Européennes 2024 : les écologistes ne parviennent pas à faire décoller leur campagne

Ils ne veulent plus de pétrole mais ils ont des idées, souvent iconoclastes. Après une entrée en campagne pour les européennes par la « booty therapy » - une séance de déhanchement pour aider les femmes, notamment celles victimes de violences sexuelles, à se réapproprier leur corps- qui avait déjà désarçonné une partie de son camp, Marie Toussaint persiste et signe dans sa stratégie de « l'artivisme ». Fin mars, la tête de liste écologiste pour le scrutin du 9 juin organisait avec des militants un happening devant le siège de TotalEnergies à la Défense, une étonnante chorégraphie pour dénoncer les retombées climatiques des activités du groupe.

La stratégie, qui ne représente pas l'« essentiel de la campagne », est le reflet d'« un parti très créatif » et a le mérite de « mettre en scène de manière différente nos idées », explique Majdouline Sbai, en cinquième position sur la liste. Elle en braque aussi certains : « C'en est trop ! Quand on aura fini de danser, on chantera ? Nous sommes un parti politique pas une ONG ou une entreprise de développement personnel. […] Reprenons-nous bon sang !! », s'est emportée sur le réseau social X, Bénédicte Monville, qui fait pourtant aussi partie des candidats verts pour le 9 juin.

Prendre le contrôle des groupes polluants

Le dernier happening en date était en tout cas l'occasion pour la juriste de présenter la proposition phare de sa candidature, à savoir « reprendre le contrôle stratégique » des entreprises pétrogazières européennes les plus polluantes, via un fonds de souveraineté écologique européen. En rachetant les actions nécessaires pour devenir majoritaire à leur capital.

Les Verts peinent pour l'instant à faire décoller la campagne de « leur » élection. Dans le dernier baromètre Eurotrack OpinionWay -VAE Solis pour « Les Echos », ils plafonnent à 8 % dans les intentions de vote et sont largement devancés par la liste Place publique-PS de Raphaël Glucksmann (11%). Pour rappel, Yannick Jadot avait décrochés 13,5 % des voix en 2019, envoyant 13 représentants écologistes au Parlement européen.

« Sous-estimés dans les sondages »

En interne, on refuse de s'inquiéter en se disant que la campagne est encore longue. Et on se souvient que c'est arrivé « très fréquemment d'être sous-estimés dans les sondages ». Yannick Jadot était crédité de seulement 7 % des suffrages fin mars 2019 et 9 % à la veille du scrutin en mai. Majdouline Sbai tient donc plutôt à se féliciter d'une « campagne très très active sur le terrain », pour parler transition écologique, souveraineté alimentaire ou santé.

Mais le cas Julien Bayou est un autre caillou dans les baskets de Marie Toussaint . Le groupe écologiste à l'Assemblée nationale avait décidé fin mars de ne pas suspendre l'ancien numéro un du mouvement, en retrait depuis des accusations de « violences psychologiques » par une ex-compagne. Avant que celui-ci, dénonçant un « acharnement déloyal », ne décide de lui-même de démissionner du parti face à la pression d'une partie des militants, Sandrine Rousseau en tête. En clair, c'est « une campagne avec le vent de face », comme l'avait justement présagé la tête de liste lors de son premier meeting début décembre.