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Qui est Steve Bannon, l’éminence grise de Donald Trump ?

Le stratège en chef de la Maison Blanche a supervisé le décret controversé sur l’immigration. En 2015, Bloomberg le dépeignait comme "l’homme le plus dangereux de la sphère politique américaine".

Par Florence Renard-Gourdon

Publié le 31 janv. 2017 à 17:58

Steve Bannon , 62 ans, est omniprésent aux côtés de Donald Trump, que ce soit lors de la signature des décrets présidentiels ou lors des entretiens téléphoniques avec des dirigeants étrangers. Son titre, stratège en chef de la Maison Blanche, a été créé spécifiquement pour lui par le nouveau président américain, raconte Vox.com . On murmure qu’il est derrière toutes les décisions extrêmes prises par Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir.

Celle qui a fait le plus de bruit est bien évidemment l’interdiction temporaire faite aux immigrants et détenteurs de visas de sept pays musulmans d’entrer aux Etats-Unis. Selon CNN , ce serait Steve Bannon qui aurait personnellement supervisé la mesure et même balayé certaines objections du ministère de la Sécurité intérieure.

Preuve de son influence grandissante auprès de Trump, la Maison Blanche a indiqué ce week-end que le président américain allait restructurer en profondeur son Conseil national de sécurité, de façon à ce que son chef de la stratégie, Stephen Bannon, puisse à l’avenir assister aux audiences de cet organe. Parallèlement, il a été décidé que le chef d’état-major des armées et le directeur du renseignement américain ne participeront plus automatiquement aux réunions du Conseil. Ils ne seront conviés que si les sujets abordés les concernent directement.

Breitbart, un brûlot antisémite et misogyne

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Le hic c’est que Steve Bannon est un personnage à la réputation sulfureuse, dépeint en 2015 par Bloomberg comme "l’homme le plus dangereux de la sphère politique américaine". Diplômé de Harvard, Bannon a eu un parcours peu ordinaire : il a servi brièvement dans la marine, a rejoint Goldman Sachs, a fondé une boutique de conseil en fusions-acquisitions spécialisée dans les médias et a même été producteur à Hollywood.

En 2005, lors d’une première de film, il rencontre un conservateur peu connu, Andrew Breitbart. Très vite, il devient l’un de ses conseillers les plus proches et l’aide à transformer Breitbart, un simple agrégateur de nouvelles en un site incontournable d’infos d’extrême droite. A la mort de Breitbart, en 2012, Bannon prend le contrôle du groupe de médias, et s’en sert pour exposer ses théories politiques. "Notre vision consiste toujours à construire un site d’informations mondiales, de centre-droit, populiste et anti-establishment", confie-t-il à Bloomberg.

Mais pour ses détracteurs, le site, qui attire tous les mois 37 millions de visiteurs, n’est qu’un brûlot antisémite et misogyne, truffé de fausses informations. Pêle-mêle, on a pu y lire que "la contraception rend les femmes moches et folles", qu’il n’y a "pas de discrimination contre les femmes à l’embauche, c’est juste qu’elles sont nulles en entretien", qu’Obama a "importé des musulmans haineux", que le changement climatique est un "canular qui nous coûte 4 milliards par jour" et que la charia allait remplacer la constitution américaine…

Combattre l’élite de Washington

L’objectif de Bannon? Défendre les personnes ordinaires contre l’élite de Washington, hostile, selon lui, aux vraies valeurs conservatrices. Dans sa ligne de mire : Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants qui symbolise, à ses yeux, cette élite qu’il exècre tant.

"Banon a ouvertement embrassé la frange raciste et antisémite", a confié Ben Shapiro, ancien éditorialiste de Breitbart, au Daily Wire . Et d’ajouter : "Il est vindicatif, méchant et n’hésite pas à être insultant. Bannon est une version miniature de Trump."

Très proches idéologiquement, les deux hommes se sont vite rapprochés et tout naturellement Steve Bannon s’est rendu disponible pour devenir, en août 2016, le directeur de campagne de Donald Trump. A ce titre, on lui reconnaît une large part dans sa victoire à la présidentielle.

Bannon peut-il aller plus loin ?

Jusqu’ici, Bannon a réussi ce qu’il voulait accomplir. Avec Stephen Miller, conseiller politique de Donald Trump, ils auraient personnellement rédigé le décret controversé sur l’immigration, affirme Politico, et n’auraient pratiquement consulté personne. Le propre secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly, n’aurait été informé que tardivement, malgré le fait que c’est son ministère qui a été chargé de sa mise en œuvre.

Une stratégie gagnante ? Pas si sûr, en tout cas sur le long terme. Bannon ne pourra pas passer en force à chaque fois et devra faire quelques concessions. A l’image de Donald Trump, lui-même, partisan du retour de la torture, mais qui a nuancé ses propos en promettant que son secrétaire à la Défense, James Mattis, favorable au maintien des règles actuelles, aurait le dernier mot sur la question.

De surcroît, rédiger un décret est une chose, le mettre en œuvre en est une autre. La confusion et la panique dans les aéroports ce week-end en raison du flou des mesures contre l’immigration, en est l’illustration.

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Enfin, en omettant de soumettre ses projets à des avocats, l’administration Trump s’expose à des poursuites. Des membres de la puissante Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), basée à New York, ont déjà déposé une plainte samedi 28 janvier auprès d’un tribunal fédéral new-yorkais. Le ministre de la Justice de l’Etat de Washington vient de lui emboîter le pas.

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