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Portrait

Confinement : le témoignage d'Emmanuelle Brun-Neckebrock, CFO de SAP France

« VIES DE DAF CONFINES » (1/6) - Chaque semaine, «Les Echos Executives» plonge dans le quotidien d'un grand argentier soumis aux mesures de confinement. Aujourd'hui, la directrice financière et directrice générale déléguée de SAP France, à Paris avec son mari et deux enfants, explique comment elle doit articuler sa vie privée avec une vie professionnelle très chargée.

« Sur le terrain professionnel, nous étions très préparés », assure Emmanuelle Brun-Neckebrock.
« Sur le terrain professionnel, nous étions très préparés », assure Emmanuelle Brun-Neckebrock. (Photo SAP France)

Par Cécile Desjardins

Publié le 3 avr. 2020 à 07:00

Depuis le début du mois de mars, tous les jours, à midi, c'est réunion de crise pour Emmanuelle Brun-Neckebrock, CFO et directrice générale déléguée de SAP France. Composée d'une petite dizaine de personnes, issues de la direction générale, de la DRH, de la direction des relations employés, de la direction de la communication et des responsables fonctionnels - sous la houlette du responsable de la gestion des risques et du plan de continuité d'activité -, la cellule de crise travaille sur les impératifs déclenchés par la crise du Covid-19 : mise en sécurité physique et morale des collaborateurs, mesures de support à l'écosystème, conséquences réglementaires et questions sociales, jusqu'à la gestion des congés des employés.

Depuis le 16 mars dernier, les bureaux de l'entreprise sont totalement fermés et les réunions se tiennent donc à distance , essentiellement via Microsoft Teams. « Sur le terrain professionnel, nous étions très préparés, assure Emmanuelle Brun-Neckebrock. Cette crise conduit certaines entreprises à se poser de façon accélérée la question de la digitalisation, mais chez SAP nous sommes depuis longtemps habitués à travailler dans un environnement virtuel, et même en « équipes virtuelles » car certaines sont totalement éclatées dans le monde. Depuis 2018, nous pouvons tous être deux jours par semaine en télétravail. Les processus de fonctionnement sont donc bien établis et tout le monde est équipé en PC, téléphones portables, etc. Au niveau français, nous avons en outre eu un galop d'essai au moment des grèves de la fin d'année dernière, lorsque beaucoup de collaborateurs, privés de transports en commun, ont été dans l'incapacité d'assurer une présence physique au bureau. »

Interpénétration des sphères

Le long terme pourrait toutefois se révéler plus compliqué. « Cela fait trois semaines que l'on ne se voit que par caméras interposées… Il est important de maintenir le sentiment de collectif dans l'entreprise et d'assurer le lien social entre les personnes, d'autant que les contextes personnels peuvent être très différents : certains sont seuls chez eux et ont besoin du support de l'entreprise », explique la responsable. Concrètement, cela requiert une certaine souplesse dans l'aménagement du temps de travail et le management des équipes« Il faut laisser du temps à chacun et accepter que les rythmes soient différents en fonction des personnes. La crise nous pousse à puiser dans nos ressources individuelles profondes. Il faut être dans l'accompagnement et ne pas sous-estimer la nécessité d'une communication sans sujet précis, pour permettre de rétablir les échanges informels. »

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La principale difficulté du confinement ? Elle se situe, pour Emmanuelle Brun-Neckebrock, dans « l'interpénétration spatiale et temporelle des sphères professionnelles et privées ». Un vrai challenge que « d'articuler les différents espaces », pour cette responsable qui est confinée à Paris avec son mari et deux enfants âgés de 12 et 17 ans. Outre sa vie professionnelle chargée, elle doit en effet assurer un peu d'école à la maison - niveau sixième, pour l'un, avec encore un besoin d'accompagnement, et faire face, pour l'autre, à de nombreuses questions sur les modalités de déroulement des épreuves du baccalauréat« Il faut faire en sorte que tout le monde - nos clients, nos 2.000 collaborateurs en France, mais aussi ma famille - traverse le mieux possible cette épreuve », souligne-t-elle, sans cacher que le confinement pose aussi des questions quasi philosophiques. « Il faut pouvoir se projeter sur un « après », dont on ne connaît même pas l'échéance… Et parvenir à redonner du sens et du plaisir à son quotidien ». Que retiendra-t-on de cette crise ? « C'est difficile à dire aujourd'hui. Ce sera peut-être l'occasion de repositionner l'humain au-dessus des priorités économiques ».

Cécile Desjardins

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