[go: up one dir, main page]

Publicité

Budget 2023 : Bruno Le Maire remise au placard le chèque alimentaire et l'indemnité carburant

Annoncé depuis 2020, le chèque alimentaire sera encore absent du projet de loi de finances pour 2023, même si Matignon assure que le travail de réflexion se poursuit. Bercy laisse aussi de côté l'indemnité carburant pour les plus modestes, alors que le cours du baril de pétrole a entamé un reflux.

Pour Bruno Le Maire, sur le chèque alimentaire, « nous ne sommes pas parvenus à construire un dispositif qui soit opérationnel et rapide ».
Pour Bruno Le Maire, sur le chèque alimentaire, « nous ne sommes pas parvenus à construire un dispositif qui soit opérationnel et rapide ». (THOMAS COEX/POOL/AFP)

Par Renaud Honoré

Publié le 12 sept. 2022 à 17:35Mis à jour le 12 sept. 2022 à 18:45

A la fin du printemps, ils faisaient partie des dispositifs annoncés comme incontournables par l'exécutif pour faire face aux conséquences de l'inflation. Quelques mois plus tard, aussi bien le chèque alimentaire que l'indemnité carburant pour les plus modestes ont été remis au placard par Bercy et ne figureront pas au prochain projet de loi de finances (PLF) pour 2023, victimes notamment du contexte budgétaire très difficile.

Cette absence est loin d'être une surprise pour le chèque alimentaire . Proposé par la Convention citoyenne pour le climat, puis promis par Emmanuel Macron en décembre 2020, ce dispositif - qui devait permettre aux ménages précaires d'avoir accès à des produits alimentaires français de qualité - a toujours suscité l'opposition de Bercy qui le jugeait trop compliqué à mettre en oeuvre.

Note dissonante

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, l'a d'ailleurs enterré sans trop de pleurs ce lundi matin : « Nous ne sommes pas parvenus à construire un dispositif qui soit opérationnel et rapide. Nous avons donc fait l'indemnité inflation en cette rentrée qui dans le fond se substitue à ce chèque alimentaire », a-t-il expliqué sur LCI, en référence à la prime de rentrée exceptionnelle versée en septembre aux ménages les plus précaires.

Publicité

Faut-il y voir une nouvelle note dissonante entre Bruno Le Maire et Elisabeth Borne, après leurs déclarations pas toujours à l'unisson sur la taxation des « superprofits » ? En tout cas, les services de la Première ministre se sont empressés de défendre ce projet malgré son absence du PLF. « Le travail de réflexion pour la mise en place d'un dispositif durable se poursuit, l'idée n'est pas du tout abandonnée », assure-t-on à Matignon.

Au-delà des difficultés techniques du projet, celui-ci suscite pourtant des doutes au sein de la majorité. « Les propos de Fabien Roussel opposant la France qui travaille à la 'France des allocs'' n'arrivent pas par hasard ; il y a une crispation de plus en plus forte au sein de la population à l'égard de la distribution de chèques dont chacun s'estime injustement privé. Même si c'est un outil techniquement utile pour cibler les aides, il s'avère politiquement de plus en plus difficile à manier », regrette un membre influent du dispositif gouvernemental.

Reflux du cours du pétrole

La remise au placard de l'indemnité carburant pour les plus modestes semble, elle, relever d'une autre logique. Techniquement, le dispositif pourrait facilement être mis en place, selon plusieurs sources. Son entrée en vigueur était d'ailleurs prévue pour cette rentrée. C'était avant que Bruno Le Maire opte finalement à la place pour la poursuite de la remise à la pompe pour tous les automobilistes (30 centimes en septembre et octobre, puis 10 centimes en novembre et décembre) qui avait l'avantage d'ouvrir la voie à un accord avec LR pour le vote du budget rectificatif cet été. Au moment de cette mise en retrait, il avait alors annoncé vouloir « continuer à y travailler ensemble pour aboutir à un dispositif plus simple, qui ciblerait non seulement les ménages modestes mais aussi les classes moyennes ».

Quelques semaines plus tard, le retour de cette indemnité carburant n'est plus d'actualité. « Le cours du baril a beaucoup diminué et la tendance devrait encore se poursuivre avec le ralentissement généralisé de l'économie », souligne un membre de la majorité. En clair, l'exécutif préfère concentrer ses marges budgétaires sur le bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité. Quitte à continuer à faire pression sur Total pour que le groupe continue sa propre remise sur le prix du carburant en 2023.

Renaud Honoré

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité