[go: up one dir, main page]

Publicité

Les sénateurs LR tentés de rejeter l'accord commercial avec le Canada

Le Sénat doit se prononcer jeudi sur l'accord de libre-échange avec le Canada (CETA). Une partie des élus LR au Palais du Luxembourg souhaitent voter contre. Les centristes veulent temporiser.

Bruno Retailleau est résolu à voter contre l'accord commercial entre l'Europe et le Canada (CETA) ce jeudi.
Bruno Retailleau est résolu à voter contre l'accord commercial entre l'Europe et le Canada (CETA) ce jeudi. (Miguel MEDINA/AFP)

Par Jacques Paugam

Publié le 18 mars 2024 à 16:50Mis à jour le 18 mars 2024 à 17:18

La tentation d'infliger un camouflet au gouvernement est forte. Une bonne partie des élus LR a l'intention de voter contre le projet de ratification de l'accord commercial entre l'Europe et le Canada (CETA) soumis jeudi au vote du Sénat par le groupe communiste. Même si ce traité de libre-échange entré en vigueur en 2017 est présenté comme largement avantageux pour l'agriculture et l'économie française.

La crise du monde rural, la contestation grandissante des accords de libre-échange comme celui en discussion avec le Mercosur - auquel s'oppose la France - et la perspective des élections européennes sont autant d'incitations pour la droite à s'y opposer.

« Il y a un réel trouble à LR »

En 2019, les députés LR avaient déjà voté contre le CETA. Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, minimise la portée du scrutin. « Le vote du Sénat sera symbolique dans la mesure où même en cas de vote négatif, le CETA continuera d'être appliqué de façon provisoire et permanente », avance-t-il.

Publicité

Favorable au CETA, le groupe centriste, qui forme avec LR la majorité au Sénat, prévoit de déposer une motion de renvoi en commission du texte avant un nouvel examen. Manière de gagner du temps au motif que les circonstances pour un vote « serein et approfondi » ne seraient pas réunies.

« Si on laisse faire, le CETA pourrait être rejeté », alerte un responsable centriste qui partage l'avis du gouvernement : « Ce serait un très mauvais signal envoyé à nos partenaires commerciaux. » Et le même d'ajouter qu'il y a « un réel trouble à LR. Certains sénateurs ne sont pas contre mais craignent de s'aliéner une partie du monde agricole et des syndicats. »

Opposition au Mercosur

L'initiative des centristes a l'aval du gouvernement. « Si on peut sortir par le haut en préservant cet accord, la majorité présidentielle n'aura aucun problème à soutenir un renvoi en commission », fait part une source ministérielle.

« Il s'agit d'envoyer un message à la Commission européenne en pleines négociations avec le Mercosur », assure Bruno Retailleau. « Nous ne devons plus importer les pratiques que nous interdisons en France ou en Europe. C'est ce que, la main sur le coeur, nous avons juré à nos agriculteurs, il y a quelques semaines », ajoute-t-il.

Non sans arrière-pensées électorales, la droite se réfugie dans une forme de protectionnisme après avoir été le principal avocat des traités de libre-échange. « C'en est terminé du libéralisme économique », pointe un sénateur LR. « Oui au libre-échange, mais un libre-échange juste et loyal », tempère Bruno Retailleau.

Remontées du terrain

Jusqu'ici, ce dernier s'est abstenu de donner une consigne de vote, mais le sujet devrait être abordé ce mardi en réunion de groupe. En commission des affaires étrangères, le projet de ratification du CETA a été rejeté de peu, à une voix près.

Plusieurs sénateurs ont reçu des courriers, notamment des fédérations viticoles et spiritueux, pour défendre le CETA dont bénéficient les exportateurs de vins et d'alcools français, notamment. « La France a intérêt à cet accord, c'est pourquoi nous ne devrions pas bâcler cette discussion », insiste le patron des centristes au Sénat, Hervé Marseille.

Jacques Paugam

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité