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L’intimité au bureau, une notion encore abstraite

Selon une étude réalisée par Steelcase, les cadres regrettent le manque d’isolement, propice à la concentration, y compris dans les bureaux partagés à quelques-uns. Paradoxe, pour travailler, certains s’exilent au café...

 Aux Etats-Unis, les Starbucks sont envahis de cadres qui y trouvent paradoxalement un lieu pour s’isoler et se concentrer
Aux Etats-Unis, les Starbucks sont envahis de cadres qui y trouvent paradoxalement un lieu pour s’isoler et se concentrer (Shutterstock)

Par Marie-Sophie Ramspacher

Publié le 16 oct. 2014 à 06:02

Le divorce entre les salariés et leurs bureaux n’a jamais été aussi palpable. Selon une étude Ipsos Loyalty-Steelcase, 43 % des Français se révèlent insatisfaits de leur espace de travail. Une fois n’est pas coutume, ils ne stigmatisent pas les open-space puisqu’en France seuls 24 % des salariés y travaillent quotidiennement. Ces collaborateurs sont en revanche gênés par le bruit, les mouvements constants, les interruptions intempestives que provoquent les outils numériques (sms, mails, téléphone, etc), et les multiples sollicitations de leurs collègues, clients et supérieurs _en moyenne toutes les 11 minutes selon des chiffres de l’université de Californie.

Petit à petit, l’origine du malaise se fait plus claire : selon Steelcase, les collaborateurs manquent d’intimité, une notion abstraite en entreprise. La possibilité de s’isoler une paire d’heures dans un espace clos permet pourtant de s’extraire des constantes sources de distraction qu’impose la vie de groupe, voire de recharger ses batteries en fermant les yeux quelques instants. La généralisation, y compris dans les espaces partagés par quatre ou cinq personnes, des écouteurs, des casque audio vissés sur les oreilles, ultra-visibles comme s’il fallait signifier aux importuns le besoin de retraite sonore, montre que les espaces de travail ne fournissent pas le calme espéré... L’émergence des demandes de travail dans des tiers-lieux ou au café est un autre signe. « Aux Etats-Unis, les Starbucks sont envahis de cadres qui cherchent paradoxalement cette capacité d’isolement. Entourés d’étrangers qui ne risquent pas de les solliciter, redevenus anonymes, ils peuvent plancher sur un rapport », observe Catherine Gall, chercheuse pour le WorkSpace Futures de Steelcase.

Selon ce spécialiste du mobilier de bureau et de l’aménagement tertiaire, il existerait même en France, un problème de vocabulaire. «  La salle de réunion sous-entend un rassemblement à plusieurs, mais aucun vocable n’existe pour désigner la réunion à deux ou à trois », constate Catherine Gall, « or le besoin de se voir en duo est fréquent ». Pour vendre ses produits auprès de ses clients, la marque a de fait, inventé des mots : « espace refuge » pour réfléchir en silence, « enclave » pour une communication vidéo confidentielle...

Au-delà de ce marketing élaboré, l’équipe de recherche de Steelcase souligne combien l’importance des temps morts est déniée dans l’entreprise. « Il ne s’agit pas de remettre en cause l’intérêt du collaboratif, mais de reconnaître que ce mode de travail ne peut s’étaler sur 8 heures par jour. Il faudrait pouvoir jongler entre temps collaboratifs et temps personnels », argumente Donna Flynn, directrice de la recherche du WorkSpace Futures. Susan Cain, d’ailleurs, le rappelle dans son livre « La force des discrets », la solitude est un facteur d’innovation. L’intimité allouée aux dirigeants des entreprises le corrobore  : l’isolement est productif. « Or cet avantage ne devrait pas être un statut réservé à certains », insiste Catherine Gall.

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A visiter des entreprises comme Accenture ou Bouygues Telecom qui ont précisément implanté ces alcôves qui permettent de se parler en toute discrétion, la preuve est faite : celles-ci sont toujours occupées, quelle que soit l’heure...

Marie-Sophie Ramspacher

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