontées à la stigmatisation et à la discrimination.

Ampleur du problème

La lèpre est une maladie tropicale négligée (MTN) encore présente dans plus de 120 pays, et dont plus de 200 000 nouveaux cas sont notifiés chaque année. L’élimination de la lèpre en tant que problème de santé publique (c’est-à-dire l’obtention d’une prévalence inférieure à 1 cas pour 10 000 habitants) a été accomplie à l’échelle mondiale en 2000 (conformément à l’objectif fixé dans la résolution WHA44.9 de l’Assemblée mondiale de la Santé), puis au niveau national dans la plupart des pays en 2010. La régression du nombre de nouveaux cas a été progressive, tant à l’échelle mondiale que dans les Régions de l’OMS. Selon des données de 2019, le nombre de nouveaux cas signalés était supérieur à10 000 au Brésil, en Inde et en Indonésie, tandis qu’il était compris entre 1000 et 10 000 dans 13 autres pays (Bangladesh, Éthiopie, Madagascar, Mozambique, Myanmar, Népal, Nigéria, Philippines, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Somalie, Soudan du Sud et Sri Lanka). Quarante-cinq pays ont notifié 0 cas et 99 pays ont signalé moins de 1000 nouveaux cas.

Transmission

La maladie se transmet par des gouttelettes provenant du nez et de la bouche. Il faut être en contact étroit et prolongé, pendant plusieurs mois, avec une personne atteinte de la lèpre et non traitée pour contracter la maladie. Le fait d’être occasionnellement en contact avec une personne atteinte de la lèpre, par exemple de lui serrer la main, de la serrer dans les bras, de partager un repas avec elle ou de s’asseoir à côté d’elle, ne suffit pas pour contracter la maladie. De plus, le malade cesse d’être contagieux lorsqu’il commence le traitement.

Diagnostic

Le diagnostic de la lèpre est clinique. Des examens de laboratoire peuvent être nécessaires dans les cas difficiles à diagnostiquer. 

La maladie se manifeste généralement par une lésion cutanée et une atteinte des nerfs périphériques. Le diagnostic de la lèpre repose sur la présence d’au moins l’un des signes pathognomoniques suivants : 1) perte manifeste de sensibilité sur une zone de la peau pâle (hypopigmentée) ou rougeâtre ; 2) épaississement ou hypertrophie d’un nerf périphérique, accompagné d’une perte de sensibilité et/ou d’une faiblesse des muscles innervés ; 3) détection au microscope de bacilles dans un frottis cutané.

Ces signes permettent de distinguer deux types de cas en vue de l’instauration d’un traitement : les cas paucibacillaires et les cas multibacillaires.

Cas paucibacillaire : cas de lèpre où l’on retrouve 1 à 5 lésions cutanées, sans présence avérée de bacilles dans le frottis cutané.

Cas multibacillaire : cas de lèpre où l’on retrouve plus de cinq lésions cutanées ou une atteinte nerveuse (névrite seule ou névrite accompagnée de plusieurs lésions cutanées) ou bien la présence avérée de bacilles dans le frottis cutané, quel que soit le nombre de lésions cutanées.

Traitement

La lèpre est une maladie curable. Le schéma thérapeutique actuellement recommandé est une polychimiothérapie qui comprend trois médicaments : la dapsone, la rifampicine et la clofazimine. La durée du traitement est de six mois pour les cas paucibacillaires et de 12 mois pour les cas de multibacillaires. La polychimiothérapie permet d’éliminer l’agent pathogène et de guérir le malade. Un diagnostic précoce et l’instauration rapide du traitement peuvent aider à prévenir les incapacités. L’OMS assure la distribution gratuite de la polychimiothérapie. Le traitement était initialement financé par la Nippon Foundation et, depuis 2000, il est fourni gratuitement dans le cadre d’un accord avec Novartis courant jusqu’en 2025.

Prévention

On a constaté que la détection des cas et le traitement par polychimiothérapie ne permettaient pas à eux seuls d’interrompre la transmission. Pour renforcer la prévention de la lèpre, l’OMS recommande de rechercher, avec le consentement du cas indicateur, les contacts familiaux et dans l’entourage de chaque patient, puis d’administrer une dose unique de rifampicine à titre préventif.

Action de l’OMS

L’OMS fournit un appui technique aux États Membres en matière de prévention et de lutte contre la lèpre. Chaque année, l’OMS rassemble des données épidémiologiques sur la lèpre provenant de tous ses États Membres et publie un rapport de synthèse en anglais et en français dans le Relevé épidémiologique hebdomadaire à partir des données de l’année civile précédente. Ces données sont fournies par les pays.

Après des consultations approfondies avec les pays, des experts, les partenaires et des personnes atteintes de la lèpre, l’OMS a publié en avril 2021 la Stratégie mondiale de lutte contre la lèpre (maladie de Hansen) 2021-2030 – Vers zéro lèpre, qui est conforme à la Feuille de route pour les maladies tropicales négligées 2021-2030. La Stratégie défend une vision « zéro lèpre » (zéro infection, zéro maladie, zéro incapacité, zéro stigmatisation et zéro discrimination) et fixe comme objectif l’élimination de la lèpre (c’est-à-dire l’interruption de la transmission). Les quatre piliers stratégiques de la Stratégie sont les suivants : mise en œuvre des feuilles de route nationales intégrées pour zéro lèpre dans tous les pays d’endémie ; renforcement de la prévention de la lèpre parallèlement à un effort intégré de dépistage actif de cas ; prise en charge de la lèpre et de ses complications et prévention de nouvelles incapacités ; et lutte contre la stigmatisation et assurance du respect des droits humains. La Stratégie reconnaît également que les investissements mondiaux et nationaux dans la recherche sont essentiels pour parvenir à l’éradication de lèpre et propose un ensemble de priorités de recherche clés.

L’OMS a mis au point des modules de formation en ligne pour étendre les connaissances et améliorer les compétences des agents de santé à tous les niveaux dans des domaines liés au diagnostic et au traitement de la lèpre et à la prise en charge des incapacités. Ces modules peuvent être consultés sur la plateforme OpenWHO.