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Décryptage

Présidentielle américaine 2024 : Trump et Biden englués à six mois du scrutin

Le candidat républicain peine à faire campagne car il est au tribunal quatre jours par semaine. Son rival démocrate, en retard dans les sondages, cherche à remettre sa candidature en mouvement en visant la Chine et les migrants.

Donald Trump est contraint de siéger au banc des accusés quatre jours par semaine. Le candidat n'a plus que le mercredi et le week-end pour faire campagne.
Donald Trump est contraint de siéger au banc des accusés quatre jours par semaine. Le candidat n'a plus que le mercredi et le week-end pour faire campagne. (Photo Odd Heisler/Pool via Reuters)

Par Solveig Godeluck

Publié le 12 mai 2024 à 12:41Mis à jour le 22 mai 2024 à 17:16

Déconcertante campagne électorale. A moins de six mois du scrutin présidentiel américain, les positions électorales de Donald Trump et de Joe Biden sont quasiment pétrifiées. Les duellistes semblent incapables de briser le charme, de faire un geste ou une promesse qui change la donne. Dans les affres du populisme et de la division politique, rien ne bouge en Amérique.

Les sondages continuent de donner Donald Trump légèrement gagnant face au président sortant, avec 3,1 points en sa faveur dans les sept Etats qui vont déterminer le résultat du vote (Wisconsin, Arizona, Géorgie, Michigan, Pennsylvanie, Caroline du Nord, Nevada). Selon RealClearPolitics , dans l'ensemble du pays, cette avance passe de 1,2 point en duel à 2,7 points en incluant trois autres candidats (Kennedy, West, Stein).

Le leader populiste n'est pourtant pas très présent sur le terrain. Depuis fin avril, il siège au banc des accusés quatre jours par semaine à Manhattan. Il est jugé pour avoir dissimulé des paiements ayant permis d'acheter le silence d'une actrice porno sur une infidélité conjugale, pendant la campagne électorale de 2016.

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Festival de vulgarité

Donald Trump n'y a pas le bon rôle. Il s'est assoupi au tribunal. Il a dû écouter sans broncher l'actrice Stormy Daniels raconter par le menu son apparition en pyjama, l'absence de préservatif, etc. Le politicien éruptif n'ayant pu s'empêcher de s'en prendre à la cour sur les réseaux sociaux et ayant violé à dix reprises son injonction judiciaire à la retenue, le juge new-yorkais a menacé de l'envoyer en prison la prochaine fois.

Avec ce procès qui pourrait durer deux mois, le candidat n'a plus que le mercredi et le week-end pour faire campagne et lever des fonds, afin de rattraper son retard financier sur Joe Biden.

Néanmoins, ce festival de vulgarité et l'humiliation du leader populiste ne font pas douter ses fans, qui crient à la machination politique. Et ce spectacle trivial est un moindre mal pour Donald Trump par rapport à ses trois autres procédures pénales, bien parties pour être repoussées jusqu'après le scrutin.

A cause d'une histoire de coeur avec un collègue, la juge de Géorgie qui devait juger l'affaire de l'élection de 2020 va peut-être devoir être remplacée, et le dossier est en pause. La procédure de Washington DC sur l'assaut du Capitole en 2021 a été retardée en attendant une décision de la Cour suprême. En Floride, la juge nommée par Trump a repoussé sine die le procès sur le recel d'archives confidentielles.

Radicalité politique et marchandage

Peu présent sur le terrain, Donald Trump joue donc les cartes qui lui restent : la radicalité politique et le marchandage. En couverture de « Time » le 30 avril, il a promis de gracier les émeutiers de janvier 2021, de faire appel à la garde nationale pour déporter les sans-papiers, et laissé entendre qu'il pourrait y avoir de la violence s'il perdait l'élection.

Sa stature de présidentiable lui permet de faire monter les enchères auprès des prétendants au poste de vice-président qui se bousculent dans sa villa de Mar-a-Lago : le gouverneur du Dakota du Nord, Doug Burgum, aux poches profondes, le sénateur de l'Ohio, J.D. Vance, figure des milieux modestes, le sénateur Marco Rubio, un latino…

En avril, le candidat a aussi demandé un milliard de dollars de dons aux dirigeants des compagnies pétrolières et gazières contre la promesse de pouvoir forer tous azimuts, d'exporter sans limite et de détricoter les aides aux véhicules électriques.

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Biden piégé par l'inflation et la révolte des campus

Pendant ce temps, Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ratissent le terrain dans les Etats pivots, dramatisant les enjeux : défense de la démocratie, des droits des femmes ou des minorités, face au péril Trump.

Le rebond récent de l'inflation est un revers pour le candidat démocrate. Il essaie ces jours-ci de hâter le déboursement des milliards de dollars de subventions qu'il a fait voter, et qui arrivent trop lentement. Pour remettre sa candidature en mouvement, il veut s'adresser à l'électorat républicain modéré. Il s'apprête à annoncer des taxes douanières rédhibitoires sur les voitures et les panneaux solaires chinois, et de fortes restrictions à l'immigration depuis le Mexique.

S'il a remporté un remarquable succès politique en faisant voter 95 milliards de dollars d'aide aux alliés de l'Amérique, le pourrissement de la guerre à Gaza lui nuit sur le plan intérieur. Les démocrates sont divisés face à la révolte propalestinienne sur les campus américains. Joe Biden espère que l'été emportera les tentes et fera oublier la colère.

Le cauchemar, pour lui, serait que Chicago s'enflamme lors de la convention démocrate d'août, comme en 1968, lorsque les étudiants avaient manifesté contre la guerre du Vietnam. Avec un maire de Chicago à présent réputé favorable aux protestataires.

Solveig Godeluck (Bureau de New York)

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