Retraites : les divergences au sein de LR persistent
La forte mobilisation contre la réforme conforte les élus de droite hostiles au projet du gouvernement. Le chef de file des députés LR, Olivier Marleix, s'emploie à minimiser la fronde.
Par Jacques Paugam
A quoi jouent Les Républicains ? La question agite la majorité présidentielle qui s'inquiète des divisions au sein du groupe LR à l'Assemblée. Le chef de l'Etat compte sur les voix de la droite au Palais-Bourbon pour faire voter la réforme des retraites sans recourir au fameux article 49-3 de la Constitution. Mais certains députés LR, parmi la jeune garde laissent planer le doute, exigeant une réforme « plus juste ».
Au sein du groupe, ils seraient une minorité active - 13 députés, selon un récent décompte du « JDD » - à ne pas vouloir soutenir la réforme. « Beaucoup plus », d'après un député interrogé qui espère convaincre une majorité au sein du groupe de s'y opposer.
Besoin de débattre
La Première ministre, Elisabeth Borne, s'en est elle-même inquiétée auprès des ténors de LR, lorsqu'ils ont été reçus à Matignon pour une ultime consultation, le 12 janvier dernier . « Je ne comprends pas bien la position d'Aurélien Pradié », a sondé pudiquement la cheffe du gouvernement, alors qu'Eric Ciotti, Bruno Retailleau et Olivier Marleix - le chef de file des députés LR - ont répété leur soutien à la mesure d'âge contenue dans la réforme.
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« Le texte arrive bientôt en commission à l'Assemblée. C'est normal que nos députés, qui sont avant tout des élus de terrain, s'interrogent sur une réforme importante et souhaitent défendre leurs idées, tempère Olivier Marleix. Nous verrons quand nous arriverons au vote pourvu qu'il y ait bien un débat. »
Car pour la droite, il s'agit avant tout de voir ses amendements discutés en séance avant d'être finalement adoptés. L'occasion de s'attribuer quelques dividendes de la réforme auprès de son électorat majoritairement acquis au relèvement de l'âge légal.
Jusqu'ici, certains stratèges à droite se félicitaient de faire grimper les enchères grâce aux quelques réfractaires. Tout en minimisant le risque de se voir déborder par les opposants à la réforme, jugés peu nombreux. « Tous les députés LR ici ont signé durant le quinquennat précédant des amendements en faveur de la retraite à 65 ans », rappelle-t-on à droite.
Commission mixte paritaire
Mais l'ampleur d'une mobilisation amenée à durer ne risque-t-elle pas d'inverser le rapport de force au sein de la droite ? « Olivier Marleix est irrité parce qu'il n'a pas l'initiative et qu'un point de fixation s'est cristallisé sur la question de l'âge », estime-t-on à la gauche du parti où Aurélien Pradié fait figure de principal opposant.
Le tout nouveau vice-président exécutif de LR, aux côtés d'Eric Ciotti , n'a pas renoncé à jouer les trouble-fêtes. « On a désormais le renfort de l'opinion », estime ce tenant d'une droite sociale, qui ne veut pas louper une occasion de faire vaciller l'exécutif. Peu importe que le projet de loi s'inspire en grande partie de l'amendement soutenu chaque année par la majorité de droite au Sénat. Le recours à l'article 47.1 de la Constitution, qui aura pour effet d'écourter les débats à près de 50 jours au Parlement, est très dangereux, selon lui : « Ce n'est pas à l'issue d'une commission mixte paritaire que tout cela va se régler. Si vous faites ça, vous faites exploser le pays. »
Jacques Paugam