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La parité, un sujet aussi pour les levées de fonds

Selon une étude des universités Harvard et Columbia, 67% des questions posées aux hommes entrepreneurs sont relatives aux objectifs, aux gains et à la sortie espérés. Au contraire, 66% de celles adressées aux fondatrices portent sur les risques ou les pertes éventuelles et relèvent d'un biais de «prévention», et non plus de «promotion».

Dans l'univers de l'entrepreneuriat et des start-up, les inégalités entre femmes et hommes ne sont pas une fatalité !
Dans l'univers de l'entrepreneuriat et des start-up, les inégalités entre femmes et hommes ne sont pas une fatalité ! (Shutterstock)
Publié le 18 nov. 2019 à 07:00

« Petite, je voulais être femme d'affaires », affirme l'une des participantes de la 18e promotion du programme MakeSense, une association qui démocratise l'entrepreneuriat social et solidaire. Cette promotion compte une dizaine de participants, dont… deux hommes. Preuve que si le chemin est encore long pour atteindre la parité dans l'entrepreneuriat - seulement 5 % des start-up françaises sont fondées par des équipes totalement féminines -, les choses progressent. « On observe un vrai changement de mentalité depuis quinze ans », confirme Anne-Laure Beuriot. Mais si la fondatrice et dirigeante de la boutique de fusions et acquisitions Carmine Capital estime que la situation évolue dans le bon sens , c'est en partie grâce aux mesures de parité imposées. Or malgré l'évolution des mentalités, les chiffres demeurent peu flatteurs . Selon une étude réalisée par le collectif Sista avec le Boston Consulting Group (BCG), les femmes n'ont reçu que 5 % des financements des fonds de capital-risque en France.

Une charte

Un constat alarmant, dont les fonds d'investissement sont conscients. « Nous avons élaboré une charte signée par 60 fonds. Il ne s'agit pas d'un document visant à juger ou punir mais au contraire d'un outil collaboratif, établi à la demande des fonds », précise Valentine de Lasteyrie, secrétaire générale de Sista et associée d'un family office. Cette charte s'accompagne d'un guide des bonnes pratiques, notamment pour augmenter les effectifs féminins au sein des fonds, qui ne comptent en moyenne que 14 % de femmes partners. Problème : la formulation des offres d'emploi n'aide pas à recruter des femmes dans ce milieu. « Des études américaines ont montré qu'une femme postule à une offre si elle a le sentiment de correspondre à 90 % des critères. Pour un homme, ce pourcentage tombe à 30 %. Une offre hyperdétaillée pénalise - de façon inconsciente - les femmes », analyse Valentine de Lasteyrie. De même, certains mots ou expressions, selon le genre, ne sont pas perçus de la même façon. « Les études ont démontré que les termes 'environnement compétitif' rebutent les femmes, ce qui n'est pas le cas du mot 'challenge' », conclut la spécialiste.

Mettre fin aux questions biaisées

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Autre solution : adopter des pratiques inclusives pour lutter contre les biais des investisseurs lors des séances de pitch. Selon une étude des universités Harvard et Columbia, 67 % des questions posées aux hommes entrepreneurs sont relatives aux objectifs, aux gains et à la sortie espérés. Au contraire, 66 % de celles qui sont adressées aux fondatrices portent sur les risques ou les pertes éventuelles et relèvent d'un biais de « prévention », et non plus de « promotion ». Résultat : le financement moyen, tous tours de table confondus, est de 6,6 millions d'euros pour une start-up fondée par des hommes, contre 2,7 millions si elle est créée par des femmes.

Enfin, au biais de « prévention » s'ajoutent des questions relatives à la vie personnelle des fondatrices, dont celle sur la maternité revient régulièrement. « Les femmes enceintes sont perçues comme plus fragiles. Les investisseurs peuvent craindre qu'une fondatrice ne soit pas à 100 % derrière son projet. Il n'y a pas vraiment de solution, les femmes doivent s'y préparer », note Anne-Laure Beuriot, mère de trois enfants, qui a fondé sa société alors qu'elle était enceinte. Depuis, cette entreprise, qui ne cesse de croître, lui permet de briser bien des clichés.

Après le volet « environnement », le critère « femmes »

Après avoir souvent ajouté un volet « environnement » à leurs reportings extra-financiers, les fonds pourraient bientôt évaluer la place des femmes dans leur portfolio.Cette solution, amenée par le guide du collectif Sista, préconise de mesurer le nombre d'entrepreneuses financées ou encore les montants investis dans les start-up fondées par des femmes. Une façon concrète pour les fonds de prendre conscience de l'étendue des disparités de genre dans leur portfolio.

Jean-Marie Cunin

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