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Guerre à Gaza : Netanyahou confronté à une série noire

Le Premier ministre israélien est confronté à des critiques américaines, de l'état major de Tsahal, à un vote jugé hostile à l'ONU, à une escalade des attaques du Hezbollah et des tirs de roquettes du Hamas

Benyamin Netanyahou a assuré que malgré toutes les pressions, il était décidé à attaquer Rafah.
Benyamin Netanyahou a assuré que malgré toutes les pressions, il était décidé à attaquer Rafah. (AMIR COHEN/POOL/AFP)

Par Pascal Brunel

Publié le 11 mai 2024 à 16:08

Benyamin Netanyahou est confronté ce week-end à une véritable série noire sur plusieurs fronts : à l'ONU, aux Etats-Unis, en France, tandis que les affrontements avec le Hezbollah virent à l'escalade et que le Hamas parvient à tirer, de nouveau, des roquettes vers Israël. Malgré tous ces mauvais augures, l'armée israélienne se prépare activement à une invasion de Rafah dans le sud de la bande de Gaza, quitte à défier la communauté internationale

Un des coups les plus durs pour le Premier ministre s'est produit vendredi lors de l'Assemblée générale de l'ONU qui a appelé à une très forte majorité (143 pays pour et 9 contre) à l'admission de la Palestine comme membre à part entière des Nations unies. Aussitôt Israël Katz, le chef de la diplomatie israélienne, a qualifié ce scrutin de « victoire pour le Hamas », le mouvement islamiste auteur de massacres le 7 octobre dans le sud d'Israël.

« Régime nazi »

Gilad Erdan, l'ambassadeur de l'Etat hébreu à l'ONU, a été plus virulent en accusant les pays qui ont voté « pour », de faire le jeu d'un « régime nazi » en brandissant un montage photo avec le portrait de Yahya Sinwar, le chef du Hamas, présenté dans la légende comme le « chef de l'Etat terroriste du Hamas » qui pourrait être créé grâce à l'ONU.

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Autre tracas : un rapport du Département d'Etat a accordé à grand-peine le bénéfice du doute à propos de l'usage des armes fournies par les Etats-Unis durant la guerre dans la bande de Gaza. « Il est raisonnable d'estimer qu'Israël a utilisé ces armes dans des cas qui sont incompatibles avec ses obligations de respecter le droit humanitaire international », constate ce document.

Hécatombe

Ces conclusions constituent une mise en garde pour l'avenir. Le président Joe Biden avait déjà mis les points sur les i cette semaine en prévenant qu'il imposerait un embargo sur les armes « offensives » si Israël envahissait Rafah, de crainte qu'une telle attaque provoque une catastrophe humanitaire et une hécatombe parmi plus d'un million de Palestiniens, qui se sont réfugiés dans cette ville pour fuir les combats. Le Quai d'Orsay s'est également prononcé très clairement, vendredi, contre une invasion de Rafah.

Sur le terrain, la perspective d'une « victoire totale » sur le Hamas promise par le Premier ministre semble s'éloigner. Les islamistes ont repris de plus belle leurs tirs de roquettes vers le sud d'Israël. L'armée israélienne, elle, a de nouveau frappé dans le nord de la bande de Gaza après que le Hamas a imposé de nouveau son pouvoir dans ces secteurs. Au nord, le Hezbollah libanais a intensifié ses tirs de roquettes vers des localités israéliennes, provoquant des représailles aériennes.

« Pas de solution miracle »

En Israël, Benyamin Netanyahou est aussi sous le feu de la critique. « Il n'y a pas de solution miracle, quand bien même nous mènerions une opération de grande envergure à Rafah, le Hamas continuera à contrôler le terrain faute d'une alternative », ont affirmé des officiers supérieurs à Ynet, le site d'informations israélien le plus populaire. Le Premier ministre, pour le moment, reste flou sur l'après-guerre .

Il a exclu que l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas - qui contrôle une partie de la Cisjordanie -, remplace le Hamas dans la bande de Gaza, et évoqué une administration gérée par des civils palestiniens non impliqués dans le terrorisme et dont la gestion serait soutenue financièrement par les Emirats arabes unis. Mais le ministère des Affaires étrangères de ce pays a catégoriquement rejeté ce plan en expliquant qu'il n'était pas question de « cautionner un régime militaire israélien dans la bande de Gaza ».

« Zones humanitaires »

Malgré cet environnement pour le moins inquiétant, le gouvernement a donné son feu vert à l'armée israélienne pour étendre ses opérations à Rafah. Résultat : Tsahal a appelé les habitants de trois nouveaux quartiers de la ville à quitter les lieux pour leur sécurité. D'ores et déjà 300.000 Palestiniens ont fui Rafah vers des « zones humanitaires », selon l'armée israélienne.

Benyamin Netanyahou a assuré que malgré toutes les pressions, il était décidé à attaquer cette ville. « S'il faut que nous restions seuls, nous resterons seuls », a-t-il prévenu.

Pascal Brunel

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