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UE : von der Leyen précise sa doctrine pour une nouvelle majorité

La cheffe de file des conservateurs fixe trois critères pour une possible alliance : être pro-européen, pro-Ukraine, respecter l'Etat de droit. Le groupe ID a exclu l'AfD allemande, devenue trop gênante.

Sandro Gozi pour les centristes, Terry Reintke pour les Verts, Walter Baier pour la gauche radicale, Ursula von der Leyen pour les conservateurs et Nicolas Schmit pour les socialistes se sont retrouvés jeudi 23 mai au Parlement européen pour le dernier débat de la campagne.
Sandro Gozi pour les centristes, Terry Reintke pour les Verts, Walter Baier pour la gauche radicale, Ursula von der Leyen pour les conservateurs et Nicolas Schmit pour les socialistes se sont retrouvés jeudi 23 mai au Parlement européen pour le dernier débat de la campagne. (AFP)

Par Karl De Meyer

Publié le 23 mai 2024 à 18:59

Ils n'étaient pas représentés dans l'hémicycle du Parlement européen de Bruxelles, ce jeudi 23 mai, mais l'ombre des partis nationalistes et d'extrême droite a plané sur presque tout le débat « officiel » entre les têtes de liste des grands partis européens.

Les groupes ECR (eurosceptiques et souverainistes) et ID (extrême droite dure), qui pourraient totaliser plus de 180 sièges sur 720 dans le nouveau Parlement issu du scrutin de juin , n'étaient pas invités car ils n'ont pas désigné de candidat à la présidence de la Commission européenne.

Malgré leur absence, très vite au cours des échanges est revenue la question de l'éventuelle collaboration des partis traditionnels avec ces formations jugées plus ou moins fréquentables.

Clarté

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« Je suis prêt à travailler avec toutes les forces démocratiques, mais ECR ou ID ne correspondent pas aux valeurs fondamentales que nous défendons […] Sur une telle question, nous avons besoin de clarté, non d'ambiguïté », a averti Nicolas Schmit, le chef de file des socialistes . Une claire invitation lancée à Ursula von der Leyen de préciser ses intentions.

Lors du débat de Maastricht organisé par « Politico » en avril , la candidate des conservateurs du PPE, qui brigue un second mandat à la tête de la Commission, avait laissé la porte ouverte à une collaboration avec ECR, qui compte dans ses rangs les Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, le Parti Droit et justice (PiS) polonais, Vox (Espagne) et Reconquête (France).

Trois critères

Ce jeudi, la présidente sortante de la Commission a listé trois critères que devront remplir les partis avec lesquels elle accepterait de travailler, si elle était reconduite. « Ils doivent être pro-européens, pro-ukrainiens et contre Poutine, enfin respecter l'Etat de droit ». Cela exclut de facto le PiS polonais, qui a malmené la justice, les minorités et les médias quand il a été au pouvoir à Varsovie, de 2015 à 2023.

Ursula von der Leyen a également sévèrement critiqué le Rassemblement national, l'AfD allemande et les Polonais de Konfederacja (encore plus à droite que le PiS) pour leur proximité avec Moscou.

Composition inconnue

En revanche, elle a rappelé qu'elle a « bien travaillé » avec Giorgia Meloni, la Première ministre italienne qui projette une image de normalité hors de son pays mais cherche en politique interne à contrôler les médias et à restreindre les droits des minorités.

Alors que la structure très (trop ?) rythmée du débat l'empêchait de véritablement développer sa stratégie, Ursula von der Leyen a souligné que la composition des groupes parlementaires après le 10 juin n'est pas claire aujourd'hui.

De fait, l'AfD allemande a été exclue ce jeudi des rangs du groupe ID à la suite de propos inacceptables de sa tête de liste . « Le groupe ID ne veut plus être associé aux incidents impliquant Maximilian Krah », a déclaré le bureau du groupe dans un communiqué.

Nouvelle alliance

D'autres partis pourraient vouloir quitter ID pour rejoindre l'ECR, mais cela provoquerait certainement un jeu de dominos, avec des formations eurosceptiques alors tentées de rejoindre le PPE chrétien-démocrate.

Dans ce contexte mouvant, Ursula von der Leyen s'est dite prête à bâtir une majorité, ajoutant que « le centre doit tenir ». La législature finissante a fonctionné grâce à une majorité tripartite réunissant les socialistes, les centristes et le PPE. Cet attelage devrait conserver une majorité des 720 sièges, mais elle serait vulnérable à des désistements ponctuels.

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Pragmatisme

Il pourrait se renforcer en incluant les Verts. Mais Ursula von der Leyen a rappelé les écologistes à leurs contradictions : en 2021, ils ont voté contre la grande loi climatique de l'UE, qu'ils jugeaient insuffisante.

Terry Reintke, cheffe de file des Verts, a semblé offrir des gages de compromis sur les législations : « Nous devons nous montrer pragmatiques, nous devons accélérer l'octroi des permis » des projets environnementaux. De nombreuses installations sont freinées ou abandonnées par des études d'impact trop longues.

Question néerlandaise

Mais la candidate écologiste a aussi démontré sa vigilance sur le terrain des valeurs. Elle s'en est prise au candidat centriste, Sandro Gozi, au sujet de l'alliance formée aux Pays-Bas entre le parti libéral VVD et le Parti pour la liberté de Geert Wilders (extrême droite). « Excluez le VVD de votre groupe [Renew, NDLR] ! Envoyez un signal clair ! », s'est-elle exclamée.

Sandro Gozi a concédé que cette coalition néerlandaise « est une erreur », mais a différé toute décision sur la place du VVD au sein de Renew à l'après-élection. « Il n'y a pas encore de gouvernement ni de Premier ministre aux Pays-Bas », a-t-il argué.

Le Parlement européen codécide avec les Etats membres la grande majorité des législations européennes. La formation d'une majorité solide et fiable y est cruciale pour l'application dans la prochaine législature des priorités que les Vingt-Sept doivent définir en juin.

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

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