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Au Gaec du Sancy (63)Étable modernisée et fabrication de Saint-Nectaire grâce au Feader

Le Gaec du Sancy (63) fabrique 22 000 fromages Saint-Nectaire par an dans son labo de transformation.
Le Gaec du Sancy (63) fabrique 22 000 fromages Saint-Nectaire par an dans son labo de transformation. (©Ludovic Combe)

Fromagerie moderne, nouveau bâtiment pour les vaches : Jérôme Goigoux a pu moderniser la ferme de ses parents à Picherande, dans le Puy-de-Dôme, où il fabrique désormais du Saint-Nectaire, valorisant ainsi son lait. Des fonds européens l'ont aidé dans ce développement.

En cette matinée pluvieuse, les vaches du Gaec du Sancy (63) sont encore à l'étable : « avec le froid, la pluie, on n'a pas encore pu les sortir », regrette le jeune éleveur de 28 ans. Le vaste bâtiment flambant neuf, planté dans un hameau de la commune à plus de 1 000 mètres d'altitude, abrite une cinquantaine de Prim'holstein : « c'était important pour moi de conserver une exploitation à taille humaine », insiste Jérôme Goigoux.

Le jeune homme a pris la succession de son père, éleveur laitier, en 2017 : « comme on n'agrandissait pas l'exploitation, mon projet c'était de valoriser au mieux le lait », en produisant le fromage qui fait la fierté de sa région.

« On était dans un vieux bâtiment qui datait de 1979, où les vaches étaient attachées, on faisait tout à la main donc on voulait moderniser l'exploitation », ajoute-t-il. Montant total des investissements : 600 000 €, dont 40 % d'aides régionales et européennes. Le jeune éleveur a notamment bénéficié d'une enveloppe de 31 095 € du Feader, le fonds européen agricole pour le développement rural, pour construire sa fromagerie.

Le Feader : un dossier « fastidieux »

Le Feader est un instrument de la politique agricole commune (Pac) qui vise à promouvoir la compétitivité, la durabilité et la diversification des zones rurales. Pour la période 2014-2020, la France est l'Etat membre qui a reçu l'enveloppe Feader la plus importante, soit 11,4 milliards d'euros. Ont suivi 4,3 milliards d'euros pour 2020-2022 et 10 milliards sont programmés pour 2023-2027.

Ces fonds, gérés en partie par les conseils régionaux, portent sur quatre priorités : l'installation des jeunes agriculteurs, le soutien aux zones soumises à des contraintes naturelles, les mesures agro-environnementales et climatiques, la conduite pastorale des troupeaux soumis au risque de prédation.

Le dossier a été « fastidieux et compliqué à remplir, il fallait faire des devis pour chaque corps de métier », se remémore Jérôme Goigoux : « si nous n'avions pas eu l'aide de la chambre d'agriculture, c'était impossible. » C'est d'ailleurs à travers la chambre d'agriculture qu'il a eu connaissance des aides européennes.

Les critères qui lui ont permis de toucher des subventions ? « Être un jeune agriculteur installé, et en zone de montagne, soit une zone dite de "handicap naturel" », explique-t-il.

« L'Europe, c'est aussi des contraintes »

Depuis 2019, grâce à ces investissements, un atelier de fromagerie jouxte l'étable. Deux fois par jour, après la traite, l'exploitant troque sa casquette pour une charlotte et un tablier afin d'y transformer le lait en Saint-Nectaire.

« Pendant la traite, on incorpore des ferments lactiques, pour qu'il y ait de bonnes bactéries et une bonne acidification de la tome », explique-t-il devant la cuve en inox où il recueille le lait caillé, séparé du petit lait.

Une mouleuse pétrit ensuite chaque tome « à la manière des anciens » qui appuyaient dessus avec leurs poings, décrit le jeune homme. Les tomes sont installées sous un pressoir pendant une dizaine d'heures puis entreposées dans une chambre froide où un affineur les récupère avant de les commercialiser.

80 % du lait des vaches de Jérôme Goigoux est destiné à produire du Saint-Nectaire fermier, soit 22 000 fromages par an, le reste étant vendu à une laiterie.

Aujourd'hui, l'agriculteur se dit « satisfait » de ces changements, « surtout dans le contexte actuel où les charges ont beaucoup augmenté » : « si on était resté comme avant, je pense que ça aurait été très très compliqué ». Et il reconnaît que « sans les aides, ça n'aurait pas été possible, on n'aurait pas fait comme ça, on aurait fait plus petit, moins moderne ».

Pourtant, n'étant pas inscrit sur les listes électorales, l'éleveur, père d'un garçon de deux ans, ne votera pas aux élections européennes du 9 juin : « l'Europe, ce n'est pas tout blanc ou tout noir, elle nous impose aussi des contraintes... »

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