Mode : quand Loewe regarde vers Lynda Benglis
Depuis dix ans, Jonathan Anderson pour Loewe dialogue avec l'art contemporain. Cette saison, sa collection fait écho au travail post-minimaliste de la plasticienne américaine Lynda Benglis.
Par Astrid Faguer
La collection
Les défilés, que Jonathan Anderson conçoit pour la maison de luxe Loewe depuis 2013, comptent parmi les plus attendus (et applaudis) de la fashion week parisienne. Entre poésie, artisanat et sens du produit, ses collections cochent beaucoup de cases. Ses invitations et ses décors confiés chaque saison à des artistes différents enthousiasment également le public, autant qu'ils jettent des ponts entre l'art et la mode. Cette saison, c'est dans une gigantesque boîte blanche installée dans l'enceinte du château de Vincennes, que l'Irlandais faisait dialoguer sa mode avec les sculptures en bronze de la plasticienne Lynda Benglis. Des mannequins s'avançaient dans d'immenses mailles rasant le sol, pourvues de boutons dorés XXL, comme un écho au décor. D'autres arboraient d'impeccables pantalons à pince en flanelle ou en velours lisse, à la taille exagérément haute. Mailles multicolores aériennes et volumineuses, manteau en peau au pan relevé comme par magie, robe en soie fluide jaune pâle traversée en son sein par une aiguille dorée, complétaient ce vestiaire poétique, désirable et… infiniment élégant.
La référence
Si l'artiste américaine Lynda Benglis, originaire de Louisiane, est méconnue en France, elle reste une référence outre-Atlantique. En témoignent les nombreuses expositions - du MoMA au Musée Los Angeles County - et ouvrages qui lui ont été consacrés de ce côté-ci du monde. C'est à partir des années 1970 que la peintre, sculptrice et plasticienne post-minimaliste bouscule le monde de l'art. D'abord avec ses Wax Paintings, reliefs en cire en forme de totem, puis avec ses Fallen Paintings, peintures coulées au sol en latex coloré, clin d'oeil au travail de Jackson Pollock. Reine de la fusion des matériaux et des formes qu'elle parvient à figer, elle s'est illustrée, pour ce défilé, avec six sculptures en bronze monumentales - versions agrandies des oeuvres en argile de la série « Elephant Necklace » -, et des bijoux protéiformes en or, argent, cristal, aluminium torsadés et coulés, façon sculptures miniatures.