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Actions : les gagnants et les perdants de la politique protectionniste de Trump

+ VIDEO. Selon une étude, la réforme fiscale aux Etats-Unis profitera à de nombreuses sociétés européennes. Même en cas de mise en place d’une taxe à la frontière

Par Pierrick Fay

Publié le 31 janv. 2017 à 17:32

C’est devenu le symbole de la politique commerciale de Donald Trump : une taxe de 20 % sur les produits importés du Mexique pour financer la construction du mur entre les Etats-Unis et le Mexique. C’est un exemple des ajustements fiscaux à la frontière qui pourraient être mis en place par le camp Républicain pour réduire l’abyssal déficit commercial américain. Cette taxe sur les produits étrangers vendus aux Etats-Unis entrerait dans le cadre de la réforme fiscale voulue par Donald Trump et qui prévoit notamment une forte baisse de l’impôt sur les sociétés. Autant, cette dernière est perçue par les économistes comme étant positives pour l’économie (c’est l’opinion de Goldman Sachs et JP Morgan notamment), autant la première est jugée potentiellement dangereuse par certains analystes. « Si le mécanisme de l’ajustement fiscal à la frontière est implémenté tel quel, nous pensons qu’il en résultera une crise mondiale et un déclin majeur des marchés actions », s’alarment ainsi les gérants du hedge fund Carlson Capital dans une lettre à leurs clients. « Si la mise en place de ce mécanisme est encore incertain, nous craignons que la politique commerciale américaine ne mette une pression à la baisse sur le croissance mondiale ».

Le Mexique et le Canada exposés aux Etats-Unis

« Si cette taxe devenait réalité, le sentiment qui prévaut est que cela serait tout à fait négatif pour la plupart des exportateurs aux Etats-Unis », souligne de son côté JP Morgan Cazenove. « Selon le consensus, les pays ou les compagnies dont l’exposition du chiffre d’affaires réalisé aux Etats-Unis est le plus important sont ceux susceptibles de perdre le plus », à l’image du Mexique et du Canada. Mais selon le courtier, les implications pourraient aussi être importantes pour la Suisse (29 % des revenus réalisés aux Etats-Unis pour les sociétés cotées), le Royaume-Uni (20 %), la zone euro (19 %) ou la Corée du Sud et le Japon (13 %). Selon l’exposition des principaux indices Boursiers, les Pays Bas et l’Allemagne sont notamment plus sensibles que l’Italie ou la France. L’exposition varie aussi fortement en fonction des secteurs, la santé étant le plus vulnérable (39 %), devant l’industrie et la consommation discrétionnaire (24 %, dont l’automobile) alors que les télécoms (13 %) et les services (9 %) sont moins exposés, tout comme l’immobilier (0 %).

Un impact moins sévère que craint par le marché

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Mais qu’en est-il vraiment ? Pour JP Morgan, le raisonnement serait un peu « trop simpliste » et pourrait « conduire à des conclusions trop négatives ». Il s’est donc penché sur les 122 grandes entreprises européennes qu’il suit et ayant une forte exposition aux Etats-Unis (au moins 30 % de leur revenu). Sur la base de différents scénarios, avec plusieurs hypothèses, il est arrivé à la conclusion que l’impact ne sera pas « aussi sévère que ne le pense le consensus ». Pourquoi ? Parce que la mise en place d’un ajustement fiscal à la frontière « s’accompagnera d’une réduction des impôts des sociétés », et ces éléments combinés, « l’impact net sur les bénéfices par action pourrait être positif de façon surprenante». Mais ajoutent les analystes, « cela dépendra de l’importance de la baisse des taxes, de l’ampleur de la hausse potentielle du dollar, de la marge brute réalisée aux Etats-Unis par ces groupes et plus fondamentalement, de la part de la valeur ajoutée qu’une entreprise peut prétendre produire aux Etats-Unis ». Plus cette part est élevée et plus l’entreprise en bénéficiera. Par ailleurs, la mise en place d’une telle taxe est supposée accroître significativement la valeur du dollar, ce qui « pourrait favoriser les exportateurs européens et compensé les pressions sur la compétitivité dues à cette taxe ».

55 gagnantes contre 36 perdantes

JP Morgan dresse ensuite la liste des  gagnants et des perdants et conclut : « Notre travail suggère que 55 sociétés devraient en bénéficier contre 36 qui pourraient y perdre.» Parmi les gagnants « clairs », quatre françaises (Essilor, Dassault Systèmes, Sanofi et LafargeHolcim), ainsi que des acteurs comme Experian, Prudential, Sage, SAP, Ahold Delaize, Roche, Securitas ou Anheuser-Bush Inbev. Vingt-cinq autres seraient aussi susceptibles d’en profiter comme Aegon, Compass Group, Zodiac Aerospace, Centrica, BAE System, Sodexo, Scor, BNP Paribas, Bayer ou HSBC). «Beaucoup de ces entreprises ont des implantations industrielles avec une proportion significative de leur couts de fabrication aux Etats-Unis », elles devraient donc bénéficier de la baisse des taxes. Idem pour les banques et les assureurs qui opèrent directement aux Etats-Unis.

A l’inverse, le courtier a établi une liste de 16 valeurs clairement perdantes dont Luxottica, Remy Cointreau, L’Oréal, K+S, Burberry, Heineken ou Volkswagen et de 20 actions qui pourraient potentiellement en pâtir, dont Michelin, Novartis, Safran, Philips, Astra Zeneca, Diageo, LVMH, Hermès, GlaxoSmithKline, Adidas ou Airbus.

Pour JP Morgan Cazenove, la mise en place de cet ajustement des taxes aux frontières ne serait donc pas si catastrophique. En l’état, car le « principal danger serait alors la mise en place de mesures de représailles de la part des autres pays, ce qui pourrait alors conduire le monde sur la pente glissante d’une guerre commerciale ». Un scénario, potentiellement plus dévastateur et qui est pour l’instant ignoré par le marché, selon la Société Générale. « Les craintes sur le commerce n’ont pas eu d’impact sur les marchés actions. Depuis l’élection, les exportateurs vers les Etats-Unis ont eu une performance comparable au reste du marché. Le risque d’une escalade sur le commerce n’est pas du tout pris en compte par le marché ».

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